Près de deux semaines après leur libération, on en sait un peu plus sur les conditions de détention des quatre otages d’Arlit ainsi que sur leurs déplacements – pendant leur captivité – et sur leurs ravisseurs. Daniel Larribe, libéré le 29 octobre après plus de trois ans de captivité dans le désert malien, raconte sa détention au journal Libération dans son édition de ce mardi 12 novembre.
Le récit de Daniel Larribe confirme l’organisation des ravisseurs et de leurs réseaux. Au cours de ses trois ans de captivité, l’ex-otage a été détenu par des groupes de différentes communautés et nationalités. Ses gardiens ont d’abord été des Touaregs maliens, la plupart du temps, des jeunes moudjahidins âgés de15 et 16 ans. Tous les deux mois, environ, ses gardiens étaient changés.
Au moment de l’intervention française, ce sont des Mauritaniens, des Algériens et des Tunisiens qui ont mis les otages à l’abri et fui, de jour en jour, avec eux, les bombardements. C’était « des hommes plus aguerris », dit Daniel Larribe qui a aussi croisé des Nigérians, des Soudanais et des Sahraouis qui s’exprimaient en espagnol, une preuve de plus des soutiens dont bénéficient les jihadistes du nord du Mali.
Il évoque aussi la complicité de bergers qui ont alerté les ravisseurs lorsqu’il a tenté de s’évader en février 2012 avec Thierry Dol. Certains bergers faisaient également, dit-il, du troc avec les islamistes.
Daniel Larribe confirme que ses ravisseurs connaissaient très bien le terrain. « Pendant trois ans, nous avons bougé dans un mouchoir de poche », dit l’ex-otage. Les ravisseurs ont su aller de cachette en cachette pour se mettre à l’abri des bombardements français, au point même de revenir dans une des grottes qu’ils avaient dû quitter précipitamment lors de l’intervention des troupes Serval. Son groupe est toujours resté au Mali et s’est seulement rapproché de la frontière mauritanienne au moment de la libération.
L’ex-otage raconte également qu’il était, la plupart du temps, détenu avec Thierry Dol. Marc Feret et Pierre Legrand étaient, eux, sous la surveillance d’ un autre groupe. Tous les quatre ont été réunis une cinquantaine de jours l’année dernière, avant d’être à nouveau séparés. Daniel Larribe dit avoir aussi aperçu brièvement Serge Lazarevic, toujours otage au début de l’opération Serval.
Des moments de peur lors de l’intervention française
Daniel Larribe confie avoir eu peur lors de l’intervention française, qui a débuté en janvier. Son groupe, en effet, a été survolé à plusieurs reprises par des avions. Il dit avoir été comme paralysé le jour où il a vu un hélicoptère au-dessus de lui, à 150 mètres seulement, et entendu des tirs.
Il s’est trouvé aussi tout près des accrochages au sol. L’ex-otage décrit des combats qui se déroulaient à 300 ou 400 mètres de sa cachette. Il raconte les longues marches à pied pour fuir les bombardements qui visaient surtout les pick-up et dit d’ailleurs avoir perdu ses affaires et notamment ses notes dans une voiture qui a été touchée par un tir non loin de lui.
Source: RFI