Il n’est pas rare d’entendre en Afrique que notre pays à rembourser ses dettes à ses créanciers. Pour s’en convaincre, les journalistes prennent le soin de démontrer que tout est simplement un mensonge. Depuis 1980, les nécessités du développement ont poussé les États de l’Afrique subsaharienne à faire appel à des crédits extérieurs pour financer leurs infrastructures ou mener à bien de grands projets.
Le gouvernement de transition a annoncé le paiement de 200 milliards de francs CFA pour alléger la dette intérieure. Cette somme représente «instances».Le premier sommet du G7 en juin 1988 à Toronto décide l’allégement de 33% de la dette publique des pays les plus pauvres afin de permettre aux pays de faire face aux échéances de la dette multilatérale. Mais les pays africains ne peuvent plus rembourser leur dette. Un autre allègement est consenti par la France à Dakar en 1989 portant sur l’annulation de la dette bilatérale pour trente-cinq (35) pays africains et un montant global de 27 milliards de francs. C’est le Trésor public français qui, à la place des États, règle leur échéance aux créanciers.On parle incessamment d’annuler ou d’éponger la dette. En 2005, le sommet G8 décide de l’effacement de la dette de dix-huit (18) Pays pauvres très endettés (PPTE) pour 40 milliards de dollars.Les PPTE, cette politique lancée en 1996 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) concerne quarante-deux (42) pays est une initiative considérable d’allègement des créances.Mais les créances, les dettes intérieure et extérieure plombent le décollage. Selon certaines sources, la dette intérieure du Mali atteindrait 3813 milliards de francs CFA. Elle serait liée à des obligations du Trésor public: des bons du Trésor, les fournisseurs, les opérateurs économiques et baux de location des immeubles abrités par certains services de l’État.Quant à la dette extérieure, elle est un fardeau pour l’économie. Le Mali fonctionne sur ses propres ressources. Conséquences: inflation et paupérisation rampante sont les dernières tendances. Toujours dans le même chapitre, plus de 200 entreprises du secteur privé, attendent de l’État le paiement de leurs créances pour se remettre au travail.La dette publique pèse lourdement sur les rentrées d’argent du Trésor public. Quant aux créanciers internes, ils doivent attendre. Notre pays ploie sous le coup de la dette intérieure et extérieure depuis belle lurette, aggravant les déficits budgétaires et paralysant les investissements. Tout change, mais rien ne changeÀ longueur de journée, la communication gouvernementale vante ses bons résultats et ses bonnes intentions dans presque tous les domaines de la vie nationale malienne. Pourtant, la population, ou le « petit peuple », ne voit aucune amélioration de ses conditions de vie. Pour le citoyen « lambda », « tout change, mais rien ne change ». Il y a de quoi s’interroger sur le discours des « Commandeurs ». À l’époque coloniale, le peuple les appelait « Baba Commandant ». Comme leurs prédécesseurs, les « Baba Commandants » sont venus, ont fait leur temps, puis sont partis, chassés par l’Indépendance. En 1968, l’Indépendance a été remplacée par les militaires, qui ont promis « monts et merveilles » au Peuple Résilient. Cependant, celui-ci a été écrasé par l’Ajustement Structurel, un camouflage mal déguisé de l’Occident pour perpétuer sa domination sur l’Afrique et les « pays en développement », qualifiés aussi de « Pays Pauvres Très Endettés ». L’Occident aime bien choisir ses formules, car, ainsi, il domine dans la réalité quotidienne tout en humiliant ses « sujets ». Il ne faut jamais sous-estimer le Pouvoir et la Force des mots.Les jours se suivent, mais ne se ressemblent jamais. Certes, la situation est plus difficile aujourd’hui, mais demain sera encore plus compliqué qu’hier: coupures d’électricité non maîtrisées, inflation galopante à l’approche du Ramadan… L’insécurité rend tout plus complexe, malgré les avancées de des vaillantes FAMa. Mais ces progrès indéniables pour le renforcement de notre souveraineté doivent être accompagnés simultanément par l’éradication de « l’Insécurité Humaine », c’est-à-dire, le droit à la santé, à l’éducation, à la justice, à un cadre de vie décent, etc. Cela permettra de réconcilier le Peuple avec ses gouvernants. Bannissons du Mali de nos rêves, par des gestes forts, « l’État patrimonial » qui permet à un dirigeant de « puiser dans les caisses de l’État » à sa guise, de financer des « projets mal pensés » en dehors du budget national. Le Mali de nos rêves consistera à mettre fin à la « Démocrature », qui permet à un « Démocrate sincère et convaincu » d’annuler les résultats des élections législatives pour imposer son candidat à la présidence de l’Assemblée nationale en manipulant la Cour dite « Constitutionnelle ». La démocratie, ce n’est pas un « simili de démocratie », c’est le pouvoir temporaire que le Peuple délègue à ses représentants pour des matières bien définies.La « lutte contre la corruption » doit être simplifiée, car les arguties juridiques s’étaleront pendant des années. Soit le voleur mourra « de mort naturelle », soit il échappera aux mailles du filet de la justice. N’est-ce pas là une forme d’injustice ? Déjà, à l’époque, Monseigneur Luc Sangaré, Archevêque de Bamako, s’était interrogé: « Quel est ce pêcheur dont les mailles du filet attrapent les petits poissons tout en laissant échapper les gros poissons ? »Au Ghana, le Capitaine Jerry Rawlings a résolu radicalement la question de la corruption des différents régimes de 1966 à 1979 en fusillant trois chefs corrompus dont les généraux Acheampong et Afrifa. Un pouvoir ne doit jamais engendrer des milliardaires fonctionnaires (militaires ou civiles) au Mali. Un dirigeant ne doit jamais mentir au vu et au su de tout le monde. Pouvons-nous vraiment nous considérer comme les « dignes héritiers » de nos ancêtres, qui considéraient la parole comme sacrée ?Le Peuple aime la clarté, la simplicité, la détermination. Il voit tout, il entend tout, il connaît les dirigeants mieux que ces derniers ne le pensent. Le Peuple n’est pas pressé, car le paysan sait qu’une semence ne peut germer du jour au lendemain; il faut labourer et arroser patiemment le sillon.Le Peuple sait que « le sommet est le point le plus proche du précipice ».Le Peuple endurera tout: multiplication des taxes, la voix rouillée des Situationnistes et Propagandistes-mercenaires de tout acabit, sans foi ni loi, se goinfrant des prébendes de l’État. Mais lorsque la bonne foi ne se concrétise pas, elle devient mauvaise foi.À bon entendeur, on s’en fout !Source: Le Poing
Source : Inter de Bamako