Récemment dans la sous-région, une étudiante en blouse blanche, un faux diplôme et un scandale médical qui tourne au cauchemar judiciaire. Ou encore un faux avocat ayant à son palmarès 27 succès, bien que démasqué, il a réussi à se faire acquitter en se défendant lui-même. Un faux enseignant qui a dispensé des cours de philosophie pendant 10 ans avant de se faire prendre ; faux pharmaciens, gendarmes, ingénieurs, guides religieux… tout est possible dans ce monde.
Et que dire des marchands de faux diplômes, des écoles ou universités douteuses qui trouvent ainsi le moyen de s’enrichir sans supporter de réels coûts ? Bien souvent des réseaux difficiles à mettre à jour, puisque fait en ligne avec des adresses fictives, des numéros qui ne répondent jamais. En conséquence, pour ceux qui offrent du travail, en ligne par exemple, et qui n’ont jamais rencontré l’employé en question, il est très difficile de savoir qui est en face !
Et combien de personnes concernées non démasquées, les plus intelligents s’en sortent encore car le processus de vérification de diplôme n’est pas encore systématisé dans beaucoup d’entreprises. Sur les CV des référents corrompus ou injoignables qui ne feront que plaider favorablement même s’ils savent que l’individu n’est pas le candidat idéal au poste. Certains ne se rappelant même plus de qui il est question.
De la même manière que la procédure KYC (Know your Customer) consiste à vérifier l’identité et l’intégrité des clients, le KYS (Know your Supplier) pour les fournisseurs, le KYE (Know your Employee) doit intégrer la vérification de diplôme lors du recrutement. Pour ceux qui ne l’ont pas fait, il sera toujours temps de faire des audits. La difficulté dans nos pays réside dans le manque de réponse lorsqu’une demande d’authentification est adressée, surtout pour les diplômes des écoles et universités publiques.
Certains pays ont pris ce fléau à bras le corps et ont décidé d’assainir les rangs des institutions, afin de stopper l’hémorragie financière car oui c’est de la fraude entrainant des pertes budgétaires énormes. En effectuant les recherches sur le sujet, j’ai découvert un site accessible à tous, qui propose de gros faux diplômes en payant un montant dérisoire dans une fourchette de prix de 80 000 F CFA à 150 000 F CFA, avec des argumentaires solides du genre “Les documents que nous imprimons se rapprochent le plus de l’original du fait de la qualité de notre papier, la police des caractères et de la reproduction du sceau”. Comment se fait-il que ce genre de site ne fasse pas l’objet de blocage par les instances de lutte contre la cybercriminalité ?
Le danger n’est peut-être pas perceptible pour le commun des mortels jusqu’au jour où une usine explose, un enfant meurt, un avion s’écrase, un barrage hydroélectrique cède… et là après les dégâts irréversibles, on cherche le responsable. Si ce n’est le manque de conscience, le manque de prudence, l’absence de contrôles, quelles raisons pourraient-on avancer ? Une plateforme nationale de signalement serait bénéfique et créerait de l’emploi. Ce qui est certains mieux vaut prévenir que guérir.
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules
Source: Mali Tribune