A l’issue du conseil des ministres de la semaine dernière, le gouvernement de Transition a décidé de lever la mesure de suspension qui frappait les partis politiques et les activités des associations à caractère politique.
Observateurs et commentateurs sont constants dans leurs analyses : le gouvernement de Transition n’aurait jamais dû prendre la décision de suspendre les activités des partis politiques au motif de préserver l’ordre public.
“La vitalité et la maturité d’une bonne démocratie, ce sont les activités des partis politiques. Si on astreint les activités de la classe politique comme cela a été le cas du Mali, on ne peut plus parler de démocratie mais des dérives des autorités. L’actuel Premier ministre est un homme politique. Il n’aurait jamais dû cautionner cette suspension. Lors du second mandat d’Alpha Oumar Konaré, Mountaga Tall et Choguel Kokalla Maïga, l’une des figures de l’opposition regroupée au sein du Coppo, ont essayé de torpiller sa présidence. Malgré leur arrestation ni le président Konaré encore moins son Premier ministre de l’époque feu Ibrahim Boubacar Keita n’a pris la décision de suspendre les activités des partis politiques”, s’est remémoré un observateur.
Toutefois, il se réjouit de la levée de suspension des activités des partis politiques. Une levée qui, selon lui, va permettre à coup sûr d’apaiser les tensions entre les militaires et la classe politique et débouchera sur une rectification du processus transitoire qui connaît des difficultés majeures.
“C’est un début de dégel entre les deux camps. Il va falloir que les militaires associent la classe politique à la gestion de cette Transition pour trouver une solution politique aux difficultés majeures que traverse le pays”, poursuit notre interlocuteur tout en appelant le pouvoir à abandonner les poursuites judiciaires à l’encontre des leaders politiques détenus dans différentes prisons.
Si observateurs et commentateurs saluent cette levée qui apparaît déjà comme un signe d’ouverture et de réconciliation entre les militaires et les hommes politiques, les détracteurs de la Transition trouvent que cette levée de suspension est loin d’être une mesure de réconciliation et d’apaisement entre les deux parties.
“Cette levée n’est qu’un écran de fumée du gouvernement, un stratagème bien calculé au millimètre près. Pour dire clairement les choses, cette étape était cruciale voire nécessaire pour le gouvernement afin de justifier d’autres actions subversives contre les partis politiques. Le scénario qui se dessine maintenant après la suspension, c’est la dissolution programmée de certains partis politiques qui réclament un retour à l’ordre constitutionnel normal. Et si cela est acté, le gouvernement n’aura plus à craindre ces voix dissidentes qui demandent l’organisation des élections générales”, analyse un adversaire de la Transition.
Ousmane Mahamane