Constitutionnellement, les députés à l’Assemblée nationale (AN) ont un rôle prépondérant dans la vie sociopolitique du Mali. Le député vote les lois régissant la conduite globale de la nation tant sur le plan politique, économique, social que culturel. C’est lui qui doit contrôler régulièrement les actions gouvernementales quant à l’exécution correcte et responsable des lois votées par l’Assemblée nationale. En dépit de l’importance de leurs prérogatives, les maliens votent de moins en moins aux différentes législatives. Décryptage !
Elus au suffrage universel direct à deux tours, les députés sont normalement les représentants légitimes du peuple. A cet effet, le député a le devoir de défendre, en âme et en conscience, les intérêts basiques des populations qui l’ont élu. Ainsi, même si l’article 64 de la Constitution malienne stipule que « tout mandat impératif est nul », c’est-à-dire qu’un député élu n’est pas contraint de défendre les seuls intérêts des populations qui l’ont élu dans une circonscription donnée mais qu’il a plutôt le devoir de défendre les intérêts de la nation toute entière, le député doit être le plus proche des populations de sa circonscription électorale. Ce qui sous-tend que l’élu doit périodiquement rendre compte des activités de l’AN aux populations qui l’ont élu (faire de la restitution). Il doit être l’intermédiaire entre les populations et l’administration. Ce qui est malheureusement loin d’être le cas des « honorables » maliens. Qui n’honorent point les nobles missions à elles dévolues par la Constitution.
Les députés en déphasage avec les populations
En pratique, les députés maliens dans leur écrasante majorité ne sont pas en phase avec ceux qui les ont élus. Une fois les échéantes électorales consommées, la majorité de nos députés ne reviennent plus vers eux pour assurer leur devoir de restitution des activités menées par l’Assemblée nationale. Ils n’œuvrent plus dans la défense des intérêts basiques du peuple vis-à-vis de l’exécutif. Pis, nos députés sont très indifférents aux problèmes du peuple. Mais ils font tout afin que leurs traitements soient de plus en plus alléchants.
Au lieu d’œuvrer en votant des lois qui renforcent le système démocratique dans l’intérêt du peuple, « les honorables » maliens, ne roulent que pour leurs intérêt égoïste. Une fois à l’hémicycle, ils s’adonnent au nomadisme politique en rejoignant le plus souvent la majorité présidentielle, sans aucun scrupule pour leur électorat. Notre assemblée nationale devient ainsi une véritable caisse de résonnance du pouvoir exécutif.
Au regard de ce constat, nos populations ne se rendent plus nombreux aux urnes pour l’élection de leurs représentants à l’hémicycle. Ce qui a pour conséquence fâcheuse, une baisse vertigineuse du taux de participation au scrutin législatif. Désormais, pour pallier ce déficit de participation au scrutin, les candidats ont généralement recours aux achats de conscience lors des votes. Toutes choses qui ont pour effets néfastes, la régression du système démocratique dans notre Maliba. U pays dont les populations ont accéder en 1992 à la liberté d’expression et le pluralisme politique par un bain de sang !
Falaye Keïta