L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, a bouclé lundi sa mission au Sahara occidental, où de nouveaux incidents ont eu lieu dimanche à Smara (est), selon un responsable local d’une ONG marocaine.
M. Ross, qui s’était rendu au préalable à Rabat puis dans les camps sahraouis de Tindouf, en Algérie, s’est entretenu durant tout le week-end avec des dirigeants locaux mais aussi des représentants de la société civile, anti et pro-indépendance.
Il a quitté lundi l’ex colonie espagnole, contrôlée par le Maroc mais revendiquée par les indépendantistes du Polisario, en direction de la Mauritanie puis d’Alger, selon un correspondant de l’AFP.
Des consultations sur le Sahara sont ensuite prévues le 30 octobre au Conseil de sécurité de l’ONU.
Des incidents ont émaillé cette nouvelle visite de terrain –la troisième– de l’émissaire onusien.
Dimanche, une vingtaine de personnes ont ainsi été blessées, dont une grièvement, à Smara, ville où Christopher Ross effectuait un déplacement inédit, a affirmé à l’AFP M’Barek Dalaan, responsable local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante).
Selon cette source, les forces de l’ordre sont intervenues vers 15H00 (14H00 GMT) pour empêcher tout rassemblement.
Les autorités n’ont, pour leur part, pas fait état de heurts.
Smara est située à quelque 200 km au sud-est de Laâyoune, la principale ville du Sahara occidental, où des violences avaient déjà eu lieu samedi en marge de la visite de M. Ross.
Citée par l’agence MAP, la préfecture de Laâyoune a dénoncé des “actes de vandalisme et de violence” commis par “quelque 400 individus”, faisant état de cinq policiers blessés.
Le responsable de l’AMDH, Hamoud Iguilid, a pour sa part évoqué “plusieurs dizaines” de personnes blessées. “Des policiers en civil ont violemment empêché les rassemblements”, a-t-il notamment avancé, précisant que son ONG avait rédigé un rapport.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la Minurso, la mission de l’ONU présente depuis 1991 au Sahara, n’a pas souhaité faire de commentaire. Christopher Ross n’a pas, non plus, fait de déclaration durant son séjour.
Emissaire de Ban Ki-moon depuis 2009, il tente de sortir ce dossier de l’impasse, jugeant sa résolution “plus urgente que jamais” compte tenu de l’instabilité croissante au Sahel.
Un temps désavoué par le Maroc sur des accusations de “partialité”, il a été conforté à l’été 2012 par M. Ban, avant d’effectuer une première visite à Laâyoune en novembre.
Le Maroc, qui contrôle ce territoire depuis les années 1970, lui propose une large autonomie sous sa souveraineté. Mais le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination.
Le Sahara occidental, vaste territoire d’un demi-million d’habitants, est le seul du continent africain dont le statut post-colonial n’a toujours pas été réglé.
La dernière prolongation en date de la Minurso, en avril, a donné lieu à une controverse, Washington proposant un temps d’élargir son mandat aux droits de l’Homme, à la grande fureur de Rabat.
Cet épisode avait été suivi par des manifestations indépendantistes.
S’exprimant sur le sujet, le roi Mohammed VI a récemment jugé la situation “difficile”.
Ce dossier empoissonne en outre les relations entre Rabat et Alger, entravant la mise en ?uvre de l’Union du Maghreb arabe (UMA).