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Les enjeux géostratégiques de la crise au Nord du Mali : La France veut reconquérir le Sahara pour préserver sa prospérité déclinante

Aujourd’hui, certains compatriotes se demandent s’il ne faut pas se résoudre à la partition du Mali en se «débarrassant» de la région de Kidal par exemple. C’est en fait l’objectif recherché par la France qui cherche à mettre le grappin sur nos immenses ressources naturelles, notamment au nord du pays, sans y mettre le minimum de prix. En lisant l’étude intitulée «Esquisse de politique d’utilisation des ressources naturelles pour le développement du Mali» de Diatrou Diakité, un consultant indépendant, on comprend aisément le regain d’intérêt de la France pour une région à laquelle elle n’a jamais renoncé.

«Même la bouche ensanglantée, la France ne s’en ira pas du Mali et ne lâchera pas prise, notamment la zone de Kidal» ! Telle est la conviction affichée par le doyen Diatrou Diakité, consultant indépendant et activiste engagé pour la démocratie et l’émergence du Mali.

Dans les discussions qui ont suivi, il a mis à nu (preuves à l’appui) les raisons de cette convoitise française sur le Sahara, notamment le septentrion malien. La découverte de l’or à Kidal a surpris beaucoup de Maliens et une grande partie de l’opinion internationale influencée par les informations erronées sciemment diffusées par des médias français.

Et ils sont loin d’imaginer que le Mali regorge de trésors (métaux précieux, pétrole, gaz…) sous au moins 85 % de son immense territoire. Tout comme le Sahara d’ailleurs. C’est pourquoi, face au déclin annoncé de son économie, la France veut faire main basse sur cette région. Elle (région) est déstabilisée depuis 2010 à cette fin.

Cela a commencé par la déstabilisation de la Libye qui a longtemps été le verrou de la stabilité de la bande sahélo-saharienne. Ce projet impérialiste a entraîné les évènements tragiques qui agitent le nord de notre pays. La déstabilisation de notre septentrion a été planifiée par les services secrets et les multinationales françaises dans l’ambition de faire main basse sur le Sahara et ses richesses. Une ambition qui était la charpente du projet de création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). Cette visée impérialiste ambitionnait de détacher des espaces territoriaux de l’Algérie, du Soudan Français (aujourd’hui le Mali), du Niger et du Tchad, des zones réputées riches en ressources minières, au bénéfice de la puissance coloniale.

Ce projet a été remis à l’ordre du jour et sa mise en œuvre a été marquée par la destruction de la Libye et la déstabilisation du Mali par une horde de mercenaires touaregs à qui Nicolas Sarkozy a promis l’indépendance d’un imaginaire Azawad. Un projet indépendantiste qui est loin d’être enterré.

Manque de vision et d’habilité politiques des dirigeants de la transition 2012-2013

Après la crise sécuritaire au Nord et les évènements du 22 mars 2012, les dirigeants politiques et militaires de la transition étaient condamnés à sortir de l’ordinaire des sentiers battus pour faire face aux défis auxquels le pays se trouvait confronté et l’est d’ailleurs toujours en partie.

Il s’agissait de la libération, par la force, des régions nord du Mali occupées par les rebelles, l’organisation d’élections crédibles… Par contre, il fallait éviter que «le cadre et les conditionnalités de la libération des régions» ne soient «une corde au cou de la République du Mali».

Un piège qu’ils n’ont  pu malheureusement éviter car n’ayant pas su faire preuve d’intelligence et de courage politiques, mais aussi et surtout l’habileté pour protéger le présent et préserver l’avenir ainsi que les valeurs fondamentales de notre pays.

Face aux exigences de la guerre à mener, et l’impérieuse nécessité de bâtir un Mali fort et prospère, les gouvernements de la Transition n’ont pas pu ou su mobiliser les moyens nécessaires et suffisants à l’atteinte des objectifs politiques.

Comme le rappelle si pertinemment le doyen et grand patriote, Diatrou Diakité, «on dit que gouverner c’est prévoir, mais je pense que prévoir n’est pas suffisant, il faut anticiper, ce qui implique de poser des actes qui engagent l’avenir». Les responsables de la transition politique entre mars 2012 et septembre 2013 ont manqué de prévention et d’anticipation.

Ce qui fait que l’Opération Serval a permis à la France de revenir en Seigneur dans une zone à laquelle elle n’a jamais renoncé : le Sahara !

Nous pensons que les Maliens, dans leur grande majorité, n’ont plus la naïveté de croire que Serval puis Barkhane sont là par amitié ou par fraternité pour les Maliens. Selon certaines indiscrétions, Barkhane coûterait 10 millions d’Euro par jour aux contribuables français. Pourquoi la France, dont l’économie est en récession depuis quelques années, consentirait-t-elle un tel sacrifice pour les Maliens ?

Une question pertinente d’autant plus que l’un des meilleurs dirigeants de l’histoire de cet Etat impérialiste (Général Charles De Gaulle) a rappelé à la face du monde que son pays n’a pas d’amis, mais des intérêts.

Par sa position géographique d’une part, les potentialités énormes de son sous – sol d’autre part, le Mali fait objet de convoitises géostratégiques et économiques qui expliquent, en grande partie, le jeu d’acteurs masqués de la scène régionale et internationale auprès des rebelles depuis l’indépendance de notre pays.

«La position géostratégique du Mali (pays central) entouré de 7 pays et 7.420 km de frontières se passe de commentaire», analyse M. Diakité.  Ainsi, le Mali compte 6 bassins pétroliers qui couvrent plus de 80 % du territoire. Et 7 sur 10 régions (Kayes, Koulikoro, Tombouctou, Gao Kidal, Ménaka et Taoudéni). Si sous le président Amadou Toumani Touré, les recherches s’étaient focalisées sur le septentrion et Nara (Taoudéni, Lullumaden, Tamesna, Fossés de Gao et de Nara), le triangle Diéma-Bafoulabé-Yelimané semble être le plus riche en hydrocarbures. Mais, peu de gens sont au courant de l’existence de ce précieux triangle.

Rares sont les métaux précieux (or, diamant, uranium) qu’on ne trouve pas dans le sous-sol malien, du nord au sud et d’Est en ouest. Sans compter  les «Terres rares» de la région de Kidal qui contiennent 17 métaux précieux et stratégiques utilisés dans les nouvelles technologies. En plus des métaux lourds (fer, bauxite, manganèse…), les matériaux de construction sont d’autres atouts économiques pour le Mali, avec notamment d’importants gisements au nord du pays.

La zone de Goundam (Tombouctou) dispose d’importants gisements de calcaire à Bad-El Héri (9,37 millions de tonnes) et à Macorè (8,24 millions de tonnes). Le gisement de calcaire de Dimamou (Hombori) regorge de plus 40 millions de tonnes. Sans oublier le gypse à Tessalit (35 millions de tonnes), à Gongotéri (8 millions de tonnes), Astro (30 millions de tonnes). Du marbre à Sélekegny (10.6 Millions de tonnes de marbre blanc, jaune, noir)…

Les enjeux géostratégiques de la partition du Mali

Cette présentation des potentialités du sous-sol malien n’est qu’approximative quand on sait qu’à la date de septembre 2007, le Mali ne comptait que 133 feuilles topographiques au 1/200000 sur lesquelles seules 25 (18.8%) ont fait l’objet d’une cartographie géologique. C’est dire que le sous-sol malien est à peine connu des Maliens. Mais, visiblement, il ne semble avoir aucun secret pour l’ancienne puissance coloniale.

La France n’est pas au Mali pour lutter contre le terrorisme et la stabilisation du pays comme on essaye de nous le faire croire hypocritement. Elle est là pour nous déstabiliser, nous fragiliser politiquement afin de parvenir à la partition du pays. Dans l’ombre, l’Hexagone œuvre à cela, travaille à l’indépendance de l’imaginaire «Azawad» pour mieux s’approprier les ressources de cette zone qui n’est pas si pauvre que le croit la majorité des Maliens.

«Les 3 régions du nord Mali (aujourd’hui 5) ne représentent pas seulement les 2/3 du territoire national, mais ils renferment d’immenses potentialités minières et d’hydrocarbures», développe Diatrou Diakité dans son «Esquisse de politique d’utilisation des ressources naturelles pour le développement du Mali». Le septentrion abrite 4 bassins pétroliers (Taoudéni, Lullumaden, Tamesna et Fossé de Gao) sur 6 que compte le Mali. L’épicentre du bassin de Taoudéni qui s’étend sur plusieurs pays (1 500 000 km²) se trouve en territoire malien. Là, deux sociétés étaient actives jusqu’en 2012. Il s’agit d’ENI (Italie) et SONACOTRACH (Algérie). Si les deux sociétés sont associées sur les blocs 1-2-3-4, les Algériens sont seuls sur le bloc 20 qui fait 40 000 km2.

La région de Kidal présente des potentialités énormes en or, en uranium et aussi en hydrocarbures. Et c’est à Ansongo que se trouvent les meilleurs et les plus importants gisements de manganèse du Mali. La France s’est habillée en sauveur pour mieux s’implanter dans ces régions afin de piller ses richesses dans le dos de la République.

Ceux qui se battent pour dénoncer cette visée impérialiste sont traités d’affabulateurs par sa représentation diplomatique dans notre pays. Qu’apportent tous ces avions qui atterrissent sans contrôle dans ces zones et quelle est leur cargaison au retour ?

Le vrai enjeu de la crise malienne est dans cette réponse !

Moussa Bolly

SourceLe Matin

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