« Vendredi dernier, dans la région de Kayes, le mot d’ordre de la journée était clair, rapporte Le Républicain à Bamako : “Bloquons tout !“ » Pour faire pression sur le gouvernement afin de sortir de l’enclavement, plusieurs associations (rassemblées au sein du collectif Sirako, « ce qui concerne la route » en bambara), avaient appelé à bloquer les routes de la région, par le biais de manifestations et d’opérations escargot.
« À Kayes, ici, l’opération a été un franc succès, explique un manifestant joint par le journal. C’est un ras-le-bol général que nous voulions exprimer. C’est inadmissible que nous n’ayons pas de routes. Nos gouvernants doivent avoir honte de la situation actuelle de nos routes. L’action a été une réussite. Tout s’est passé sans incident. »
« Nous avons décidé de bloquer toutes les voies d’accès aux régions de Koulikoro et de Kayes jusqu’à ce que la route nationale Bamako-Kayes soit réparée, que le train redémarre et jusqu’à ce que l’aéroport international Dag Dag soit opérationnel », renchérit Mamedy Dramé, un des organisateurs de la manifestation, toujours dans les colonnes du Républicain.
Il faut dire, poursuit Le Républicain, que « l’état de la route nationale Bamako-Kayes est dans un état de dégradation très poussée qui inquiète les usagers, surtout en cette période de grandes pluies. Les difficultés sont énormes pour rallier la capitale et vice-versa. »
Le général Diawara plus efficace que le Premier ministre ?
Finalement, après discussion avec les autorités hier et avant-hier, les manifestants ont obtenu gain de cause. « Les travaux de réhabilitation de la RN3 et RN4 démarreront le 20 septembre, soit un délai de trois semaines !, rapporte Malijet.Co Les barricades ont été levées à Kati, poste de péage à l’entrée de Bamako, en présence du ministre des Transports. »
Une première négociation avait eu lieu lundi entre le Premier ministre Boubou Cissé et les délégations du collectif Sirako. Sans succès… Du coup, rapporte Info-Matin, « le président IBK, en visite au Japon, a instruit le directeur de la sécurité d’État, le général Moussa Diawara, de prendre en main le dossier pour trouver une solution avant son retour. L’officier, efficace, très au fait des aspirations des populations et des enjeux nationaux, a donc pris discrètement le relais. Et au terme d’intenses échanges de sensibilisation et d’engagements fermes, il a donc obtenu la levée des barricades. »
Commentaire d’Info-Matin : « En réussissant à apaiser une situation potentiellement dangereuse pour l’accalmie et la stabilité sociale, le général Diawara a réussi là où le Premier ministre et tout son gouvernement ont fait chou blanc. Cette issue heureuse après cinq jours de blocage va immanquablement faire jaser sur l’efficacité du gouvernement, qui n’a pas été capable de faire des propositions susceptibles d’avoir l’adhésion des protestataires. »
Le problème récurrent du racket
Par ailleurs, autre problème concernant le transport routier au Mali et même au-delà : le racket permanent aux postes de contrôle. Un racket dénoncé par le site d’information Benbéré : « Pour éviter les braquages ou toute autre forme d’insécurité sur l’axe Gao-Sévaré, les voyageurs qui optent pour le tronçon Gao-Bobo Dioulasso-Bamako, en passant par Niamey, se retrouvent finalement animés par le sentiment d’être encore plus en insécurité, en raison des multiples rackets dont ils font l’objet au niveau des différents postes de contrôle entre le Niger, le Burkina et le Mali. »
« Pour quitter Gao et se rendre à Bamako, et vice-versa, explique Benbéré, il faut traverser deux pays : le Niger et le Burkina Faso. Voyager d’une ville à une autre est désormais devenu un voyage pour gens riches. Il faut débourser près de 50 000 francs CFA pour arriver à l’autre bout. De Gao à Bamako en passant par Labezanga et Bobo Dioulasso au Burkina, la corruption et le racket ont désormais droit de cité. Sur ce tronçon, les documents de voyage comptent peu, même s’ils sont contrôlés. La seule chose qui prime, ce sont les 1 000 à 2 000 francs CFA que vous payez à chaque poste. Le pire, déplore encore Benbéré, c’est le silence coupable des autorités des deux pays, qui semblent cautionner cette situation. »
RFI