Le Premier ministre, Boubou CISSE, accompagné des membres du gouvernement, a animé une conférence de presse sur la pandémie du coronavirus. Bien que le pays n’ait pas encore enregistré de cas, le gouvernement a décidé de prendre des mesures de prévention restreignant certaines des libertés. Malgré tout, le Premier ministre appelle la population à la vigilance, pour la simple raison que le pays est déjà encerclé par des pays contaminés. À ce jour, il a expliqué que des dispositifs de traitement sont aussi mis en place. Déjà, une vingtaine de lits sont prêts à accueillir éventuellement les premiers cas. Toutefois, le PM reconnait la faiblesse de notre système sanitaire pour faire face à ce genre de crise sanitaire. Ainsi, quels que soit « les efforts qui seront consentis, notre système de santé sera très facilement saturé, si le virus venait à rentrer au Mali ». C’est par la prévention que nous pourrions éviter le pire ou en tous cas le mitigé. En dépit de cette vulnérabilité, le Premier ministre a levé toute équivoque quant à la tenue des élections législatives dont le 1er tour est fixé au 29 mars prochain.
Nous vous proposons l’intégralité de l’intervention du PM
La maladie est en train de se propager tout autour de nous. Aujourd’hui, le Mali est un pays qui est quasiment encerclé. Tous les pays limitrophes à l’exception du Niger ont connu des cas de maladie de Corona Virus.
Donc, tout le travail énorme qui a été fait jusqu’à présent par le ministre de la Santé et ses collaborateurs, c’était de faire en sorte que le virus ne pénètre pas dans notre pays et d’éviter par la suite si jamais la maladie devait pénétrer, la contagion locale, c’est-à-dire une domestication de la contagion du virus. C’est ce travail qui a été fait.
Le Département de la santé a é té très alerte. Il y a une coordination au niveau national qui a été mise en place avec un comité d’urgence et de coordination, avec à sa tête le Pr Akori AG IKNANE, avec à ses côtés d’autres professeurs DAO et COULIBALY. Des réunions se tiennent deux fois par jour, entre eux d’abord et avec le ministre pour faire le point de la situation et l’évolution au quotidien de cette maladie.
Si le virus venait à rentrer au Mali…
Nous sommes conscients que du fait de notre vulnérabilité qui est liée au fait que, quels que soit les efforts qui seront consentis notre système de santé, sera très facilement saturé, si le virus venait à rentrer au Mali. Les pays les plus développés le sont aujourd’hui. Donc, nous sommes conscients de cela. C’est pourquoi tout le travail qui est fait est axé sur la prévention.
Prévention, prévention, prévention, c’est ce que nous faisons. C’est ce qui a été fait par le ministère de la Santé. En plus de cette coordination, il y a des cordons qui ont été aussi créés au niveau aérien, au niveau terrestre et même au niveau fluvial.
Au jour d’aujourd’hui, nous comptons une quinzaine de cordons tout autour du pays. Les dispositifs sont mis en place. Ce sont des précautions d’usage : de prise de températures, les lavages des mains et les désinfections des mains avec des gels alcoolisés. Ces dispositifs marchent bien. Ils marchent bien d’autant plus que tous les cas suspects ont pu être connus et des tests ont été faits.
Le jour où nous étions à côté du président de la République, on était à 40 tests pour les cas suspects et tout a été testé négatif, Dieu merci. Ce système d’alerte marche relativement bien, et le travail va consister à le renforcer davantage. C’est là où on peut faire la déférence dans la prévention pour mettre le pays d’être à l’abri d’une introduction du virus.
Le ministre de la Santé va, à partir de demain, entamer des sorties au niveau de ces cordons terrestres, pour s’assurer que ce qui est là est non seulement efficace, mais qu’il soit renforcé davantage vis-vis de ce qu’on en train de conduire depuis quelques jours.
Nous préparer au pire
Nous avons des échanges fréquents avec des populations, des échanges commerciaux, pour que nous puissions prendre en charge des cas suspects qui se déclarent dans les cordons de sécurité. Au-delà, nous sommes en train de nous préparer aussi pour la prise en charge d’éventuels cas.
L’instruction que le président de la république a fait, c’est de nous préparer au pire. Et nous sommes en train de nous préparer au pire. On se souhaite le meilleur pour le Mali, mais nous nous préparons au pire. Et se préparer au pire, c’est être capable de prendre en charge des cas qui se révèleront positifs. Et le dispositif qui est en place aujourd’hui nous permet de prendre en charge un certain nombre de cas.
Des dispositifs ont été mis en place dans certains hôpitaux de Bamako : l’Hôpital de dermatologie, l’hôpital du point G, l’Hôpital du Mali et dans certains centres de référence de Bamako. Le même dispositif est pris dans les hôpitaux au niveau régional. À Bamako, nous avons la capacité d’une vingtaine de lits appropriés pour la prise en charge que nous sommes en train d’étendre à une centaine.
Ça va être très difficile
Nous allons continuer à imaginer des solutions d’extension, éventuellement au-delà de cent. Nous nous préparons au pire, mais les experts qui sont là, au four et moulin, travaillent pour être au rendez-vous lorsque le pire arriverait.
Quel que soit le dispositif, nous mettrons en place, une fois que le virus rentre, ça va être très difficile. C’est pourquoi il est important de travailler sur la prévention. C’est par la prévention que nous pourrions éviter le pire ou en tous cas, le mitigé. C’est dans ce contexte que des mesures de prévention avaient déjà été prises par le gouvernement sous la présidence du Chef de l’État.
On avait énoncé lors du Conseil des ministres une dizaine de mesures vu l’évolution de la pandémie dans le monde et en Afrique, le président de la République a jugé qu’il était important que des mesures précaution soient prises ; prendre des mesures plus draconiennes pour renforcer davantage cette prévention. C’est pourquoi des mesures comme la suspension des vols commerciaux ont été prises.
Bridages de vigilance et de sensibilisation
L’idée de mettre en place des bridages de vigilance et de sensibilisation a été discutée. Notre idée serait de recruter quelques centaines de jeunes, peut être au-delà du millier, pour sensibiliser dans les marchés, dans les gares routières. Ainsi, ils assureront le rôle de vigilance et de sensibilisation. Dans tous ces endroits, vous allez voir bientôt des initiatives qui se mettront en place.
On espère qu’elles vont pouvoir contribuer à empêcher l’entrée du virus. Et s’il devait rentrer qu’il soit très rapidement maitrisé pour éviter sa propagation. C’est cela notre souhait le plus ardent.
La même chose au niveau des prisons. À Bamako par exemple, il y la prison centrale avec 2 400 ou 4500 prisonniers. Nous sommes conscients de cette situation. Il y a une nouvelle prison en construction ou nous allons commencer déjà à transférer de Bamako à Kénioroba certains prisonniers. La capacité d’accueil qui y est plus importante doit pouvoir nous aider à désemplir celle de Bamako. Dans cette nouvelle prison, les normes d’hygiène et sanitaires sont au standard international.
Appel à la responsabilité citoyenne
Pour les regroupements au-delà de 50 personnes, nous allons être de plus en plus vigilants. Les mesures prises par le gouvernement, nous allons les suivre.
Nous avons parlé bien évidemment d’interdiction de regroupement de plus de 50 personnes, sous réserve que des mesures de précaution soient mises en place en terme distanciation. Ce sont ces mesures que nous allons de plus en plus mettre en place.
Aussi, nous allons communiquer autour de celles-ci en espérant qu’elles seront comprises par l’ensemble des Maliens et Maliennes. Surtout au-delà de la compréhension, son application. Sur cet aspect, chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Les cadres du gouvernement ne peuvent pas être derrière chaque Malien et Malienne pour appliquer ces mesures-là.
Les moyens dont nous disposons ne nous permettent pas de surveiller tout le monde. Donc, on appelle à la responsabilité citoyenne de chacun. Sans cette responsabilité citoyenne, le virus va rentrer et la propagation va se faire de façon exponentielle. Il faut que chacune le comprenne et l’intègre dans son comportement.
Si vous ne voulez pas prendre soin de vous-mêmes, pensez à votre voisin. Vous pouvez décider d’avoir un comportement inconscient en ce qui vous concerne, mais partez du principe que votre comportement va avoir un impact pourtant assez grave sur votre voisin. Ce dernier ne peut être parfois que l’un de vos parents. Ça peut-être votre enfant, une nièce, un père, un cousin. Bref, c’est extrêmement important à partir de maintenant d’être responsable.
Votre attitude de tous les jours ne comprenait pas la survie du voisin ou de la population malienne. Si cette attitude et cette responsabilité citoyenne n’est pas là, les mesures qui ont été prises n’auront pas d’effet.
Mesures complémentaires draconiennes
Donc, il faut que chacun respecte ces mesures. Et que vous qui êtes là aujourd’hui, il faut que vous faites de telle sorte que l’information puisse être partagée au maximum par rapport aux mesures de précaution, par rapport aux mesures complémentaires draconiennes que le Conseil supérieur de la défense a prises sous la présidence du Président de la République. Et par rapport à notre attitude et notre comportement de tous les jours.
On a décidé effectivement, la fermeture des écoles. Nous avons décidé de suspendre parfois d’interdire les activités culturelles qui vont parfois au-delà d’un certain nombre de personnes sportives. Maintenant, on est face à une situation où évidemment la vie de la nation doit pouvoir continuer aussi.
Maintenir la tenue des élections législatives
La continuation de la vie de cette nation doit être protégée pour une continuité de l’État. À ce jour, nous avons décidé de maintenir la tenue des élections législatives. Ces élections, nous espérons, vont se tenir qu’il y ait ou pas de cas de maladie au Mali. Nous allons décider de contenir jusqu’à un certain nombre de cas. Nous allons discuter de cela avec les experts qui sont avec nous. Les maintenir avec quelques proportions.
Nous allons maintenir les élections et de maintenir les précautions ainsi que les dispositifs que nous allons mettre en place. Il s’agit d’une question d’encadrement et de formation. Cela est en train d’être discutée déjà qui sera inclus dans l’encadrement et dans la formation de toutes les personnes concernées par ces élections.
Maintenant, les électeurs le jour du vote doivent faire en sorte qu’à travers la sensibilisation et la communication que les mesures qui ont été préconisées puissent être respectées par les gens.
Ce sont ces mesures aussi dans certains autres pays où la population est obligée qu’à même de sortir pour aller chercher à se nourrir, à se ravitailler dans les super- marchés. Dans ces supermarchés, il y a les dispositifs qui ont été mis en place pour que les uns et autres puissent y rentrer, faire leurs cours et mieux sortir.
Nous n’excluons rien
Nous allons voir de bonnes pratiques qui existent de par le monde et les appliquer dans notre pays. Pour les rassemblements religieux, certains pensent qu’on a exclu la fermeture des mosquées. Nous n’excluons rien. Encore une fois, nous sommes dans une situation où notre Pays ne connait pas cas. Nous en remercions Dieu et nous espérons qu’il n’en connaitra pas. Parce qu’on sait que les mosquées et les églises sont des endroits de fortes contagions possibles. Aujourd’hui, si on prend le cas de la France, en tout cas, comme de grands tests, dans la région Alsacienne, le virus s’est propagé à une grande vitesse. C’est parti, des manifestations dans une église.
Nous avons souhaité rencontrer les leaders religieux, toutes confessions confondues. Déjà, eux-mêmes sont dans une disposition d’accompagner les mesures qui sont préconisées par le gouvernement. Je suis sûr que nous allons y arriver pour trouver une solution qui va nous aider à protéger l’ensemble des Maliens sur le territoire.
Beaucoup de Pays à majorité musulmane, comme le Mali l’est, ont décidé de fermer les mosquées. L’Iran a fermé ses mosquées. Toute chose qui est très inversée dans la pratique de l’Islam. Nous allons nous baser sur ces cas pour voir dans le contexte malien ce que nous allons pouvoir faire dans l’intention d’éviter que le virus ne se rende ou ne se propage sur notre territoire.
Nous sommes dans la situation exceptionnelle.
Cette question de la gestion du coronavirus, Dieu merci, a été anticipée dans notre pays. Et, depuis janvier, lorsque les premiers cas ont été détectés, le ministre de la Santé et ses collaborateurs ont pris des initiatives rapidement, grâce auxquels nous sommes dans la situation exceptionnelle. On n’a pas encore de cas dans notre pays. Donc, il y a eu une bonne réaction anticipative qui donne des résultats. Il y a une très forte conscience de la part de chacun d’entre nous membre du gouvernement de la vulnérabilité de notre pays, du risque qu’il y a de connaître dans les jours à venir un cas. Fort de cette conscience, des dispositions sont en train d’être prises pour la gestion de ce cas.
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