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Lettre ouverte à Assimi : Le peuple jugera selon les actes posés !

Monsieur le Présidentvous et l’équipe qui vous accompagnent, je vous incite à la vigilance. Car après chaque victoire, il y’a beaucoup de héros et il ne serait pas non plus étonnant de voir une floraison de comités de soutien à votre nom et votre action au point d’interférer parfois dans la marche de l’Etat. Parce que tôt ou tard, ils se transformeront en griots triomphants usurpant du coup la place des vrais, ceux qui sont le socle et l’expression achevée de notre culture et dépositaire de notre identité, n’hésitant pas à vous entraîner dans une spirale de populisme dont les actes posés ne seront pas en adéquation avec tous les problèmes cités ci-dessus et sous ce prisme déformant vous détourneront de vos objectifs.

Président, c’est vous le Président de la transition que le peuple jugera selon les actes posés et les résultats obtenus. Les grands chefs sont à l’image de la grandeur de leurs actes. C’est l, entre autres, les termes de la lettre ouverte d’un citoyen malien (octogénaire) adressée au président de la transition le colonel Assimi Goïta. Lisez plutôt.

Par la volonté de DIEU je suis un octogénaire malien de souche, de pensée, de cœur et fier de l’être et qui continue de s’abreuver de la sagesse de Feu le Président Modibo KEITA qui en marge de la Conférence des pays non-alignés en 1962 à Belgrade (ex Yougoslavie) nous disait à nous étudiants et stagiaires maliens : « Le destin est dans toute chose et toute chose est dans le destin. Ce n’est pas parce que le mien a fait de moi un Président de la République que j’aime le Mali plus que vous, alors plus que jamais battez-vous pour son unité et son développement». Ceci doit être un sacerdoce pour tout malien.

Monsieur le Président de la  transition,

Par les voies insondables de destin vous voilà Chef de l’Etat au moment où notre pays vit dans une période d’angoisse au défit sécuritaire sans précédent qui a ébranlé son socle culturel et historique, laissant parfois la place à la fatalité. Un moment où tout est priorité. Œuvre titanesque s’il en est une et difficile, très difficile. Mais c’est parce que c’est difficile que vous êtes là.

Loin de moi la prétention de délivrer ce qui peut être interprété comme une feuille de route selon l’expression consacrée, mais tout simplement les préoccupations lancinantes d’un vieux citoyen face à la situation actuelle et ne doivent être prises que comme une modeste contribution en quatre (04) points.

 

  1. La sécurité: vous parler de sécurité c’est vouloir apprendre à un lion à chasser. Néanmoins, souffrez que je vous dise que dans une crise majeure et c’est le cas des mesures doivent être prises en urgence pour soulager nos populations qui ne vivent que d’exode, de famine, et désolation, meurtries par l’abandon de tout ce qui constituait leur vie.

Entreprenez tout ce qui est possible pour garantir l’intégrité du territoire sans passe-droit, assurez son indivisibilité, son unité et sa laïcité. Si l’école est le creuset de l’éducation, un espace de raffermissement du patriotisme, et un soubassement de garantie sécuritaire. Cette jeunesse vibrante et consciente a été confinée par ce qui précède dans un rôle de contestation, perdant ses repères, se sentant abandonnée en proie au désespoir synonyme de révolte.

Poussez Monsieur le Président par des actes cette jeunesse à penser à son avenir car si elle ne pense pas à son avenir, elle ne peut pas en avoir un. Cette jeunesse qui de plus en plus se fait des illusions sur la condescendance d’un monde aux replis identitaires de plus en plus exacerbés qui lui font perdre tout espoir dans son propre pays et la pousse à braver le sable brûlant et le vent chaud du désert ou en empruntant des embarcations de fortunes sur des mers en furie vers des pays inconnus, sous des climats inconnus. L’autre forme, par excellence, d’éduquer les concitoyens doit se faire par ceux que la providence a choisis pour vous accompagner dans votre noble tâche par un comportement irréprochable, une intégrité à toute épreuve et un sens élevé du sacrifice pour le pays en étant un modèle à imiter. Une façon efficace d’éduquer nos concitoyens par l’exemple comme le disait JEFFERSON, 3eme Président et un des pères fondateurs des Etats-Unis : « Sans bien éduquer ses concitoyens par l’exemple une démocratie pourrait ne représenter que la tyrannie de l’opinion sur la sagesse ».

Veuillez Monsieur le Président à ce que ceux qui vous accompagnent soient ces éducateurs et ne tolérez aucune faiblesse et aucun manquement. Soyez intraitable !

 

  1. La justice: la justice structure de vertu d’un Etat, racine et socle de la démocratie, miroir où se mire le peuple doit s’exercer partout et pour tout citoyen dans l’équité. Elle n’est l’exclusive d’aucune couche de la société, d’aucun parti encore moins d’une personne. Elle est le paramètre d’évaluation d’un Etat, de sa fiabilité et surtout de sa crédibilité. Mais récemment et malheureusement pour le Mali une décision de justice a secoué le landerneau judiciaire par un verdict décrié par les sociétés civiles, les organisations internationales et relative au cas de Amadou Aya SANOGO qui a été acquitté. La justice de notre pays est passé à côté de l’histoire suite à une parodie de compromis au nom de la réconciliation nationale. Pour la crédibilité de notre justice, je dis réconciliation nationale OUI mais impunité pour crime de sang NON. Car il n’est pas concevable qu’une telle conception de la justice prévale sur le Droit. Le peuple aime le Droit quand il est dit et bien dit et ce ne fut pas le cas.

 

  1. La reddition des comptes : les vieux sages disent souvent « la vanité des positions sociales par des biens mal acquis au détriment du peuple fera tôt ou tard face l’inéluctable issue de la vérité. » C’est le cas aujourd’hui.

La profonde crise que traverse le pays et les populations notamment les jeunes et leurs familles qui vivent quotidiennement de plus en plus difficilement dans leur chair, dans le dénuement total. Cette population de jeunes au chômage et inactifs dont le nombre s’accroît chaque année sur le marché du travail sans perspective d’emploi. Un terreau fertile pour le recrutement par les groupes djihadistes, et des cibles potentiels pour des trafiquants de tout genre. Le peuple qui se heurte désespéramment aux obstacles d’accès au service d’éducation, de santé et d’assistance, aux tracasseries quotidiennes et à la corruption généralisée auxquelles le citoyen ordinaire est confronté.

L’économie est exsangue, l’éducation à vau-l’eau. Les services de santé presque inopérants faute de moyens parce que tout simplement les fonds alloués à leur bon fonctionnement ont été détournés. Nous ne sommes pas dans la conjoncture, mais ce sont des faits. Ces mêmes victimes de la misère qui font face à l’arrogance, aux passe-droits et aux dépenses ostentatoires d’une minorité enrichie, millionnaires, milliardaires par des deniers publics dont une bonne part à travers les emplois, les entreprises fictives, les contrats léonins et les mauvaises gestions. L’amplitude exceptionnelle de ces pratiques dans tous les secteurs de l’Etat même au plus haut niveau sont protégées voire encouragées par l’appât du gain facile. Ce qui explique à suffisance l’ampleur de la crise.

La mauvaise gouvernance a remplacé le sens de la dignité, de la fierté et de l’honneur gêne du peuple malien.

Une telle situation faite d’impunité, d’injustice et d’arbitraire provoque et cumule nécessairement des frustrations et des sentiments de révolte qui peuvent être contenus un certain temps. Mais le feu couve sous la cendre et la marmite continue de bouillir. Tous ces secteurs clés de la société en déliquescence due à une prédation éhontée par ceux qui avaient en charge de les améliorer et de les rendre performants. Sans catastrophisme, il suffit d’une étincelle pour qu’à nouveau tout explose si rien n’est fait.

Monsieur le Président : le Mali souffre, Mali affamé, Mali assoiffé, le Mali déchiré. Par vos services compétents, débusquez les fonds détournés, faites la traque des biens mal acquis à quelque niveau que se situent les responsables de tels délits, sans compromis ni compromission et retournez ces biens du peuple au peuple dans l’enseignement, la santé, les infrastructures.

Vous voir vous séparez d’une partie des fonds de souveraineté est un acte fort qui est de bonne augure. Bien avant votre premier ministre Choguel MAIGA, un homme de lutte intègre restituait son salaire de DG de l’AMTP quand il devint ministre au moment où une boulimie financière s’emparait de la classe politique. Par ce geste oh combien patriotique et noble qu’hommage lui soit rendu. Notre pays sous votre magistère doit être ramené à ses fondamentaux du respect de l’homme, de sa dignité, de son honneur et de sa fierté qui ont été l’ADN de notre peuple depuis l’aube des temps.

Monsieur le Président, vous et l’équipe qui vous accompagnent, je vous incite à la vigilance. Car après chaque victoire, il y’a beaucoup de héros et il ne serait pas non plus étonnant de voir une floraison de comités de soutien à votre nom et votre action au point d’interférer parfois dans la marche de l’Etat. Parce que tôt ou tard, ils se transformeront en griots triomphants usurpant du coup la place des vrais, ceux qui sont le socle et l’expression achevée de notre culture et dépositaire de notre identité, n’hésitant pas à vous entraîner dans une spirale de populisme dont les actes posés ne seront pas en adéquation avec tous les problèmes cités ci-dessus et sous ce prisme déformant vous détourneront de vos objectifs.

Président, c’est vous le Président de la transition que le peuple jugera selon les actes posés et les résultats obtenus. Les grands chefs sont à l’image de la grandeur de leurs actes.

 

  1. Les élections:

Monsieur le Président de la transition

La plus grande offense à un peuple vivant dans un traumatisme n’a nul autre pareil et le plus grand ennemi du pouvoir sont les promesses non tenues. Comme disent les vieux sages « au crépuscule invitez un affamé au petit déjeuner, il passera la nuit devant votre porte».

Face à la nation et au monde entier, vous avez promis d’organiser en 2022 des élections libres, démocratiques, transparentes et inclusive sur toute l’étendue du territoire national sans exclusive. Mais vous avez devant vous l’exemple le plus achevé de Feu le Président ATT (que Dieu l’accueille en son paradis) déclarait après la chute du Président Moussa TRAORE qu’il rendrait le pouvoir aux civils après un an de transition. Beaucoup riaient sous cape parce que les peuples sont habitués à ce genre de promesse jamais tenue dans un cocktail détonant où les coups d’Etat proliféraient et certains au pouvoir tripatouillaient leur loi fondamentale pour s’y maintenir.

Engagé et disponible il engagea les grands travaux : routes, électricité, enseignement, santé à telle enseigne que des voix s’élevaient qu’il restât. Il en fait fi et devant le monde médusé et incrédule s’attela à organiser les élections libres, démocratiques et transparentes à l’issue desquelles Alpha Oumar KONARE fut porté à la magistrature suprême. Le passage de témoin se fit sans anicroche et dans la sobriété.

Militaire pétri de grandes valeurs morales, exception dans ce monde, ATT rendit le pouvoir dans le délai fixé et partit anonyme, habillé du manteau royal de dignité, du don de soi et du respect de la parole donnée plus adulé que jamais par son peuple, respecté et admiré dans le monde entier et affectueusement appelé le père de la démocratie malienne. Jamais le Mali moderne n’a eu une telle aura et les maliens marchaient le torche bombé de fierté au lieu de raser les murs depuis l’horrible coup d’Etat de 2012.

Faites en sorte qu’en 2022 je puisse vous apporter le même témoignage que je lui avais adressé après le parachèvement de ses œuvres, je cite « Poètes, trempez vos plumes dans l’encre de la vérité ; composez aux vers pour la postérité en hommage au soldat de la paix qu’il fut».

Monsieur le Président de la transition

Permettez que je m’adresse à mes parents maliens dans ces pages à vous consacrer

Pour leur dire : que le moment est venu de nous faire violence, de taire nos bavardages, nos supputations et suppositions rocambolesques et nous concentrer sur l’essentiel et accompagner pour un aboutissement heureux de la transition avec finalité la bonne tenue des élections. C’est-à-dire que les flèches restent dans leur carquois, les tisons hors du feu et les sabres dans leur fourreau. Le Mali est un pays béni habitué au combat et n’est pas le fruit de la colonisation car il fût avant que la colonisation ne soit. Les épreuves qui nous assaillent ne sont que les signes avant-coureurs d’un avenir radieux au grand dam de ceux qui nous narguent aujourd’hui et seront nos admirateurs demain.

Mes frères et sœurs, fils et petits-fils reprenez-vous, réveillez en vous ces sentiments de fraternité et d’unité à l’image de nos équipes nationales quand elles vont en compétition, porteurs du drapeau national dans le but de le hisser au plus haut sommet et occuper la plus haute marche du podium. Nos compétiteurs, le corps en sueur, les muscles flasques par l’effort, la respiration haletante mais toujours mus par la volonté de porter haut le flambeau de la victoire. Une victoire qui une fois acquise métamorphosera nos villes et campagnes en espace de fête et de joie. Cependant dans ces équipes il y a certainement des pro-Modibo KEITA, des pro-Moussa TRAORE, des pro-Alpha KONARE, des pro-ATT, des pro-IBK. En ces moments d’intenses efforts ces équipes sont sans égo seulement unies par une seule foi, l’amour de la patrie, vers un seul but la victoire pour un seul peuple, le Mali.

Monsieur le Président de la transition

Je ne saurais terminer sans vous demander de veiller sur les médias qui sont nous dit-on le quatrième pouvoir dont les acteurs ne sont certes pas au-dessus des lois. Ils sont le reflet de l’âme du peuple, son espace d’expression privilégié. Acceptez les critiques sans réactions répressives. Et comme le disait JEFFERSON « je préfère un pays sans gouvernement avec la presse qu’un pays avec le gouvernement sans la presse».

Courage Monsieur le Président de la transition. Que Dieu protège et bénisse le Mali.

Fousseyni DIARRA

Pilote, Commandant de Bord à la retraite.

Cité SICA – FASS MBAO – Dakar – Sénégal

Tél : 00221 33 853 00 48

Portable : 00221 77 165 27 44

Source: Journal l’Aube- Mali

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