Les autorités de la transition ont libéré ce samedi 3 septembre 2022 les 3 soldats féminins parmi les 49 détenus à Bamako depuis le 10 juillet. Si le ministère des Affaires étrangères parle de libération à titre humanitaire, l’on apprend par ailleurs d’autres sources qu’un accord a été trouvé entre le Mali et la Côte d’Ivoire sous la facilitation togolaise.
Arrêtés le 10 juillet à l’aéroport international Modibo KEÏTA Bamako Sénou, les 49 éléments de la force ivoirienne ont été ensuite inculpés le 15 août pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » par la justice malienne.
Après des semaines de vives tensions dans les deux capitales, l’on s’achemine vers la fin de cette affaire dite des 49 « mercenaires » au cœur d’un désaccord entre les deux voisins dont le différend a mobilisé plusieurs personnalités politiques et influentes du continent.
Outre la facilitation du président togolais sollicitée par le président Assimi GOITA, le président de l’UA, Macky SALL ainsi que celui de l’Algérie ont tous plaidé en faveur d’un dénouement heureux et rapide de cette affaire qui cristallisait les relations entre les deux États.
Également, les leaders religieux et les responsables de la société civile du Mali et de la Côte d’Ivoire ne sont pas restés en marge de ce processus de recherche de stabilité et de quiétude entre les deux voisins liés par l’histoire, la culture.
Finalement, c’est la facilitation togolaise conduite par le président Faure GNASSINGBE, qui avait mandaté son ministre des Affaires étrangères Robert DUSSEY pour conduire les négociations, qui est parvenue à un compris entre les deux pays, selon des sources, dont le journal Africa Intelligence.
« La décision doit être officialisée très prochainement. Cette semaine, les négociations se sont accélérées et un accord a été conclu en toute confidentialité dans les derniers jours du mois d’août », révèle Africa Intelligence.
À la même période, se tenait ce samedi 3 septembre à Lomé la 3è réunion du Groupe de Suivi et de Soutien à la Transition au Mali qui a abordé la question des « 49 mercenaires » ivoiriens arrêtés pour avoir s’être introduits sur le territoire malien de manière jugée illégale.
Lors d’un point presse qui a précédé un tête-à-tête, les chefs de la diplomatie malienne et togolaise ont annoncé la libération « à titre humanitaire », de trois soldats féminins ivoiriens parmi les 49 soldats détenus au Mali.
Selon le journal d’information, après cette première libération, il est attendu des détails sur « les soldats autorités à regagner » leur pays.
D’ici là, le ministre directeur de Cabinet du Président de la République de Côte d’Ivoire, M. Fidèle SARASSORO, a, dans une déclaration, a confirmé ces libérations.
Dans cette sortie, la Côte d’Ivoire reconnait finalement ses responsabilités, après s’être retranchée depuis des semaines durant derrière des alibis qui ne tiennent pas la route.
Et parmi les conditions de libération posées, le Mali demandait à la Côte d’Ivoire de reconnaître sa responsabilité tout en présentant des excuses.
Si le directeur de Cabinet du Président de la République de Côte d’Ivoire dans sa déclaration n’a présenté des excuses, il reconnaît certes que son pays a connu des manquements et s’engage au respect des procédures des Nations unies.
«La Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet évènement fortement regrettable. La Côte d’Ivoire soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali s’engage à respecter les procédures des Nations Unies, ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées relatives au déploiement des forces militaires au Mali. Afin d’aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et la stabilité dans la sous-région, la RCI s’engage à poursuivre de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d’intérêt commun», a-t-il déclaré.
Par cette sortie, la Côte d’Ivoire fait un rétropédalage puisqu’elle refusait d’accepter toute violation du territoire malien, malgré les précisions de l’ONU, qui dans une note, affirme ignorer l’existence de ce contrat de ces Éléments nationaux de Soutien (NSE).
L’ONU se dit dans l’impossibilité de «déterminer dans quel cadre ces soldats ont été dépêchés à Bamako ni leur lien contractuel avec la société censée les embaucher, Sahel Aviation Service». Par-dessus tout, les Nations-Unies disent n’avoir jamais autorisé l’importation d’armes dans le second avion.
Mais en réalité, les soldats ivoiriens sont engagés au Mali pour des prestations au compte d’une entreprise privée : Sahel aviation services (SAS) dont le siège se trouve à la Rue 25, Porte 352, à Badalabougou Est, Bamako.
Dans la logique de cette affaire et pour cesser toute activité illégale de cette entreprise, le gouvernement avait ordonné en début du mois d’août le départ dans un délai de 72 heures de toutes les «forces étrangères» présentes sur la base de la société Sahel Aviation Services (SAS) de l’aéroport de Bamako.
Justifiant sa décision, le gouvernement indique que l’hébergement et l’accueil» de soldats étrangers sur cette base «engendre des risques pour la sureté intérieure et extérieure» du Mali, notant qu’il n’était pas prévu dans la convention d’utilisation de ladite base signée en 2018.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin