Cette question mérite s’être posée si l’on se réfère aux trois (3) coups d’Etat qui se sont succédé. Il s’agit des coups d’Etat contre le Général Moussa TRAORE, le coup d’Etat contre le Président Amadou Toumani TOURE et celui que nous vivons contre El Hadj Ibrahim Boubacar KEITA. Nous n’évoquerons pas ici le coup d’Etat du CMLN qui a abouti au renversement de Modibo KEITA parce qu’il n’entre pas dans la même configuration politico-démocratique que les trois (3) autres que nous venons de citer étant entendu que les membres du CMLN à leur avènement ont assuré presque l’entièreté de tous les pouvoirs. D’ailleurs, en ce temps, on parlait rarement de démocratie en Afrique parce que le président français François Mitterrand et son sommet de la Baule n’étaient pas encore passés par là.
Lorsque le régime de Moussa Traoré a été renversé en Mars 1991, qui sont ceux qui ont applaudi. ? Ce sont nos grands intellectuels et nos grands politiciens qui se sont bombés les poitrines. C’est eux qui se sont donné la victoire. C’est eux qui ont fait le tandem avec les militaires pour renverser Balla et mettre en place une transition. Nos politiciens au sein de leurs associations ont crié en ces jours : « Vive la démocratie ! » en collaborant quoi qu’on dise et quoi qu’on pense avec les putschistes. La transition posée, les masques des politiciens sont tombés et dans la conquête du pouvoir, les alliés sont devenus des adversaires et au pire des ennemis. Sans vouloir entrer dans tous les détails, l’animosité et l’opposition ont été telles entre eux qu’il s’en est sortie souvent l’exclusion ou la prison. La démocratie pour laquelle les uns et les autres se sont battus a été foulée au pied au nom de leurs intérêts et leur agenda. A un certain niveau, le combat a été si dur que certains animateurs du mouvement démocratique isolés dans leur parti et leur association sont tombés dans les oubliettes ou ont disparu, fondu comme du beurre au soleil.
A l’opposé, d’autres politiciens qui se croyaient plus méritants n’ont pas digéré leur échec. Cela a eu par conséquence de faire un virage de 180° en s’alliant dans l’ombre avec des forces obscures pour faire chuter l’autre. Pour parvenir à leur objectif, ils ont cherché à tout détruire parce que « Kônôfaralen ka siratè gnon gnenina », autrement dit : « Celui qui est éventré n’a pas besoin que la récolte soit bonne.».
Au renversement d’ATT en Mars 2012, nos grands politiciens et démocrates étaient là encore. Certains de ces grands démocrates et grands intellectuels ont applaudi le coup d’Etat d’amadou aya SANOGO et du CNDRE parce que, eux ces politiciens, ils avaient leur agenda et pensé que le moment était pour eux d’être aux affaires. Ces hommes politiques se sont comportés exactement comme le corbeau flattant le renard. Ils se sont fait passer pour les conseillers et les grands soutiens des militaires. En ces temps, ATT a été accablé de tous les péchés d’Adam. Seule une minorité de politiciens réunis au sein de Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ont condamné le coup de force. Mais, ils ont été marginalisés. Que dire sinon que la démocratie a été assassinée parce que ceux qui devaient la défendre avaient leurs intérêts à mettre en avant.
Avec la situation que nous vivons aujourd’hui, les mêmes «valeureux » politiciens sont là et le hic c’est que certains jurent que le coup d’Etat du 18 mars 2020 est le parachèvement du soulèvement populaire du M5-RFP.Où est le réalisme démocratique lorsque ceux-là mêmes qui ont condamné le coup de force de Amadou Aya Sanogo sont les premiers à applaudir le colonel AssimiGoita et ses hommes. On va jusqu’à dire que le coup d’Etat n’est pas un coup d’Etat. Si ce n’est pas un coup d’Etat, alors, c’est quoi ? En tout cas, IBK n’a pas présenté sa démission ni à Koulouba ni en son domicile mais bien à Kati, garnison miliaire. Qui n’a pas vu IBK, les yeux graves derrière ses lunettes associées à un masque « anti-Covid-19 », masquant des larmes séchées ? Aujourd’hui, qui sont ceux qui font les yeux doux aux militaire ? C’est surtout les politiciens et grands fonctionnaires. On assassine la démocratie toujours pour mieux se positionner
En conclusion, nombreux sont nos politiciens qui ne sont pas des démocrates. Ils feignent de l’être mais ils ne le sont pas. Tout ce qui compte pour eux, c’est leur ascension personnelle, leur promotion personnelle. Ces pseudos démocrates sont de tous les bords et de tous les âges : Majorité ou opposition, vieux, jeunes, religieux et laïcs.
Quant aux militaires aussi, eux, ils ont souvent leur motivation car souvent, sans retenue tous les prétextes sont mis en avant pour s’éterniser au pouvoir : d’où des oppositions en leur sein. Souhaitons que ce ne soit pas le cas cette fois-ci aussi.
Abdoulaye Yérélé
Source: Ségou Tuyè