La communauté internationale, présente militairement avec la Mission de l’ONU (Minusma) et la force française Barkhane, attend de cette élection une relance de l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg, application qui accumule les retards.
Malgré cet accord, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis novembre 2015, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
Les premiers résultats sont attendus dans les 48 heures, les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard. Et, le 12 août, un éventuel second tour.
La campagne qui s’achève vendredi soir a été marquée par une polémique sur les listes électorales, l’opposition dénonçant un risque de fraude.
L’équipe de Soumaïla Cissé, largement battu au second tour par M. Keïta en 2013, dénonce des divergences entre le fichier ayant servi à l’établissement des cartes d’électeurs et celui mis en ligne, qui comprend selon elle des doublons, des électeurs et des bureaux de votes fictifs.
“Il n’y a pas deux fichiers, il y a un seul fichier”, a assuré le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, expliquant les anomalies par un problème de serveur informatique.
“Une préoccupation, l’insécurité”
Accusé par ses adversaires, dont plusieurs de ses anciens ministres, de mauvaise gouvernance et d’avoir échoué à stabiliser le pays, le président Keïta, souvent désigné par ses initiales, IBK, assure “faire avancer le bateau Mali”, dans des circonstances particulièrement difficiles.
Tout au plus reconnaît-il que subsistent “des poches de violence, des résidus de terrorisme”.
Le chef de l’opposition, qui a choisi pour slogan “Ensemble restaurons l’espoir”, insiste sur “l’urgence à sauver le Mali”, que le sortant mène à sa perte, selon lui.
Un autre candidat, le richissime homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo, a vu dans une attaque à main armée cette semaine contre un convoi de son équipe de campagne au nord de Bamako la preuve qu’IBK avait “lamentablement échoué” sur le plan de la sécurité, le jugeant “totalement disqualifié pour les cinq prochaines années”.
“Partout où nous sommes allés, c’est cette insécurité qui constitue la première préoccupation des Maliens”, a souligné dans un communiqué M. Diallo, qui bénéficie du soutien du chérif Bouyé Haïdara, un très influent dirigeant religieux musulman.
Parmi les principaux prétendants figure l’ancien chef de gouvernement de transition, Cheick Modibo Diarra (avril-décembre 2012), un astrophysicien de métier, auquel s’est rallié un ancien Premier ministre.
Sont également en lice, parmi les 24 candidats, dont une seule femme, le maire de Sikasso (sud), Kalifa Sanogo, l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, l’ancien ministre et militaire Moussa Sinko Coulibaly, ainsi que des hauts fonctionnaires internationaux.
Faible participation attendue
Face au risque que le scrutin ne puisse se tenir sur une partie du territoire, plus de 30.000 membres des forces de sécurité et de défense ont été mobilisés pour la protection des candidats en campagne et les opérations de vote, selon le ministère de la Sécurité intérieure.
Dans les régions du nord du pays, où l’Etat est peu ou pas présent, les groupes armés signataires de l’accord de paix doivent également contribuer à la sécurisation du vote.
Les troupes de Barkhane y veilleront également, a indiqué la semaine dernière la ministre française des Armées, Florence Parly, en visite au Niger voisin.
“La sécurisation du Mali pendant l’élection présidentielle, aussi, mobilisera nos forces”, a-t-elle dit, jugeant nécessaire de “dissuader ceux qui voudraient entacher le choix des urnes par le sang des hommes et (de) réagir vite en cas d’attaques”.
Malgré ces dispositions, le taux de participation est traditionnellement bas au premier tour de l’élection présidentielle au Mali, inférieur à 50%.
Des tensions sont également apparues entre autorités et médias venus couvrir le scrutin. Une équipe de la télévision française TV5 a été violemment interpellée le 22 juillet à la sortie de l’aéroport de Bamako et relâchée au bout de deux heures.
Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé mercredi des actes relevant “de l’intimidation et de l’obstruction”, dans un communiqué mercredi, disant avoir reçu des assurances du ministre de la Communication, Arouna Modibo Touré, sur la libre couverture du scrutin.
L’Union européenne (UE) a déployé plusieurs dizaines d’observateurs, dont les effectifs doivent atteindre 80 pour le jour du vote.
AFP