Le Premier ministre, le Dr Boubou CISSE a animé hier jeudi une conférence de presse dans les locaux de la Primature. À l’ordre du jour, l’épineuse question du Coronavirus. Lors de cette rencontre, il a appelé les Maliens à se préparer au pire si jamais le virus venait à pénétrer les frontières du pays. Car, selon lui, notre système sanitaire est fragile et n’est pas en mesure de faire face, d’une manière efficace, à cette pandémie, à l’instar des pays développés.
Le chef du gouvernement était entouré à l’occasion des ministres de la Santé et des affaires sociales, Michel Hamala SIDIBE ; des Transports et de la mobilité urbaine, Ibrahim Abdoul LY et celui de la Communication, porte-parole du gouvernement, Yaya SANGARE.
L’objet de la rencontre était d’informer davantage les populations sur les mesures prises par le gouvernement lors du conseil extraordinaire de la défense le mardi dernier sous la présidence du chef de l’État. Bien que le Mali n’ait pas encore recensé de cas, il s’agit là de redoubler la vigilance, à travers la prévention.
Outre les mesures de restreindre des libertés, d’autres dispositifs ont été créés, a rappelé le Premier ministre. La création d’un comité de crise, des dispositifs de contrôle au niveau des portes d’entrée pour identifier, isoler et acheminer la personne dans un centre de santé le plus proche, des réactifs, des cache-nez, des salles appropriées pour la prise en charge des éventuels cas dans tous les CSRF et CHU, à travers le pays.
Également, il a indiqué que des cordons ont été créés aux niveaux aérien et terrestre et même fluvial.
« Au jour d’aujourd’hui, nous comptons une quinzaine de cordons tout autour du pays », a indiqué le Premier ministre. Dans chacun de ces cordons, des prises de températures, des lavages des mains et les désinfections des mains avec des gels alcoolisés, entre autres, sont respectés.
« Des tests ont été faits et se sont tous avérés négatifs. Le jour où nous étions à côté du président de la République, on était à 40 tests pour les cas de suspicion et tous étaient négatifs, Dieu merci. Ce système d’alerte marche relativement bien, et le travail va consister à le renforcer davantage. C’est là où on peut faire la différence avec les autres pays pour mettre à l’abri le Mali d’une introduction du virus », a-t-il martelé, comme pour dire que prévenir vaut mieux que guérir.
De même, la création d’une brigade de veille est à l’ordre du jour. Sa mission consistera à renforcer davantage la communisation, l’information et la sensibilisation dans les marchés et les gares routières. En somme, c’est l’alerte au maximum pour notre pays encerclé par des voisins contaminés. En effet, à part le Niger, les autres pays frontaliers connaissent des cas.
« La maladie est en train de se propager tout autour de nous. Aujourd’hui, le Mali est un pays qui est quasiment encerclé. Tous les pays limitrophes à l’exception du Niger ont connu les cas de maladie de Coronavirus », a soutenu Boubou CISSE. Dans ce contexte difficile, selon lui, l’accent doit être mis sur la prévention. Il se réjouit des efforts consentis dans ce sens par le ministère de la Santé et ses collaborateurs.
« Tout le travail, énorme qui a été fait jusqu’à présent par le ministre de la Santé et ses collaborateurs, c’était de faire en sorte que le Virus ne pénètre pas dans notre pays et d’éviter par la suite si jamais la maladie venait de pénétrer, la contagion locale, une domestication de la contagion du virus. C’est ce travail qui a été fait. Le Département de la Santé a été très alerte. Il y a une coordination au niveau national qui a été mise en place avec un comité d’urgence de coordination, avec à sa tête le Pr Akori AG IKNANE. Des réunions journalières qui se tiennent deux fois par jour, entre eux d’abord et ensuite avec le ministre pour faire un point de la situation et l’évolution au quotidien de cette maladie », a-t-il rassuré.
Une maladie à prendre au sérieux
Malgré tout, le PM a averti les Maliens contre les dangers de cette maladie, dont la contagion, selon lui, est très rapide. Il a ainsi appelé les Maliens à ne pas tomber dans la rumeur selon laquelle le Coronavirus serait une maladie des blancs ou que le virus pathogène ne survivrait pas dans une température au-dessus de 20° ou 30 °C.
« Cette allégation est seulement fausse. La preuve, la température normale du corps humain, que cela soit du blanc ou du noir est de 36°, mais le coronavirus y vit et tue ces gens. Donc, ne rentrons pas dans la culture de certaines rumeurs dont les conséquences peuvent être désastreuses. Les seules bonnes informations contre cette maladie, c’est de respecter les mesures prises par le gouvernement et les mesures hygiéniques strictes. Le coronavirus peut survivre et faire des ravages partout. Donc, restons vigilants et respectons les mesures de protection », a-t-il conseillé.
Sans langue de bois, le Premier ministre a été, on ne plus claire face à la situation : « le Mali n’a pas la possibilité de faire face à cette pandémie qui est en train de rendre la vie difficile aux pays développés. Nous sommes conscients du fait de notre vulnérabilité est lié au fait que quelque soient nos moyens, le système sanitaire sera très facilement saturé, si le virus venait de rentrer au Mali. C’est pourquoi tout le travail qui est fait est taxé sur la prévention. Prévention, prévention, prévention, c’est ce que nous faisons. C’est ce qui a été fait par le Ministère de la Santé », a-t-il insisté.
Toujours dans son intervention et en insistant sur la prévention, le Premier ministre annonce que le ministre de la Santé va à partir de demain (NDLR Aujourd’hui), entamer des sorties au niveau des cordons terrestres, pour s’assurer de leur effectivité.
« Nous avons des échanges fréquents des populations, des échanges commerciaux, pour que nous pussions prendre en charge des cas suspects. Nous sommes en train de nous préparer aussi de la prise en charge de cas », a-t-il fait la révélation.
« L’instruction que le président de la République, c’est de nous préparer au pire. Et nous sommes en train de nous préparer au pire ! On souhaite le meilleur pour le Mali, mais nous nous préparons aussi au pire. Et se préparer au pire, c’est être capable de prendre en charge des cas qui se révèleront positifs. Et le dispositif qui est en place aujourd’hui nous permettra de prendre en charge un certain nombre de cas », a-t-il rappelé.
Quant au ministre des Transports et de la mobilité urbaine, il a indiqué que le trafic aérien sera suspendu le vendredi 20 mars à 00 heure précise. Il a précisé pourquoi les vols cargos ne peuvent pas être suspendus.
« Les vols cargos ne peuvent pas être suspendus puisque 90 % des produits consommés au Mali viennent de l’extérieur. Et puis, le pays est en guerre. Et les vols cargos ne peuvent pas être suspendus pour beaucoup de raison », a-t-il dit.
PAR CHRISTELLE KONE
INFO-MATIN