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Les partisans de la CMAS à fleurets mouchetés : Une portion de crédibilité à sauvegarder

La guéguerre au sein de la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (C.M.A.S) est loin de connaitre son épilogue. Cette situation belliqueuse a régné au sein de ce mouvement depuis l’époque où il servait de siège principal au Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Cela a continué lors des premières heures du coup d’Etat, puis à l’ouverture des concertations nationales sur la transition et maintenant après l’adhésion de son Coordinateur Général Issa Kaou N’Djim au Conseil National de Transition (CNT). Ce mouvement hétéroclite à connotation religieuse qui a été créé pour soutenir les actions de l’Imam Dicko est devenu par la suite un avatar politique, seul à toujours défrayer la chronique. Il n’est plus une entité crédible pour défendre les idéaux et actions de l’imam Mahmoud Dicko, mais une bonbonnière dont les responsables se regardent en chiens de faïence. La CMAS a-t-elle encore une portion de crédibilité aux yeux des Maliens ?

 

C’est devenu récurrent, les bisbilles, conflits d’intérêts et de leadership au sein  de la CMAS (Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko). Les différents responsables du mouvement ne se privent d’aucune occasion pour se donner en spectacle. Aussi curieux que cela puisse paraitre, ils ont tous créé leur propre organisation politique (de l’imam Oumarou Diarra en passant par Issa Kaou N’Djim), mais ils restent en rang dispersé au sein de la CMAS. Ils sont divisés entre le soutien à la transition et l’adhésion au M5RFP. Malgré tout, ils se réclament tous, proches de l’Imam Dicko. A la différence des partis politiques, ce sont les protagonistes de ce mouvement qui défraient la chronique en longueur de journée sur les réseaux sociaux et dans les journaux de la place.

La question qui taraude les esprits est de savoir si ce mouvement a été édifié sur des bases solides et légales ? Surtout si l’on sait qu’il s’agit d’une organisation dont les membres se sont donné comme leitmotiv de défendre les idéaux d’un imam, réputé très respecté du paysage religieux et social du pays.

Issa Kaou Djim, de la radio au HCI, de la CMAS au CNT…

L’homme est un produit de la prolifération des animateurs des radios privées de la place. Intelligent et doté d’un ton convaincant, il a jeté son dévolu sur le domaine religieux comme matière de communication. Son domaine de prédilection fut l’animation des émissions religieuses à connotation Sunite sur certaines radios dédiées à cela. Puis, il intègre le social avec une association dénommée ‘’Allah Kama Ton’’, se fait élire dans le bureau exécutif du Haut Conseil Islamique du Mali aux côtés de celui qu’il dénomme « le très éclairé » imam Dicko. Avec le statut de communicateur du HCIM, Issa Kaou Djim étoffe son carnet d’adresse surtout auprès des décideurs, il était visible dans les différentes salles d’attente des ministres et des différentes institutions du pays. Il s’allie avec des personnalités politiques du régime d’IBK, dont le Dr Choguel Kokala Maïga. Partant, il participe activement aux différentes campagnes électorales en faveur du régime défunt et arrive à se faire recevoir par n’importe quelle personnalité du pays, souvent sans demande d’audience. Avec ce capital de confiance, la traversée du désert de son mentor (dessaisi de son portefeuille de médiateur dans la crise sécuritaire et éjecté de son fauteuil de président du HCIM), Kaou Djim ajoute une autre corde à son arc, la mobilisation et l’appel à la fronde contre le régime. Par la force des choses, il devient l’homme à tout faire de l’Imam Dicko. Le succès engrangé par les meetings populaires de son guide, lui ouvre le boulevard de mettre en place une coordination pour défendre ses idéaux, à savoir la CMAS (la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko). Cette coordination en liguant avec l’EMK de Cheick Oumar Sissoko, l’opposition politique menée par Choguel du FSD, réussira à tenir un historique rassemblement populaire le 5juin 2020 au monument de l’Indépendance. Le M5RFP est né sous le lead de la CMAS, qui était la principale organisation mobilisatrice sous l’égide de Issa Kaou Djim au nom de l’Imam Dicko. Les politiques de ce mouvement, pour ne pas en sortir bredouilles, créent le comité stratégique dans lequel, Issa Kaou Djim n’avait que les rôles de second couteau. Après la chute du régime le 18 aout, analysant à juste titre les ambitions à peine voilée des pontes politiques du M5,Issa Kaou Djim ne se privera pas de claquer la porte du M5RFP avec la décision de sursoir à l’organisation de n’importe quelle activité du mouvement au siège de la CMAS. A cet effet, le comité stratégique du M5RFP réussira à maintenir dans ses rangs quelques soufifres de la CMAS, qui finiront par la suite à suivre la logique de Kaou Djim pour préserver les intérêts de la CMAS auprès des autorités de la transition. Ce faisant, la coordination sous le leadership de Kaou Djim, réussira à placer ses hommes et femmes dans les instances de la transition au grand dam de certains de ses militants, dont les présidents des bureaux communaux du district de Bamako.

Un coordinateur bosseur mais encombrant

En effet, au moment où tous les observateurs de la scène politique malienne étaient convaincus que la CMAS a gagné en expériences et sagesse, le lundi 25 janvier au cours d’une conférence de presse ses présidents communaux ont annoncé la destitution de leur Coordinateur Général, Issa Kaou N’Djim. Les motifs avancés par eux sont de plusieurs ordres : «  ses maladresses, ses négligences, ses désintérêts à ciel ouvert vis-à-vis de l’imam Mahmoud Dicko… » Cette déclaration de ces présidents a étonné plus d’un, parce qu’on croyait que le protégé et  beau-fils de l’imam Dicko était un intouchable. Mais elle est apparue fondée aux yeux de beaucoup de personnes, au regard de l’absence du coordinateur général aux côtés de son guide pendant son périple saoudien et lors de son accueil populaire. Mais c’était sans compter sur les atouts de communication de Issa Kaou Djim, qui ne tardera pas à refaire surface. D’abord au même soir sur la chaine Africable, en affirmant que cette déclaration constitue un non évènement pour lui , ensuite sur d’autres canaux de communication, où il a eu l’occasion de tirer à boulets rouges sur ses prétendus destructeurs, ainsi que des cadres politiques du M5RFP. D’ailleurs qu’avec son statut de 4ème vice-président du CNT, il est un homme d’Etat qui ne doit pas toujours entrer dans des polémiques inutiles. Que seule la décision de l’imam Dicko compte.  Tout cela a été corroboré par un communiqué du Bureau Exécutif National de la CMAS dans le but de démentir la déclaration des présidents communaux. Ce, avec la précision que seule une Assemblée Générale statutaire peut démettre le coordinateur général de ses attributs.

Comme pour donner un pied de nez à ses détracteurs et couper court à toutes les supputations à son sujet, par rapport à ses liens avec l’Imam Dicko, Issa Kaou Djim s’est fait apparaître sur une vidéo avec sa 4ème épouse (5ème selon certaines sources), à savoir la fille de l’Imam Dicko.

Avec tous ces brouhahas au sein de la CMAS, le parrain du mouvement, l’imam Mahmoud Dicko maintient toujours le silence radio. A-t-il  raison ? Qu’est-ce qui l’empêche de parler ?

En tout cas, le moins qu’on puisse dire est qu’avec tous ces bruits en son sein, l’image de la CMAS est considérablement écorchée, celle de son parrain avec. Ce mouvement n’a plus qu’une infime portion de crédibilité aux yeux des observateurs de la scène politique nationale. Pourra-t-on la sauvegarder ?

Par Mariam SISSOKO

Source : Le Sursaut

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