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Levée de sanctions: il est séant de fêter sans trop festoyer

Le Premier ministre Ouane a de quoi contempler l’horizon sur les bords de l’éternel Djoliba et de siroter un petit lait bien mérité sur le balcon du 4ème étage de la Cité administrative. Pour cause ! Que de bonnes nouvelles conjuguées à d’excellentes perspectives.
Après une complication circonstancielle, au terme de neuf jours de gestation, le bébé gouvernemental est enfin là au grand soulagement de tout le monde.

Et comme « lorsque l’enfant paraît », c’est l’ensemble du peuple malien et les partenaires de notre pays, même les plus grincheux, qui applaudissent « à grands cris » : ouf ! Enfin ! Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, à peine ingurgitée cette dose gouvernementale au goût amer et exotique pour le landernau politique et les caciques de tous les régimes qui n’ont pas été invités à la soupe, mais qui voit l’arrivée de turbulents frères autour de la table, la très subjective et injuste CEDEAO a daigné enfin lever son embargo sur notre pays. Levée de sanctions synonyme de libération de flux financier, des échanges commerciaux et des déplacements de personnes. Elle pousse la compréhension et la bonne foi jusqu’à appeler les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir notre Mali.

Et puisqu’il n’y a jamais deux sans trois, l’ensemble de la nation malienne piaffe d’impatience à la perspective de la libération de notre compatriote Soumaila Cissé, chef de file de l’ancienne Opposition après 195 jours de captivité.

Tout Imam très sage et très respecté bénirait faute de l’accompagner, n’importe qui esquiverait devant sa mosquée quelques pas de « Maraba-yassa » dans ces circonstances particulières pour notre pays… Mais bon, fêtons sans festoyer. En effet, s’il faut fêter la libération de Soumi, se réjouir de la simple perspective de celle-ci, les circonstances singulières de la mise en place de cette équipe gouvernementale qui ne fait ni l’unanimité ni ne bénéficiera d’état de grâce interdissent toute jubilation. Au regard des défis qui sont les siens et des attentes légitimes des populations, le gouvernement Ouane se doit d’évaluer, dans l’urgence, l’impact des sanctions pour remettre rapidement le pays sur les rails après un mois et demi de confinement économique et financier.

Sans vouloir jouer aux rabat-joie, il faut aussi rappeler que cette levée de sanction ressemble à bien des égards à un repli tactique de la part de la CEDEAO pris entre plusieurs feux dans la sous-région et qui tente de trouver viatique auprès du peuple. Aussi, l’épée de Damoclès qu’elle laisse en suspens au-dessus de la tête du régime des colonels (la libération les officiels civils et militaires arrêtés le 18 août et la dissolution du CNSP) ne doit pas être perçue comme superfétatoire. Les règles sont les règles. L’ordre kaki ne peut remplacer l’ordre républicain et démocratique. Ce n’est pas avec des leurres qu’on fera des lueurs. Or, notre pays a besoin de clarté pour bâtir son renouveau.

Par SIDI DAO

Source : INFO-MATIN

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