L’élection de Miss Côte d’Ivoire 2019 samedi 1er juin a provoqué une polémique sur les réseaux sociaux. En cause : le patronyme sénégalais de la jeune femme. Il n’en fallait pas plus à certains pour contester sa nationalité à l’heure où la question de « l’ivoirité » revient par la petite porte dans le débat politique.
22 ans, 1,78 mètre, un cursus en économie au Maroc et un rêve de devenir expert-comptable, Tara Gueye a donc été choisie par le jury et les téléspectateurs pour ceindre l’écharpe de Miss Côte d’Ivoire 2019.
Mais immédiatement sur les réseaux sociaux, son patronyme sénégalais a fait naître une polémique quant à sa supposée nationalité, certains estimant la jeune femme inapte à représenter la Côte d’Ivoire. Pourtant, même si son père est Sénégalais, Tara Gueye est Ivoirienne, comme sa mère.
Apparemment dérisoire, cette polémique ne l’est pas à moins d’un an de la présidentielle en Côte d’Ivoire. Elle met en lumière l’état d’esprit d’une partie de l’opinion et les tentatives par certains de rouvrir un débat autour d’une question qui a conduit à la pire crise qu’ait connu le pays. « Le fonds idéologique de l’ivoirité demeure et ressurgit à la moindre occasion, explique le sociologue Francis Akindès. C’est la conséquence de l’échec de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) qui a des conséquences énormes sur la société ivoirienne. »
Cette question de l’ivoirité avait trouvé sa source dans la contestation de la nationalité ivoirienne d’Alassane Ouattara, alors opposant. « Ses adversaires n’osent plus l’attaquer directement sur ce thème en le qualifiant de “président burkinabé”, mais cette polémique leur permet d’entretenir ce type de discours et de l’attaquer en biais », estime le sociologue.
Depuis samedi, les témoignages de soutien à Tara Gueye ont largement submergé les signes d’aigreur. « Heureusement que des figures symboliques comme Didier Drogba réagissent. En 2003, tout le monde se taisait », commente encore Francis Akindès.
RFI