Il n’en a pas donné l’impression ; mais le président de la transition malienne s’est montré inflexible voire intraitable avec les représentants de la communauté internationale aussi bien avec le médiateur burkinabé, Djibril Bassolé et le président français François Hollande respectivement à propos des accords de Ouaga que des élections de juillet prochain.
C’était presque à l’impasse à Ouaga. Le Mali tenait à des amendements portant sur le redéploiement effectif de son armée à Kidal, le désarmement et le cantonnement des combattants rebelles touaregs et des poursuites contre les présumés auteurs de crimes de guerre. Rien de cela n’enchantait les groupes d’en face, forts du soutien de la communauté internationale.
En clair, la première mouture des accords était favorable aux groupes rebelles et les émissaires occidentaux tenaient à son adoption. S’abstenant de prendre tout engagement sur place à Ouaga, le médiateur Malien TiébiléDramé a donc décidé de se rendre à Bamako le mercredi 12 juin pour y rencontrer les plus hautes autorités politiques et militaires. A sa suite, c’est le burkinabé Djibril Bassolé qui se rendra à son tour dans la capitale malienne. Il était accompagné de plusieurs représentants de la communauté internationale. Ils ont un entretien de plusieurs heures avec les autorités maliennes.
Après lecture et analyse du document, le président de la transition malienne répliquera tout simplement en ces termes, en s’adressant aux visiteurs : «Dites –moi : qui d’entre vous accepterait de tels accords pour son pays ? Qui ? ».
Il nous revient que sur cette note, le burkinabé a baissé la tête. Le silence de ses interlocuteurs était tout simplement gênant. Il faut dire que les accords en question (la première mouture) étaient tout simplement inacceptables pour le Mali puisque concédant de facto la scission du pays, à court ou long terme.
Il nous revient qu’après coup, de nombreux participants maliens et étrangers ont salué la réaction du président de la transition malienne.
Quelques jours auparavant, le professeur Dioncounda Traoré sortait encore de ses réserves. Une réaction qui faisait suite aux propos du président français relatifs à la tenue des élections présidentielles à la date du juillet. «Je serais intraitable sur cette date» avait lancé M. Hollande.
De sources bien introduites, le président malien par intérim a alors contacté le Français pour lui signifier sa totale désapprobation. Mais qu’est-ce qui explique donc cette frustration du Malien ? Quelques jours auparavant à la suite d’une communication entre les deux hommes, le professeur Dioncouda Traoré a pris l’engagement devant François Hollande de tenir le premier tour des présidentielles à la date indiquée (28 juillet). Ce, nonobstant les doutes émis par son interlocuteur. Fort de cet engagement, il a, à la faveur du prochain conseil des ministres, imposé le délai en question au gouvernement.
En somme, il s’agit d’un engagement délibéré des autorités de la transition. Raison pour laquelle, il n’y a lieu pour nulle personne d’être intraitable sur la question. C’est en tout cas, ce qui ressort de la communication téléphonique d’avec le président français : «François, vous ne devrez pas vous montrer intraitable sur un engagement que j’ai personnellement pris ».
Si l’on ne peut parler d’incident diplomatique à proprement parler entre français et malien, la réaction du second a, en tout cas, de quoi rappeler que le second n’a pas encore tout perdu.
B.S. Diarra