Sous la bannière d’un nouveau front de défense des acquis démocratiques et de respect de la Constitution, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Bamako au Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ, le 3 mai 2020, avec comme objectifs : préserver les fondements démocratiques et l’Etat de droit.
Venus pour tenir un meeting, ils se sont finalement contentés d’un simple communiqué. En cause, ni les leaders, ni leurs partisans n’ont pu accéder à la salle devant abriter le rendez-vous annoncé comme une rencontre d’information. Celle-ci sera finalement annulée sur fond de sabotage orchestré par des pro-régimes, avec à leur tête un membre du CNT et un chargé de mission à la Primature comme instigateurs de la prise d’assaut des lieux la veille. Une partition des forces de l’ordre fera ensuite le reste et devant l’impossibilité d’accéder au Palais, les leaders du «front du non» ont été obligé de démobiliser leurs partisans qu’ils ont invité à rentrer à la maison en attendant le nouveau mot d’ordre. Ça n’était pas assez pour empêcher la foule, frustrée et surexcitée, de réclamer le départ des militaires du pouvoir et l’organisation d’élections pour un retour sans délai à l’ordre constitutionnel. Sur les pancartes brandies à la devanture du Palais de la Culture, on pouvait ainsi lire des slogans hostiles à la junte comme «vive la liberté d’expression », «vive la démocratie», «vive le multipartisme», «non à la violation de la Constitution» «À bas la dictature», etc. La manifestation de colère atteindra son clou avec la publication d’un communiqué quelques heures après le meeting raté des 101 formations politiques, lesquels y condamnent les velléités de «restriction des activités politiques, de suspension ou de dissolution des partis politiques». Toutes chose qu’ils assimilent à des « atteintes graves et directes à la Constitution, à la Charte de la Transition et à la souveraineté du peuple». « Nous ne reconnaissons aucun Président de la République ni aucun mandat non issu d’élections libres, transparentes et démocratiques et dénonçons la suspension de toute perspective d’élections pour une durée indéfinie, jusqu’à la « pacification du pays », ont-ils prévenu par la même occasion, avant de rejeter les conclusions issues des récentes concertations pour la relecture des Chartes. Et d’exiger la fin effective de la transition en cours et le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 31 décembre 2025, en appelant à la mise en place d’un calendrier rapide et consensuel pour ce faire.
Le front politique a par ailleurs exigé la libération immédiate de tous les détenus d’opinion ainsi que le retour sans condition des exilés politiques, conformément aux principes de justice et de réconciliation nationale.
Et comme action à court terme, ils envisagent de saisir les juridictions compétentes, suprêmes et constitutionnelles, pour annuler tout acte inconstitutionnel ou vicié par des excès de pouvoirs. Ils disent se réserver également «le droit d’engager des poursuites judiciaires contre tout fonctionnaire ou agent public qui aura trempé dans une éventuelle manipulation de la Constitution ou dans l’organisation de mécanismes illégaux de dissolution des partis politiques et d’atteinte aux libertés de citoyens maliens.
Entre autres leaders, on notait la présence d’Amadou Koita du PS Yelen Kura, Yaya Sangaré de l’Adema, le politologue Cheick Oumar Doumbia, Hamidou Doumbia du Yelema, Sekou Niamey Bathily du Rpm, Ibrahim Tamega, de la SADI et Paul Ismael Boro.
Le M5-RFP-Mali Kura était représenté par le Président de son comité stratégique, Dr Bouréima Afo Traore ainsi que Mme Sy Kadiatou Sow. Mais c’est surtout la présence de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Ali Noumhoum Diallo, du haut de ses 87 ans, qui aura retenu les attentions. Démocrate dans l’âme et dans le cœur, la présidente d’honneur du Parena et membre fondateur de CNID association, l’une des composantes de la lutte ayant eu raison du régime du Général Moussa Traoré, étaient également du front pour dire non à la dictature naissante, qui ont marqué les esprits.
Amidou Keita