OUAGADOUGOU – Les rébellions touareg et arabe ont annoncé samedi soir qu’elles reprenaient les négociations de paix avec le gouvernement malien, portant notamment sur les territoires du Nord où vivent essentiellement ces communautés, neuf (bien neuf) jours après les avoir suspendues unilatéralement.
L’annonce, effectuée par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, le chargé des relations extérieures du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), au sortir d’une audience à Ouagadougou avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la crise malienne, relance le processus de paix, alors que des violences avaient repris dans le nord du Mali.
Désireux de créer un climat de confiance réciproque pour la poursuite du processus de paix, réaffirmant notre attachement à l’esprit de l’accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, (nous) déclarons la levée de la suspension de notre participation au sein des organes de l’accord, a lu M. Assaleh devant la presse.
La décision de la suspension temporaire de notre participation a permis de mener des concertations internes entre les mouvements et des échanges fructueux de clarification avec le médiateur, a justifié le porte-parole du MNLA, qui a déclaré parler également au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
Elle a aussi permis d’entreprendre des séances de travail constructives avec le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Mali, président du comité de suivi et évaluation de l’accord, a-t-il poursuivi.
Les trois mouvements rebelles, qui avaient suspendu les négociations avec Bamako le 26 septembre, ont indiqué avoir pris acte des engagements récemment pris par les nouvelles autorités maliennes et la main tendue d'(…) Ibrahim Boubacar Kéita en vue d’une pleine et entière mise en oeuvre des mesures de confiance prévues par l’accord.
Après dix-huit mois de crise politico-militaire, des mouvements rebelles touareg ont signé le 18 juin à Ouagadougou un accord avec Bamako visant à permettre l’organisation de la présidentielle du 28 juillet à Kidal, ville située au nord-est du Mali sous contrôle des groupes armés touareg, après l’intervention française qui a chassé du nord du Mali les groupes djihadistes alliés à Aqmi.
Le 26 septembre, les rebelles touareg et arabes avaient suspendu le dialogue avec les autorités maliennes, qui achoppe notamment sur la question de l’autonomie des territoires du nord du Mali, souhaitée par les insurgés mais dont Bamako ne veut pas entendre parler.
Dès le lendemain, deux militaires maliens étaient blessés dans un attentat à la grenade à Kidal (nord-est), où des échanges de tirs, parfois nourris, ont eu lieu entre soldats maliens et rebelles touaregs le 29 et le 30 septembre.
Le 28 septembre, un attentat suicide d’Aqmi à Tombouctou tuait deux civils et blessait six soldats, selon Bamako. Al-Qaïda au Maghreb islamique a chiffré à 16 le nombre de morts au sein des troupes maliennes.
Mercredi, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a répété qu’il gardait la main tendue vers les touareg, alors que vingt-trois prisonniers arrêtés sur le théâtre des opérations militaires dans le nord ont été libérés dans le cadre de l’accord de Ouagadougou.