Ce week-end, le ministre malien de la Justice Mohamed Ali Bathily annonçait sur l’antenne de RFI que des mandats d’arrêts émis contre des membres des groupes armés allaient être levés. Et ce afin de faciliter les discussions de paix. Une démarche qui n’est pas du tout du goût des magistrats maliens, pour qui le ministre est sorti de ses prérogatives.
« Il n’appartient pas à un ministre d’annoncer la levée des mandats alors que les juges n’ont pas encore statué. » Le président du syndicat autonome de la magistrature est en colère. Issa Traoré évoque l’« amertume » et l’« indignation » que lui inspire l’annonce du ministre malien de la Justice. Pour lui, cette « immixtion de l’exécutif dans les affaires judiciaires » viole le principe démocratique de la séparation des pouvoirs.
Les autorités maliennes souhaitent annuler les mandats d’arrêt pesant contre certains responsables des groupes armés, des responsables aujourd’hui impliqués dans le processus de discussions engagé avec Bamako depuis juin dernier et la signature de l’accord de Ouagadougou.
« Nous ne sommes pas contre le principe, tempère le représentant des magistrats. Si c’est pour aller à la réconciliation nationale, nous sommes d’accord. Mais il faut laisser la justice faire sereinement et librement son travail. »
A ce jour, la chambre d’accusation a été saisie, et doit statuer sur la levée des mandats. Au ministère de la Justice, on confirme qu’aucune décision n’a encore été rendue. « Les juges doivent pouvoir statuer tranquillement, sans pression, dit encore Issa Traoré, afin de ne pas porter préjudice à l’indépendance de la magistrature. »
RFI
Source: RFI