Muriel Angèle Siré Jules, diplômée d’HEC Fès (Maroc) depuis 2001. Sénégalaise d’origine et malienne vivant à Bamako depuis 2003, totalise plus de 20 ans d’expérience professionnelle dans le domaine financier (banque) et agroalimentaire (brasserie). Actuellement membre du management supérieur d’une entreprise agro-industrielle du Mali, elle a décidé de présenter désormais, les mardis, ses soliloques.
L’insalubrité est décrite comme un ensemble de conditions ou d’états pouvant potentiellement porter atteinte à la santé ou à la sécurité de tout être vivant. Décrite par l’OMS comme l’un des fléaux qui alimente la hausse des facteurs de risques environnementaux (pollution de l’eau, du sol, de l’air), sanitaires (maladies infectieuses bactériennes, virales…) dans le monde entier, l’insalubrité donne des maux de tête aux responsables de la santé et de l’hygiène publique.
Au Mali, les autorités, par arrêté interministériel n°2018-2934/MSHP-MAEDD-MA-MEE-MHU-MEP-SG du 10 août 2018 et le décret n°2017-0326/P-RM du 11 avril 2017 régissant l’hygiène de l’habitat en République du Mali, en présente un cadre de gestion.
Ne cherchons pas loin les causes et les responsabilités lorsque nous constatons dans les rues de la ville, les ordures çà et là, l’odeur nauséabonde après une pluie, la décomposition des denrées alimentaires jetées à même le sol, les amas de déchets de tout genre, et j’en passe…
Pas plus tard que cette semaine, dans mon quartier, des personnes de mon entourage se sont plaintes, du dépôt d’ordure dans l’espace à côté de leur habitation, fait par des voisins qu’il connaissait, en plus.
Un fait anodin dirait quelqu’un, mais tout aussi réel et fréquent, et non moins dérangeant pour ceux qui au quotidien s’évertuent à contenir leurs déchets dans les règles de l’art, c’est-à-dire gérer leur poubelle, payer les frais de ramassage d’ordure. Et combien d’entre nous ont découvert, impuissants, des ordures à leur porte de bon matin, déposées sans inquiétude aucune par des inconnus.
Certes des zones entières restent mal desservies en termes de collecte de déchets domestiques, mais il y a des moyens d’en améliorer la gestion, tels que : réduire les emballages, acheter des produits en vrac, faire du tri pour favoriser le recyclage, composter.
Nous sommes les premiers à nous plaindre, mais n’est-ce pas nous qui jetons à travers les vitres de nos voitures, les sachets ou bouteilles d’eau, les papiers de sandwiches vite avalés à l’arrière d’un conducteur de moto taxi, les pelures de bananes, les mouchoirs dans les lieux de prières, en classe après s’être mouché ou épongé le front en période de grosse chaleur…?
Autant de gestes que nous pensons “petits” et qui sont observés et reproduits par nos jeunes frères, enfants… qui sont le plus souvent rabroués en public ; mais qu’est-ce qu’ils ont fait de spécial si ce n’est d’imiter ceux ou celles qui sont censés être leur référence dans l’apprentissage du bien vivre en société ?
Dès l’école primaire, il est enseigné en classe d’éducation civique et morale les bases de l’hygiène domestique ; ces cours appris par cœur et récités, oh combien avec conviction, mais dont le sens est très loin d’être compris par nos enfants. L’ajout d’actions citoyennes dans les activités parascolaires pourrait être plus sensés et susciter des vocations futures.
Ce qui nous manque ce n’est pas forcément de grands projets tel que la “Semaine européenne de la réduction des déchets (Serd)”, mais des actions à petite et moyenne échelle, des sociétés privées (comme Sanuva) de ramassage et de traitement d’ordure, des sociétés de recyclage de plastiques, de papiers, de verre, de métaux, des lieux d’incinération en dehors des villes qui ne cessent de s’étendre, un système fort de collecte et traitement de déchets biologiques (pour les hôpitaux, les structures sanitaires et médicales)….
La liste pourrait s’allonger encore et encore de toutes les idées qui vous viennent à l’esprit à l’instant même où vous prenez conscience que ces quelques mots ne seront jamais suffisants pour éveiller tout un peuple mais pourraient inspirer de bonnes actions.
Manque de prise de conscience individuelle et collective, sentiment d’impuissance face à l’ampleur de la tâche, accumulation des sujets prioritaires, manque de ressources des mairies… quelle qu’en soit la forme, la lutte contre l’insalubrité est une cause commune. Si ça marche ailleurs, pourquoi ça ne marcherait pas chez nous !
Retroussons-nous les manches car tant que l’homme vivra, il y aura des déchets !
Muriel Jules