Portant bien le poids des ans, IBK qui entend rester le commandant de bord du bateau Mali se montre attentif aux détresses de ses compatriotes. Ainsi, s’il entend assumer ses obligations constitutionnelles, ses prérogatives constitutionnelles, elles ne devraient faire l’objet d’aucun marchandage. Pour marquer la différence entre un changement de gouvernement et un gouvernement de changement, IBK se fixe un nouveau cap. Il exhorte ses compatriotes à l’union pour des solutions urgentes et concertées sur les crises que traverse le Mali. Lisez les 10 axes de l’adresse à la Nation du Président IBK de ce 14 juin.
Axe 1 : rhétorique
gaulliste
‘’J’ai entendu les colères et les cris. J’ai entendu les revendications et les interpellations. Chaque Malien qui souffre ou qui manifeste m’interpelle et mérite mon attention, car ma mission est de servir le Mali’’.
Le Président IBK que la rumeur faisait passer de vie à trépas, en commençant son discours dans le grand art oratoire du gaullisme, a voulu dire à ses compatriotes qu’il est et reste cet homme d’État qui veut mériter de la confiance qu’ils ont investie en lui. ‘’J’ai entendu les colères et les cris. J’ai entendu les revendications et les interpellations. Chaque Malien qui souffre ou qui manifeste m’interpelle et mérite mon attention, car ma mission est de servir le Mali’’, dira-t-il.
En faisant recours aux propos du «plus illustres des Français » tenus le 4 juin 1958, le Président IBK a voulu dire à ses adversaires et ses détracteurs qu’il est et reste, comme De Gaule, l’homme de la situation avec tous les atouts pour préserver la Nation et la République. ‘’Chers compatriotes, vous méritez une Nation forte et fière. Je vous ai compris, et c’est cela la lourde responsabilité que j’ai envers vous’’, a-t-il dit.
Loin de radotage et mimétisme insipide, le Président IBK est bel et bien dans le rôle social que lui confère la Constitution. L’article 29 de la Constitution du 25 Février 1992 dispose : ‘’le président de la République est le chef de l’État… Il incarne l’unité nationale’’. Le monarque républicain tel que l’a conçu la Constitution de 1958 (dont nous avons presque fait du copier-coller) est aussi le père de la Nation qui veille non seulement à la cohésion sociale, mais également au bien-être de la Nation.
Axe 2 : Les obligations constitutionnelles
Le monarque républicain tel que l’a conçu la Constitution de 1958 (que nous avons presque copier-coller) est aussi le père de la Nation qui veille non seulement à la cohésion sociale et au bien-être de la Nation. Aussi s’engage-t-il sans démagogie aucune ‘’à ce que chaque Malien puisse se nourrir et nourrir sa famille. Je travaille à ce que les Maliens puissent accéder aux denrées de première nécessité et à des coûts raisonnables’’.
Bien que le pays soit en guerre, la République du Mali, se veut aussi une République sociale telle que l’exige la Constitution : ‘’le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale’’.
Donc le rappel des engagements en matière sociale n’est point une concession face à la pression de la rue, mais bien une obligation constitutionnelle que le Président IBK a entendu replacer dans son contexte : ouvrer pour que les ‘’enfants à l’école afin de leur offrir un avenir certain », mais aussi pour l’accès « à des services de santé de qualité dans un pays au sein duquel la sécurité est assurée sur l’ensemble du territoire », et surtout « afin que le marché de l’emploi soit également plus accessible aux Maliennes et aux Maliens, quel que soit leur âge ou leur catégorie socio-professionnelle’’.
Axe 3 : Les prérogatives constitutionnelles
Président d’un pays en guerre, IBK veut aussi rester le maître à bord dont les mains ne tremblent pas à la barre. En reconduisant dans ses fonctions, ce jeudi, le Chef du gouvernement venu lui remettre sa démission, le Président IBK ne voudrait nullement que ses prérogatives constitutionnelles soient l’objet d’un quelconque marchandage. Conformément à l’article 38 de la Constitution, c’est en effet à lui et à lui seul que revient le pouvoir de nommer le Premier ministre : ‘’le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions’’.
Alors fin match ? Face à la crise multidimensionnelle et la contestation sociale qui s’amplifie, le Président IBK promet de changer de cap et d’annoncer : ‘’une nouvelle équipe gouvernementale sera bientôt composée selon les critères de taille et de qualifications tels recommandés par le Dialogue National Inclusif tenu en Décembre dernier. Cette équipe sera mise au service du Mali et n’aura aucun droit à l’erreur. Elle ne saurait être un simple changement de gouvernement. Elle sera un gouvernement de changement, exclusivement porté sur des résultats définis au préalable et mesurables’’.
Toutes choses qui laissent entrevoir la reconduction tacite de l’Accord Politique de Gouvernance et un compromis avec ses signataires afin de traduire dans le concret la résolution relative à taille du gouvernement. Mais en même temps de calmer, faute de pouvoir les satisfaire, les appétits des uns et des autres. Un pari qui pourrait être très, très difficile à réaliser.
Axe 4 : La nouvelle feuille de route
Si l’on faisait le challenge presque impossible pour le Président IBK et son Premier ministre au regard des appétits aiguisés des uns et des ambitions hypertrophiées des autres, on déjà une idée de la nouvelle feuille de route du prochain gouvernement de Boubou Cissé II : ‘’la nouvelle équipe gouvernementale s’attaquera, entre autres, sous le leadership du Premier ministre, à la mise en œuvre urgente des résultats du Dialogue National Inclusif qui a mis en avant toutes les priorités du peuple malien. Celles-ci sont d’ordre sécuritaire, social, politique et de gouvernance’’.
Le temps du Président IBK s’est-il figé au DNI qui s’est tenu voilà 6 mois ? Que nenni ! Pour le locataire de Koulouba, le DNI est et demeure le point nodal à partir duquel doivent se décliner toutes les solutions de crise.
Pour cette solution de sortie de crise, quelle sera la partition dévolue au Président IBK ?
Axe 5 : les 5 défis
à relever
Au grand dam de ses détracteurs, Boua, comme l’appellent depuis 2018 les Maliens, reste un Septua toujours dynamique et qui entend rester au service de la Nation. Pour prendre en charge rapidement et efficacement les attentes des Maliens et donner suite à leurs doléances, IBK qui ne se veut pas comme un Président qui inaugure les chrysanthèmes s’oblige sur 5 fronts :
-Résoudre la crise scolaire : le Président IBK qui dit attacher ‘’du prix à la résolution complète et rapide de cette crise qui n’a que trop duré’’ a instruit le PM Boubou CISSE ‘’de trouver, dans les meilleurs délais, un accord avec le syndicat des enseignants’’ ;
– Rencontrer ‘’toutes les parties prenantes à la question de la santé, y compris l’Ordre des médecins du Mali et les usagers, afin d’accélérer la mise en œuvre du plan de modernisation de tous les hôpitaux de Bamako. Ce plan de modernisation s’élargit déjà aux régions’’ ;
– ‘’Tirer toutes les leçons des contestations et crispations nées des dernières élections législatives. Nous recherchons une solution idoine et urgente afin de répondre aux frustrations exprimées’’. Ceci pourrait-il aller jusqu’à la remise en cause des résultats du scrutin. Le Président IBK ne le prône pas. Au contraire, il appelle les Maliens à avoir confiance et foi en les institutions de la République.
-Élaborer par le nouveau gouvernement d’un plan Marshall de logement, de réinsertion et de réhabilitation en faveur des déplacés internes notamment ceux vivant dans le quartier de Faladiè en Commune VI, ayant vécu des évènements dramatiques ces derniers temps.
-Accompagner et soutenir nos Forces de Défense et de Sécurité, nos FAMa, dans leur combat quotidien, héroïque et patriotique contre le terrorisme et l’économie criminelle. En effet, explique le commandant en chef de l’armée malienne malgré le tiers du bilan englouti dans la défense chaque année, «nous sommes encore loin de gagner cette bataille ». D’où son appel à l’union sacrée autour de nos FAMa.
Axe 6 : Des solutions urgentes et concertées
Convaincu que c’est dans l’unité et dans l’écoute mutuelle que nous relèverons tous les défis, le Président IBK interpelle les patriotes notamment ceux ont qui fait du DNI cet autre ‘’moment de fierté légitime en raison de ce qu’ensemble nous venions d’accomplir. Je dis bien, ensemble. Car c’est ensemble que nous avons mis sur la table les questions vitales, les interrogations majeures, les grands problèmes qui se posent à notre pays et pour lesquels il faut des solutions urgentes certes, mais surtout durables’’. Invite à l’apaisement et au dialogue ?
Axe 7 : le sens
de la trêve sociale
Ce n’est pas seulement pour l’apaisement politique que le Président IBK plaide. Soucieux de la stabilité de son pays et l’étroitesse de ressources dont il dispose, le Président de tous les Maliens prêche pour aussi la paix sociale. Aussi en appelle-t-il encore au sens patriotique des masses laborieuses en vue de parvenir à une trêve sociale qui ‘’ne procède d’aucune malice, d’aucune esquive, mais de l’analyse d’une triste réalité : la demande est forte et légitime, mais l’offre est modeste, elle est celle d’un pays en guerre ‘’.
Axe 8 : Le diagnostic
exhaustif
Tout comme la conjoncture sécuritaire, économique et financière qui frappe notre Maliba de plein fouet, le Président IBK n’élude pas la profonde crise politique, sécuritaire et sociale que le pays traverse depuis une décennie. Parce qu’il est de son rôle, dit-il, d’‘’éviter d’ajouter une crise politique aux crises sécuritaire, sanitaire et économique que nous vivons déjà. Mon rôle est de savoir prévenir les schémas de confrontations violentes qui ne feront le bonheur de personne’’, le Président IBK invite de nouveau au dialogue sans oublier de rendre hommage aux membres du Cadre d’Action, de Médiation et de Veille pour leur engagement patriotique les honore.
Axe 9 : Le point
de discorde
Sur quoi va-t-on dialoguer dès lors que les partisans du Président IBK disent que tout est négociable sauf la démission d’IBK et que ceux de l’Imam DICKO répliquent par : seule la démission d’IBK est négociable. Qu’en pense-t-il le président IBK lui-même ?
En tant que ‘’Père de la nation’’, garant de la Constitution, le Président IBK, qui répond sans répondre à DICKO et à ses troupes, estime que ‘’rien ne saurait être au-dessus du Mali et du confort des Maliens’’. En français presque facile : ‘’tout ce qui est dans mes possibilités et en mon pouvoir sera fait pour que notre démocratie soit forte et citée en exemple. Tout ce qui est en mon pouvoir sera fait pour que la sécurité et la paix reviennent et pour que le chantier du développement s’accélère. Je n’aurais d’autre limite que la Constitution’’.
En termes clairs : je suis prêt à toute concession dans le cadre de mes prérogatives constitutionnelles, sauf démissionner. Car, sans faire du juridisme : la Constitution malienne du 25 février 1992 n’évoque pas formellement la démission du Président de la République. Mais plutôt de vacance. Il s’agit du fameux article 36 de la Constitution que les adversaires ne cessent d’agiter : ‘’lorsque le Président de la République est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier Ministre. En cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre, les fonctions du Président de la République sont exercées par le Président de l’Assemblée Nationale. Il est procédé à l’élection d’un nouveau Président pour une nouvelle période de cinq ans. L’élection du nouveau Président a lieu vingt et un jours au moins et quarante jours au plus après constatation officielle de la vacance ou du caractère définitif de l’empêchement. Dans tous les cas d’empêchement ou de vacance, il ne peut être fait application des articles 38, 41, 42 et 50 de la présente Constitution’’.
Axe 10 : Les exigences de l’heure
Le Président IBK est toujours là et portant gaillardement ses 75 ans. L’homme, hier d’acier trempé et partisan d’une fermeté politique sans concession, au regard de l’impératif de recoudre la Nation déchirée par une crise multidimensionnelle dont elle a toujours du mal à sortir, se veut l’Élu au-dessus de la mêlée. A toutes et à tous les fils du pays soucieux du Mali, il dit : ‘’ma porte est donc ouverte et ma main toujours tendue. Car, il nous faut rester ensemble dans ce grand dessein pour le Mali. Ce projet d’un grand Mali, je n’ai jamais cessé d’y croire. Il est à notre portée ! L’exceptionnelle gravité du moment commande que nous nous serions les coudes, que nous soyons plus solidaires que jamais. Car, après tout, ce que ce pays nous demande, c’est de donner son importance à chaque Malien afin de nous hisser, ensemble, à la hauteur de l’Histoire’’.
LA REDACTION
INFO-MATIN