Suite au naufrage sur le Niger du bateau des frères Tincabo, durant le mois d’octobre, avec 70 victimes et 200 rescapés, l’Assemblée nationale du Mali a dépêché une délégation, conduite par l’Honorable Kalifa Doumbia, sur les lieux avec une enveloppe de 2 millions de FCFA. Les Echos du Parlement lui a tendu son micro à son retour.
Les Echos du Parlement: Quel était le but de ce voyage sur Mopti?
H.K.D: Nous avons effectué ce voyage en tant que représentation nationale, mais aussi pour présenter les condoléances du peuple aux familles des disparus et montrer toute sa compassion aux rescapés de ce naufrage, le plus dramatique de l’histoire dans notre pays. Il fallait aussi apporter ce que nous pouvions, d’autant que le mois d’octobre est celui de la solidarité au Mali.
Qu’avez-vous apporté aux rescapés et aux parents des victimes?
Nous sommes venus leur remettre la somme symbolique de 2 millions de FCFA, en guise de geste de solidarité, pour soulager un peu leurs souffrances et contribuer aux charges des funérailles des disparus. «Faire ce qu’on peut faire n’est jamais un refus», l’Assemblée nationale a respecté cette tradition. Nous en sommes fiers et nous prions pour le repos de l’âme des disparus.
Quelles sont les causes de ce drame?
C’est regrettable ce qui est arrivé cette nuit-là au large du fleuve Niger. Plus d’une soixantaine de victimes, c’est lamentable. Je crois qu’il faut vraiment prendre des mesures pour réglementer les transports en République du Mali. On assiste à des accidents terribles, à cause des surcharges et du non respect des lois et textes en vigueur. Les populations nous ont interpellés, nous faisant part de leur indignation et du comportement injuste de l’Etat, qui n’a même pas décrété un jour de deuil national à la mémoire des défunts.
Les responsabilités sont-elles aujourd’hui situées, ou l’affaire est-elle déjà classée sans suite?
Cela relève de la compétence de la justice et de l’Etat. Notre rôle s’arrête à interpeller l’Etat, pour qu’il prenne ses responsabilités pour protéger les personnes et leurs biens et faire face à ce genre de situation.
Vous êtes en fin de mandat. Avez-vous des regrets?
Ce que je regrette, c’est surtout la non assiduité des députés quand il s’agit de voter des projets de loi. Pour moi, il n’est pas honnête de prendre un salaire que tu ne mérite pas. S’absenter toute une année et accepter un salaire, c’est du vol. Même des responsables de haut niveau à l’AN ne s’intéressent pas à l’exercice parlementaire. Ca, c’est très grave. Le gros hic, c’est qu’il n’y a pas de dialogue entre les députés, ni entre les députés et le gouvernement. Souvent on assiste à des scènes de «je ne t’aime pas, moi non plus» entre le gouvernement et nous.
L’AN a autorisé le gouvernement à prendre une Loi d’habilitation pour la Loi des finances. Pourquoi?
Nous avons autorisé le gouvernement à gérer le budget national, mais je n’ai pas voté cette loi, parce que, selon moi on ne peut pas être juge et partie. C’est le gouvernement qui propose le budget. Ce n’est pas de la méfiance, mais plutôt de la prudence, car il est inadmissible pour moi que le budget ne soit pas autorisé par la représentation nationale.
Quelle nouvelle configuration souhaitez-vous pour l’AN?
Je pense qu’on doit doter l’AN de grands technocrates, pour booster le travail parlementaire au bonheur des populations, en termes de contrôle et de suivi de l’action gouvernementale. Selon moi, il n’y a pas d’opposition forte, tout le monde veut tirer la couverture à soi. Certains commencent dans l’opposition et finissent par se retrouver dans la majorité. Cela n’a pas de sens. Il faut vraiment des tendances à l’AN, pour que l’Exécutif sache qu’il ne peut pas se permettre tout. C’est en cela que notre démocratie peut grandir.
Source: Les Echos du Parlement