De l’analyse des résultats de l’enquête Mali-mètre de la fondation Friedrich Ebert Stiftung, publiés la semaine passée, la majorité (56,6 %) des enquêtés déclare avoir «totalement confiance» (14,4 %) ou «partiellement confiance» (42,2 %) en la justice malienne, contre 42 % qui n’ont « pas confiance» (21,1 %) ou pas du tout confiance ».
Selon les localités, les enquêtés qui ont confiance ( totalement confiance ou partiellement confiance) en la justice sont largement majoritaires à Bamako (68,2 %), Ménaka (63,1 %) et Taoudéni (62,6 %), tandis que ceux qui ne lui font pas confiance sont surtout dominants à Gao (68,4 %), Kidal (67,7 %), Tombouctou 58,6 %),
Mopti (56,9 %) et Ségou (51,7 %). Par contre, les résultats montrent que le nombre des enquêtés qui font confiance à la justice augmente avec l’âge.
La grande majorité (89,1 %) des enquêtés est tout à fait d’accord
(47,6 %) ou d’accord (41,5 %) avec l’affirmation selon laquelle la justice est corrompue contre une faible minorité (7,3 %) de citoyens qui ne sont pas d’accord (6,1 %) ou pas du tout d’accord (1,2 %). À noter que la proportion des sans opinion est de 3,5 %.
Selon les localités, la perception de la corruption de la justice est partout partagée par une très large majorité de la population.
Une très grande majorité (92,6 %) des Maliens trouve que les procédures de la justice sont méconnues des populations contre un faible taux d’enquêtés qui pensent le contraire (4,8 %).
Selon les localités, les populations de toutes les villes enquêtées partagent très largement cette affirmation, mais avec des proportions particulièrement élevées à Mopti (98 %), Koulikoro (95,2 %), Kidal (95 %), Tombouctou (94,9 %) et Kayes (94,8 %).
L’affirmation selon laquelle les procédures de la justice sont longues et compliquées est partagée par une très grande majorité (93,3 %) des citoyens repartis entre tout à fait d’accord (49,5 %) et d’accord (43,8 %).
Selon les localités, l’affirmation est partout largement partagée, comme l’indique dans le graphique ci-dessus, surtout à Gao (99 %), Ménaka (97,1 %) et Kayes (95,6 %).
Par ailleurs, l’on note que la grande majorité des enquêtés (88,5 %) est tout à fait d’accord (50,3 %) ou d’accord (38,2 %)
Avec l’affirmation selon laquelle la justice coute trop cher, contre seulement 5 % qui ne sont pas d’accord et 7 % de sans opinion.
Pour la quasi-totalité de la population enquêtée (96,1 %), le niveau de corruption au Mali est très élevé (67,3 %) ou élevé (28,9 %) contre seulement 3 % qui déclarent le contraire.
L’opinion que le niveau de corruption est très élevé au Mali est largement partagée par les enquêtés dans toutes les localités, surtout à Kidal (100 %), Gao (99 %), Ségou et Mopti (97,6 %).
Les raisons de la corruption les plus fréquemment citées par les citoyens sont : l’avidité/cupidité (48,3 %), la pauvreté des populations (46,8 %), les mauvais exemples des dirigeants (35,9 %), l’impunité (34,4 %), etc.
Dans l’ensemble, les personnes enquêtées estiment que les domaines les plus concernés par la corruption sont : la justice (53 %), la police (40,7 %), les autres services publics (38,8 %), la douane (35 %) et la Mairie (30,4 %).
D’autres domaines sont aussi cités comme la santé (22,6 %), les affaires foncières (11,5 %) et l’éducation (y compris l’Université) (10,7 %).
À la question de savoir si la justice malienne est capable du lutter contre la corruption dans le pays, la majorité (57 %) des citoyens pensent que la justice est totalement capable (17,1 %) ou plutôt capable (39,9 %). Les personnes interrogées qui pensent le contraire se répartissent entre pas capable (21,5 %) ou pas du
tout capable (20,2 %).
Les résultats de l’enquête montrent que la proportion des Maliens soutenant que la justice est capable de lutter contre la corruption a tendance à augmenter avec le niveau d’instruction.
La très grande majorité (84,3 %) des citoyens estiment que l’impunité est très fréquente (42,5 %) ou fréquente (41,8 %), contre une petite minorité (13,2 %) qui pense qu’elle est peu fréquente (9,8 %) ou pas fréquente (3,4 %).
Plusieurs raisons sont avancées par les enquêtés pour expliquer la fréquence de l’impunité parmi lesquelles les plus citées sont la corruption (58,7 %), le poids des relations sociales (36,5 %) et
la justice [qui] ne joue pas son rôle (13,4 %). D’autres raisons beaucoup moins fréquentes sont citées comme : le mauvais exemple des dirigeants (9,3 %), la Mauvaise gouvernance/Manque de volonté politique (8,9 %), l’injustice et l’inégalité (7 %). La proportion des sans opinions (7,8 %) est élevée, surtout à Menaka (54,4 %) et Taoudéni (34,6 %).
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN