Les législatives de dimanche prochain constituent un autre test pour un Mali en quête de stabilité. Ce scrutin, qui doit être une réussite après une élection présidentielle globalement satisfaisante, clarifierait beaucoup de choses tant sur le plan sécuritaire que politique.
Le Mali s’apprête à vivre d’autres élections après une présidentielle de tous les dangers. Les périls existent toujours même s’ils sont aujourd’hui moins latents qu’hier. L’atmosphère électrique et les incertitudes qui ont entouré l’élection présidentielle doivent avoir servi de leçon aux uns et aux autres. La dernière élection a permis de détecter les défaillances du processus électoral et d’en corriger avant cet autre scrutin à grands enjeux. En toute logique, notre pays semble aujourd’hui mieux équipé qu’hier en termes de logistique pour satisfaire aux conditions minimales d’une élection de référence. Toutefois, les inquiétudes ne manquent pas. De la sécurité à la transparence de l’élection des députés en passant par le taux de participation des électeurs et l’organisation du scrutin sur toute l’étendue du territoire national, les appréhensions sont multiples. Il faudrait se surpasser et privilégier les intérêts d’un pays en quête de stabilité pour qu’au soir du 24 novembre le Mali puisse encore sortir grandi.
La région de Kidal demeure l’un des soucis majeurs du Mali et de ses partenaires. La zone est toujours victime de velléités sécessionnistes de certains mouvements dont le MNLA. Ce dernier doit être nanti de lourds soutiens externes pour pouvoir prendre toute une région en otage aussi longtemps. Le désordre qui règne actuellement dans la région et entretenu par le MNLA et ses associés fait planer le doute sur la bonne organisation des élections législatives dans cette localité. L’on se souvient que grâce notamment à l’accord politique de Ouagadougou, la présidentielle avait été seulement symbolique à Kidal. De quoi satisfaire certaines personnalités qui ne croyaient pas vraiment à voir des Maliens voter dans la 8e région du Mali. Cependant, le Mali ne peut plus se contenter d’une élection de façade sur son territoire. Les législatives sont des élections de proximité et tous les fils de cette nation ont le droit de designer ceux à même de les représenter dignement à l’hémicycle. Sans aucune entrave. Or à Kidal, le MNLA est monté sur ses grands chevaux pour visiblement empêcher la tenue du scrutin et saboter les initiatives de l’Etat.
Vers la fin du mandarinat électoral
Les bâtiments publics jusque-là illégalement occupés par les ex-rebelles ont été libérés seulement la semaine dernière et le gouverneur de la région, le colonel d’aviation Adama Kamissoko n’arrive pas à exercer son autorité sur la région. Toutes choses qui avaient motivé la demande du front anti-putsch de reporter le scrutin à Kidal. Une requête à laquelle le gouvernement n’a pas répondu favorablement.
La bonne organisation des législatives à Gao et Tombouctou, les deux autres régions du Nord, reste aussi un grand défi pour le Mali. Les tentatives de sabotage, à travers des scènes de violence intermittentes, ne sont pas des signes porteurs d’espoir. Mais, l’Etat doit plus que jamais rester fort, avec le soutien de la Minusma et de ses autres partenaires. Réussir l’organisation des législatives à Gao et à Tombouctou contribuerait énormément à l’ancrage de la démocratie au Mali et serait un autre camouflet pour les ennemis de la nation. Les élus qui sortiront de ces législatives dans ces régions porteront les légitimes préoccupations de leurs mandants à l’hémicycle et partout où besoin sera. Ce qui serait d’un grand apport à la reconstruction de ces zones dévastées et à la réconciliation des cœurs et des esprits. C’est déjà une bonne chose de voir tant d’engouement que ces législatives suscitent dans ces localités avec une multitude de candidatures et une campagne électorale dénuée de toute animosité. Il faut souhaiter que cet enthousiasme se traduise par un taux de participation acceptable.
Au-delà des régions du Nord, l’atmosphère générale de cette campagne électorale illustre de la maturité politique des Maliens. Ceux-ci savent que des élections paisibles aideraient à ressouder le tissu social et à remettre le pays sur le droit chemin. Aussi sont-ils plus conscients de l’opportunisme de certains candidats à ces élections. Ces derniers ne consultent leur base qu’à la veille des scrutins et une fois élus, ils relèguent au second plan les préoccupations de leurs mandants. Une négligence coupable qui pourrait se traduire par un vote sanction cette fois-ci.
Il n’est pas d’ailleurs surprenant de constater que des vieilles figures de la scène politique qui siègent à l’Assemblée nationale depuis belle lurette sont menacées dans leur circonscription. L’émergence de jeunes loups et l’éveil de conscience des populations seraient passés par là.
Les alliances contre nature et les combines sordides n’auront donc pas assez de place. Ce qui est d’autant vrai que la campagne pour ces législatives a déjà scellé le sort de certains candidats et acteurs du mouvement démocratique, qui, au lieu de reposer leurs candidatures sur leurs propres forces, ont souhaité profiter de l’influence sociale apparente de leurs colistiers pour se faire réélire. Une peine perdue puisque les électeurs semblent fatigués des députés « égocentriques ». Ces derniers ne seront, cependant, pas les seuls candidats malheureux au soir du 24 novembre en ce sens que certains de leurs collègues, qui avaient pu compter sur le soutien du régime déchu d’ATT pour se frayer un chemin vers l’hémicycle, ont d’ores et déjà dit adieu Parlement.
Ogopémo Ouologuem
(correspondant aux USA)
Les échos