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Le président algérien appelle la classe politique au dialogue sur les élections

Le chef de l’Etat par intérim en Algérie, Abdelkader Bensalah, a appelé jeudi l’ensemble de la classe politique au dialogue afin d’arriver à un consensus autour de l’organisation de l’élection présidentielle, à la veille de nouvelles manifestations contre le régime.

 

« J’invite la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales (…) à opter pour la voie du dialogue inclusif » pour d’organiser « dans les meilleurs délais », la « prochaine échéance présidentielle », a déclaré M. Bensalah dans un discours à la Nation retransmis par la télévision officielle.

Il a ajouté qu’il les invitait « à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle » afin de « tracer une feuille de route devant aider à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité ».

Ce discours intervient à la veille du 16e vendredi consécutif de contestation, le premier depuis l’annulation par le Conseil constitutionnel de la présidentielle du 4 juillet.

C’est le deuxième appel au dialogue en quelques jours. Fin mai, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, avait prôné un « dialogue » et des « concessions mutuelles », tout en continuant d’exiger une présidentielle « dans les plus brefs délais » et en exclure toute « période de transition aux conséquences incertaines ».

Vendredi dernier, les manifestants qui étaient descendus en masse dans la rue avaient rejeté l’offre de dialogue « avec le +gang+ et le pouvoir ».

Depuis sa prestation de serment, c’est la troisième fois que M. Bensalah s’adresse au peuple. Dans le même laps de temps, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu le véritable détenteur du pouvoir depuis le départ du président déchu Abdelaziz Bouteflika, s’est exprimé plus d’une dizaine de fois.

Conformément à la Constitution, M. Bensalah, président de la Chambre haute du Parlement, a été désigné chef de l’Etat par intérim le 9 avril, une semaine après la démission de M. Bouteflika, après 20 ans au pouvoir, sous la pression de la rue et de l’armée.

La Constitution prévoit que son intérim dure 90 jours, durant lesquels il doit organiser une présidentielle –qui était prévue le 4 juillet– et remettre le pouvoir au nouvel élu.

Mais, en rejetant le 2 juin les deux seuls dossiers de candidature, le Conseil constitutionnel a constaté « l’impossibilité » de la tenue du scrutin du 4 juillet.

En chargeant M. Bensalah de « convoquer » une nouvelle élection, le Conseil a de facto prolongé sine die l’intérim, jusqu’à la prestation de serment d’un nouveau président élu.

Une « situation exceptionnelle » reconnaît M. Bensalah, qui demande à tout un chacun « de faire prévaloir la sagesse et la pondération nécessaires pour surmonter les obstacles à l’origine de la conjoncture actuelle ».

– Le temps est précieux –

Dans son discours, M. Bensalah a reconnu que le pays avait besoin « de réformes et de nouveaux horizons aux plans politique et socio-économique, un voeu clairement et pacifiquement exprimé » par le peuple.

« Seul le président de la République, élu démocratiquement, jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer ces réformes et contribuer à relever les défis qui se posent », a-t-il ajouté.

L’organisation d’une présidentielle « dans des délais acceptables, sans aucune perte de temps, constitue l’unique voie et la plus efficace, politiquement et la plus rationnelle, démocratiquement », a déclaré le président par intérim.

« J’exhorte tout un chacun à s’atteler sérieusement à la recherche de solutions consensuelles devant permettre l’organisation d’une élection présidentielle régulière dans un climat de rivalité transparent », a conclu le président par intérim.

Le mouvement inédit de contestation qui secoue l’Algérie depuis le 22 février rejetait massivement cette élection, refusant que le successeur de M. Bouteflika soit élu lors d’un scrutin organisé par ses anciens affidés et réclamant le départ de ces derniers.

C’est la 2e fois qu’une présidentielle est annulée en moins de trois mois. Incapable de calmer la contestation contre sa volonté de briguer un 5e mandat, M. Bouteflika avait déjà annulé la présidentielle du 18 avril, tentant de fait de prolonger sine die son mandat en cours.

AFP

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