Le départ du dernier soldat français du Mali est toujours planifié pour la fin de l’été, mais le rapatriement des tonnes de matériels aujourd’hui stockés dans des pays voisins pourrait s’échelonner jusqu’au premier trimestre 2023.
Depuis l’annonce du retrait officiel du Mali, faite par le président de la République, le 17 février, et malgré le déclenchement de la guerre en Ukraine, sept jours plus tard, l’armée française demeure très accaparée par la manœuvre logistique que représente la transformation du dispositif au Sahel. Alors que le départ du dernier soldat français du Mali est toujours planifié pour la fin de l’été, le rapatriement complet des tonnes de matériels de l’opération « Barkhane » représente un effort qui pourrait s’échelonner jusqu’au premier trimestre 2023.
« C’est de l’horlogerie fine », ont observé, mardi 5 juillet, des sources militaires détaillant l’ampleur de cette manœuvre. En six mois, plus de 50 % du matériel employé par « Barkhane », ces dernières années, a été sorti du Mali. Soit plus de 3 300 parmi les quelque 5 700 conteneurs d’une taille de 20 pieds que les armées estiment devoir rapatrier en France au total. Ce volume est issu des cinq bases déjà rendues par la France aux forces armées maliennes depuis octobre 2021. Soit Kidal, Tessalit, Tombouctou, qui ont été évacuées fin 2021, Gossi, en avril, et Ménaka, le 13 juin.
Il reste cependant près de 2 500 conteneurs à évacuer du Mali. En particulier tous les équipements dont la France dispose sur sa base de Gao, dans l’est du pays. Une emprise qui était devenue la plus grande base française d’Afrique, en matière d’effectifs. « A Gao, c’est une véritable ville que l’on est en train de démonter », commente un officier. L’emprise de Gao représente à elle seule l’équivalent de 3 100 conteneurs, tandis que toutes les bases évacuées jusqu’à présent constituent de 100 à 800 conteneurs chacune.
« Diversifier » les itinéraires
Depuis le début du retrait français, une partie de ce matériel est évacuée par les airs, notamment les équipements sensibles comme les armes ou les munitions. Les armées disposent de plusieurs A330 MRTT et A400M. Elles louent aussi cinq Antonov auprès de la société ukrainienne du même nom, partenaire régulier de ce type d’opération. L’usine principale de la société a été bombardée au début de la guerre en Ukraine, mais a pu relocaliser une partie de sa flotte à Leipzig, en Allemagne. Les Etats-Unis et d’autres pays européens contribuent aussi à ces ponts aériens, en mettant à disposition leurs appareils de transport militaire, dont certains sont loués auprès de sociétés privées.
Par Elise Vincent