Le chef d’Etat s’exprimait lors du panel consacré au thème sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée
Au soir du premier jour de la TICAD, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a co-animé avec le président kenyan, Uhuru Kenyatta, le débat sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée. Les participants sont venus en grand nombre écouter la vision du chef de l’Etat sur ce thème qui constituait l’un des grands axes de la conférence de Nairobi.
Président d’un pays en proie à la crise depuis plusieurs années, Ibrahim Boubacar Keita sait, mieux que quiconque, que «la paix est la condition sine que non de tout développement ». Il a rappelé que l’absence de paix sape «les efforts déployés pour rendre les peuples africains contemporains de leur siècle et pour qu’ils puissent vivre eux aussi des bienfaits des progrès humains. Quel pays, autre que le Japon, fait en sorte que cette technologie nouvelle soit aujourd’hui au service de l’humanité! ».
Mais, s’interroge-t-il, comment en faire profiter les nations qui sont agitées quotidiennement par des actes terroristes ? « Il nous faut un monde apaisé pour que les progrès humains puissent se faire sentir », a souhaité le président Keita.
Le président de la République a rappelé que l’Afrique de l’Ouest a été déstabilisée par une flambée de violence, en particulier chez nous et dans le Nord du Nigeria. Le trafic de drogue et la piraterie maritime s’y sont également enracinés. Pour lui, ces défis menacent les institutions et ont des conséquences à long terme sur le tissu social, politique et économique des pays. « Le principal défi pour la sous-région sera de surmonter la violence et la fragilité dans ses zones les plus vulnérables. Les conflits liés à l’extrémisme sont des facteurs endogènes et exogènes de perturbations que les institutions locales ou régionales ont du mal à contenir. L’évolution rapide des sociétés africaines en période post conflit exige des efforts considérables d’adaptation des institutions locales. Celles-ci doivent s’adopter rapidement tout en veillant à leur légitimité et leur efficacité », analysera le président Keita.
Parlant du cas singulier du Mali, il a fait tour d’horizon des sacrifices qui ont abouti à un accord de paix signé à Bamako. Mais l’accord n’est que le début d’une seconde phase, celle de la reconstruction et du bénéfice des dividendes de la paix. A ce sujet, Ibrahim Boubacar Keita a évoqué la conférence de Paris au cours de laquelle beaucoup de promesses ont été faites. Celles-ci tardent à se concrétiser, déplorera-t-il avant d’inviter les partenaires à se rappeler de leurs engagements. « Cela est dommage parce qu’il compromet l’équilibre et la paix fragile. Parce que les populations savent qu’il y a eu cette conférence-là et que des sommes ont été promises mais que le gouvernement du Mali n’a pas eu en sa possession. Ce qui est attendu en termes de développement local n’est pas au rendez-vous », a déploré Ibrahim Boubacar Keita pour qui «conclure la paix est plus facile que la maintenir et la parachever ».
En marge du sommet, le chef de l’Etat a eu des rencontres bilatérales. Dans ce cadre, il a accordé une audience au patron de la Fondation Sassakawa, Yoheï Sassakawa, avec lequel les échanges ont porté sur l’intensification des activités de cette organisation dans le domaine agricole en favorisant l’employabilité des femmes. La Fondation Sassakawa est présente dans notre pays depuis de nombreuses années à travers Sassakawa Global 2000 qui œuvre dans le domaine de l’agriculture.
Ensuite, le chef de l’Etat a reçu le directeur exécutif du Fonds mondial, Marc Dybul, avec qui il a été question de la reconstruction de cette organisation internationale de financement de diverses maladies infectieuses, en vue de faire face aux nouveaux défis de la santé publique. A sa sortie d’audience, Marc Dybul s’est dit impressionné par l’efficacité avec laquelle les autorités maliennes ont combattu l’épidémie Ebola.
Envoyés spéciaux
A. M. C
Et H. K
Source : L’Essor