Ces propos sont du candidat de l’URD à l’élection présidentielle. C’était au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à l’hôtel Salam. Objectif : honorer un engament qu’il a pris à la veille du scrutin, celui de respecter la voix des urnes.
La salle de conférence était archicomble. Accompagné de son épouse et de Jeamille Bittar, Soumaila Cissé a fait son entrée dans la salle sous un tonnerre d’applaudissements. Exécution de l’hymne du parti et place aux choses sérieuses.
D’entrée de jeu, M Soumaila Cissé a salué la mobilisation massive des Maliens pour cette élection présidentielle. Mais aussi, il a salué les Maliens de toutes les régions du Mali et de la diaspora, qui ont voté pour lui, au premier et au second tour du scrutin. S’y ajoutent les partis politiques alliés et les associations qui, dit-il, lui ont apporté leur soutien.
Parlant de la campagne électorale, le candidat de l’URD indique qu’elle a été « nauséabonde » à cause du comportement de certains Maliens, qui la liaient à la région, à la race ou à l’ethnie. Ceux-ci, a-t-il rappelé, ont rendu un mauvais service au Mali qui cherche, désespérément, son unité nationale et sa cohésion sociale. Face à cette situation et malgré sa défaite, M. Soumaila Cissé promet de ne poser aucun acte et de ne tenir aucun propos qui affaiblira le Mali.
Le candidat de l’URD reconnait sa défaite. Et, en bon démocrate, il n’a pas hésité à féliciter mon adversaire. Avant même la proclamation des résultats provisoires. Son geste a été salué par l’ensemble du peuple malien en ce sens qu’il contribue à l’union des cœurs, dont notre pays a tant besoin.
Soumi a-t-il subi une pression en allant féliciter IBK ? «C’est en homme libre que je suis allé féliciter IBK. Je n’ai reçu aucune pression. Je ne suis pas non plus allé chercher une place, je n’ai pas besoin de place. Mais je servirai mon pays, car je l’aime. Je vais contribuer à la paix, à la cohésion sociale et à la reconstruction du Mali. Une seule personne ne peut pas faire face à ces défis. C’est pourquoi, nous sommes allés féliciter celui qui a été élu par les Maliens. Il a gagné les élections, il reste le président du Mali, de tous les Maliens. Il n’est pas le président du RPM » a-t-il répondu. Avant d’ajouter que son acte n’a d’autre sens que de servir le Mali. Pour lui, les populations ont assez souffert et elles doivent être rassurées.
Soumaila va-t-il à l’opposition ?
Il répond, sans détour : «Je n’irai pas à la soupe. D’ailleurs je pense que la soupe n’est pas aussi grande que ça». Il préfère, avec ses alliés, servir le Mali en faisant des propositions et critiquer, ce qui doit l’être.
Fraudes à la pelle
Si ‘’Soumi’’ est d’accord avec sa défaite, il estime que la victoire de son adversaire ne doit pas masquer la fraude qui a émaillé le premier et le second tour du scrutin. Selon lui, des urnes bourrées ont été découvertes dans un bureau de vote à Kalaban-coura. Mais aussi, dans une école de medersa, et même dans une mosquée à Badalabougou. Il y a des choses, dit-il, qui ne sont pas bonnes, et elles doivent être dénoncées pour le bonheur des Maliens. C’est pourquoi, il a rappelé qu’il n’était pas souhaitable que l’armée intervienne dans le champ politique. Il exhorte le président élu à tout mettre en œuvre afin que l’armée reste républicaine. Et que les religieux restent des religieux.
En dépit de toutes ces irrégularités, Soumaila Cissé a décidé de ne pas faire de recours devant la Cour constitutionnelle. Est-ce parce que cette Cour constitutionnelle a laissé mauvaise impression au premier tour, en rejetant toutes les requêtes formulées devant elle ? «Je me réserve de faire des requêtes, cette fois-ci, car les Maliens sont pressés », a-t-il répondu.
Il a conclu en remerciant la presse, grâce à laquelle, dit-il, il est arrivé au deuxième tour. Il promet d’aider la presse à être indépendant et professionnelle.
Abou BERTHE
Source: Canard Déchainé
