Il l’a cherché, cherché et finalement, il l’a eu sur un plateau d’or. Par le truchement de la junte de Kati, des islamistes (wahhabites, hamallistes, etc.) et de la dégoulinade migratoire d’hommes politiques d’opportunistes. Alors, en avant pour 5 ans de transition houleuse où déjà chaque soutien crie d’être l’acteur principal de la victoire.
Le Mali vient de très de loin, il échappe à un éclaboussement, à un bain de sang. Soumaïla Cissé alias Soumi Champion a mis fin aux supputations et aux plans machiavéliques qui étaient en cours pour le détruire. En démocrate républicain respectueux de la parole donnée, il prouve à la face du monde que Kurukafunga n’est point un hasard à fortiori un montage grotesque. Soumi se lève en compagnie de son épouse et de ses jumeaux pour aller rencontrer son grand frère Ibrahim Boubacar Kéïta alias IBK à son domicile sise à Sébénicoro en présence de son épouse et de ses deux fils pour lui signifier sa victoire et lui souhaiter le succès escompté. C’était le lundi 12 aout dans la nuit.
Du coup, Soumi prouve tout son attachement à sa patrie, à la démocratie chèrement acquise dont il est un acteur de premier plan et confirme son statut d’homme d’Etat républicain. Agé de 64 ans, Soumi stoppe net les intentions des oiseaux de mauvais augures internationaux qui ne juraient que d’un embrasement de notre pays. D’où les grotesques mensonges de voir tout blanc comme neige. Alors qu’il y a eu de fortes manigances au vu et au su de tout le monde.
Cependant, en dehors du geste salutaire et un premier dans l’histoire du Mali et de l’Afrique, il est important que les Maliennes et les Maliens jettent un regard rétrospectif sur les préparatifs, les campagnes et le déroulement de ces élections. Lesquelles viennent de permettre à IBK de prendre les destinées du Mali pour les 5 ans à venir. Un regard qui nous permettra certainement de réfléchir, de méditer et au finish de nous asseoir pour discuter, pour proposer et enfin d’avancer sereinement. Puisque ces élections dont des petits blancs ou encore des noirs aux yeux bandés ont assisté ont été parmi les élections les plus frauduleuses de l’histoire de notre pays. D’abord, c’est une première que des militaires officialisent leur vote, appellent à voter et contraignent à voter. Tout ça à la faveur d’un homme. Ensuite, dans notre histoire, pays laïc, à majorité musulmane, il n’a jamais été question pour une quelconque secte d’officialiser son soutien à un candidat pour un quelconque intérêt. Enfin, que des observateurs qui doivent être impartiaux pour la stabilité du pays, s’alignent, s’arrangent du côté d’un candidat, sont des faits dangereux pour la démocratie. Ces élections maliennes donnent parfaitement raison à Robert Mugabé, président du Zimbabwe appelant aux africains de se départir du joug blanc.
En tout état de cause, Ibk a pris le pouvoir sur un plateau d’or. Car, sans ces multiples injonctions, il a aujourd’hui un parti très faible qui ne pouvait nullement lui permettre d’arriver au pouvoir bien qu’il soit un homme charismatique de l’échiquier politique malien. En réalisant son rêve d’être coûte que coûte président du Mali, le kanfilatigi doit désormais se défaire de certaines attitudes. Il s’agit du kanfilafô (double langage), de la vie bourgeoise (ne jamais se réveiller, de l’extravagance, de la bombance) et surtout de la rancœur. Aussi, il ne doit plus à 68 ans être un homme de cœur mais un homme d’esprit car rien ne se gère plus avec les biceps mais avec la matière grise.
Aujourd’hui président du Mali, un pays qui allait disparaitre, il doit être un rassembleur comme l’indique son parti. Mais, il est impérieux pour lui de se sortir de l’étau de ses soutiens pour réussir sa mission, reconstruire un Etat moderne, émergent, appelé à se hisser dans le concert des grandes Nations du monde. Il a, de ce fait, besoin d’une opposition forte et républicaine, d’une presse forte respectueuse de l’éthique et de la déontologie, de chefs religieux distants de la politique politicienne.
En éternelle victime, notre grand cousin, accède finalement au pouvoir à l’âge de 68 ans. Un âge qui doit lui permettre de ne plus tomber dans l’indifférence mais d’être équidistant de tout acte pouvant remettre la République en cause. Comme l’ethnicité, le racisme, l’injonction flagrante des militaires et des Chefs religieux dans la politique, entre autres.
L’éternelle victime dont fut Ibk n’en a pas été cette fois-ci. « On m’a volé ma victoire », mais pour une fois, cette victoire ne lui sera pas volée. Et nous osons espérer qu’avec la réalisation de ce rêve présidentiel tant cherché, il mettra de l’eau dans son vin. Il sera un président exemplaire, décisionnel, patriote, amoureux de la patrie, au service de la Nation et non au service d’un clan d’opportunistes.
Boubacar DABO