Le gouvernement sud-soudanais a annoncé dimanche que des rebelles contre le président Salva Kiir avaient pris le contrôle de Bentiu, capitale de l’Etat d’Unity, une province stratégique en raison de ses sites pétrolifères.
Les Etats-Unis ont eux fait état de l’évacuation réussie vers la capitale Juba de plusieurs ressortissants américains qui se trouvaient à Bor, à 200 km au nord de la capitale Juba, où les forces gouvernementales intensifient leurs opérations pour reprendre la ville aux rebelles, fidèles à l’ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet dernier.
“Bentiu n’est pas entre nos mains en ce moment”, a dit le gouvernement sur le réseau social Twitter. “Elle est entre les mains d’un commandant qui a fait part de son soutien à Machar.”
Samedi, le ministre de l’Information, Michael Makuei avait dit que John Koang, commandant d’une division de l’armée dans l’Etat d’Unity, avait fait allégeance à Riek Machar qui l’avait en retour nommé gouverneur de la province.
Les combats ont commencé à Juba il y a une semaine et le président Salva Kiir, issu de l’ethnie Dinka, a accusé Riek Machar, qui vient lui des Nuer, de vouloir le renverser. Les affrontements se sont ensuite étendus à d’autres régions, et ont forcé 42.000 personnes à chercher refuge dans les bases des Nations unies et de nombreux expatriés à quitter le pays.
Riek Machar a démenti dès le début des violences avoir voulu mener un coup d’Etat mais il a reconnu depuis lors avoir pris le commandement des forces antigouvernementales.
Des renforts ont été dépêchés dimanche à Bor, dont le gouvernement avait reconnu mercredi la perte et qui fut le théâtre en 1991 d’un massacre commis par les Nuer contre les Dinka.
Lors des affrontements à Bor, capitale de l’Etat de Jonglei, des soldats gouvernementaux sont tombés sur un groupe rebelle dans lequel se trouvait Riek Machar, selon Benjamin Marial, ministre des Affaires étrangères.
INQUIÉTUDES INTERNATIONALES
“Riek a réussi à s’échapper en bateau sur le Nil et à rejoindre son village d’Adok”, a précisé Benjamin Marial. “Il a ensuite gagné Bentiu où la nuit précédente ses forces avaient attaqué les bâtiments gouvernementaux.”
Il a tenu à préciser que les insurgés n’occupaient pas les champs pétrolifères et que la production était maintenue, même si des évacuations d’employés ont eu lieu.
Un membre de la médiation mise en place par des pays africains, le lieutenant-général kenyan Lazarus Sumbeiywo a déclaré dimanche que les négociateurs n’étaient pas encore entrés en contact avec Riek Machar.
La communauté internationale et les pays d’Afrique de l’Est ont demandé la fin des combats, qui ont fait plusieurs centaines de morts, et l’Onu a annoncé qu’elle tentait d’envoyer au Soudan du Sud des ressources de forces voisines de casques bleus.
“Nous sommes actuellement en train d’essayer de transférer les moyens d’autres missions de maintien de la pais, comme la Monusco (ndlr, active en République démocratique du Congo)”, a dit Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu, qui se trouvait aux Philippines.
A Khartoum, l’ambassadeur du Soudan du Sud, Mayen Dut Wol, a affirmé que la production pétrolière de son pays – environ 245.000 barils par jour – n’était pas affectée par les combats. Le pétrole représente la quasi-totalité des revenus du Soudan du Sud.
Des entrepôts de l’Onu et de plusieurs ONG ont été pillés dans l’Etat de Jonglei – à Akobo et à Bor – ainsi que dans celui d’Unity, selon les Nations unies.
Samedi, trois appareils américains Osprey CV-22 ont été atteints par des tirs alors qu’ils tentaient d’évacuer des ressortissants américains pris dans les combats. Quatre militaires américains ont été blessés par ces tirs.
source / reuters