C’est une touche supplémentaire du tableau d’incohérence qui d’inconsistance qui se dessine depuis le début de cette Transition qui est mise avec l’annonce par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD), le Lt-Colonel Abdoulaye MAIGA, avec l’annonce du chronogramme des élections référendaire et générales. C’est la solution miracle au désastre promis par une gestion spasmodique des affaires publiques, une formidable démonstration d’immaturité politique serait-on tenté de dire.
Dans le méli-mélo gouvernemental chacun voit midi à sa porte et manœuvre à tirer à lui la couverture.
D’une part, il y a le Premier ministre s’est exercé à dorer la pilule et à chanter la pomme à ses hôtes, par ses propos aguicheurs, dans son discours, lors de sa rencontre avec la classe politique, au CICB : « aujourd’hui, nous faisons honneur à la démocratie, celle qui se nourrit de dialogue et se fortifie dans la concertation ».
Dans une démarche affriolante, surfant sur le fantasme d’inclusivité de la classe politique, il fait miroiter : « je compte mettre au point avec vous des mécanismes aptes à répondre aux urgences, mais surtout à préparer l’avenir ».
La musique était tellement douce qu’elle a bercé les oreilles du Secrétaire général de l’ONU qui, dans son Rapport trimestriel du mois de mars 2021 sur la situation au Mali, écrit: ‘’le 10 février, le Premier ministre a engagé un dialogue officiel avec les dirigeants des partis politiques au sujet du programme de réformes politiques et institutionnelles du Gouvernement de transition, notant que les dirigeants politiques avaient un rôle essentiel à jouer dans ces réformes’’.
Cette saveur particulière cache mal que la Primature et le MATD sont dans un jeu de coopération-compétition, chacun voulant monopoliser les cartes gagnantes. La scène ubuesque offre un Premier ministre fauchant l’herbe sous le pied de son ministre qui n’entend pas en retour se laisser conter fleurette. Comme par un réflexe de survie, le Lieutenant-Colonel dégaine un chronogramme concocté certainement dans les arrière-boutiques de son département.
Cette scène de ménage ministérielle est exacerbée par la pression amicale exercée par le Conseil de sécurité qui a demandé, lors de sa dernière session sur la situation au Mali, un calendrier électoral clair. Le chronogramme n’est alors que la géniture de l’injonction ourlée dans le politiquement correct.
Naturellement, le regroupement politique Espérance Nouvelle (Jigiya Kura), dans un communiqué daté du 18 novembre 2021 tire à vue sur ‘’le manque de concertation préalable avec la classe politique et la société civile’’ dans le processus d’adoption du chronogramme des élections.
Faudrait-il s’attendre à ce que toutes les planètes soient alignées avec cette administration qui tire à hue et à dia ? Ce serait chercher le bouton à cinq pattes dans un monde où seule compte la voix onusienne, en faisant la morgue à l’opinion nationale dans son expression politique et de la société civile.
L’application de ce chronogramme des élections référendaire et générales, devrait incliner d’assumer le passage d’un traitement symptomatique à un traitement plus en profondeur, en expiant les défaillances. Parce que l’heure n’est ni au lyrisme grandiloquent ni aux prises de position pontifiantes sur un document qui affiche des limites flagrantes.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN