Il nous reste aujourd’hui 16 mois de fin de la transition. Nous avons tous intérêt que le mythe du colonel Assimi Goïta reste et à jamais. Oui cher grand-père, aujourd’hui, un lourd mythe entoure le Président de la Transition. Le mythe du libérateur et du sauveur du Mali et de l’Afrique. Le mythe d’être les Pères des indépendances. Le mythe de dire Non à l’impérialisme et de le vaincre. Que ce mythe reste et à jamais. Amine !
Oui cher grand-père, si Thomas par son dynamique intelligent, Rawlings par son pragmatisme, Sékou Touré par sa conviction et Mobibo Keita, son esprit, ont pu susciter l’espoir de l’indépendance et du développement, le colonel Asimi par son silence, a su s’entourer de tous les mythes et le voilà, libérateur et sauveur. Que ce mythe reste et que jamais la lumière du temps ne l’atteigne.
Cher grand-père, si tu pouvais murmurer aux oreilles du colonel, je dis bien murmurer hein, j’ai peur de la hache de la Haute Autorité de la Communication (HAC), donc murmure à ses oreilles ceci : Assimi pars avant que le voile se lève sur le mythe. Organise les élections et pars. Non seulement tu reviendras mais ton mythe restera à jamais dans les têtes et jusqu’à la réalisation du rêve malien et africain, tu porteras le nom de celui qui a donné le coup de sifflet à la révolution.
Oui grand-père, murmure à ses oreilles, ne lui dis pas que c’est moi, sinon je serais taxé de ‘’Fasoden Djougou-apatride’’, ceux qui ont sauté la citoyenneté pour être des vrais patriotes diront que j’ai été vendu. Donc murmure mais ne lui dis jamais. Murmure mais jamais sur la chaîne Djoliba et BFM-TV, murmure aux oreilles seules du colonel sans témoin, ni la HAC, ni la Maison de l’information patriotique ne doivent entendre.
Murmure et dis doucement : Assimi pars avant de quitter. Pars, tu reviendras grand. Prends les choses en main, sois décisif et assume-toi. Pars pour revenir avant de quitter pour ne jamais revenir. Prends la grande porte de la gloire, la porte de la parole donnée. Fais-le pour le Mali et pour l’avenir. Fais-le pour ne pas porter le mauvais chapeau. La plupart des soutiens du pouvoir deviennent des calçons (cachés), après les chutes.
Cher grand-père, Assimi et son mythe sont comme un dernier espoir à l’ordre national. Il a incarné l’espoir et après lui, si jamais il échoue, le Malien perdra tout et la désolation risque de s’installer pour très longtemps. Le colonel est devenu notre dernière balle, on ne la tire pas, on la réserve. Pour ce faire, en attendant la semaine prochaine pour ma 45ème lettre, reçois mes salutations sincères. Je n’ai rien dit.
Lettre de Koureichy
Source : Le Matin