Près de 2000 milliards FCFA de besoins de financement à rechercher de 2019 à 2021
Après avoir enregistré un fléchissement de l’évolution de sa dette publique extérieure à la faveur des opérations de restructuration intervenues en 2006, dans le cadre de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) et de l’Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM), marqué par une diminution des effets de la dette totale de 103% du PIB en 2000, à 19% en 2006, cet encours est en train de reprendre de l’envol. Ainsi, de 27, 1% du PIB en 2013, il a progressé pour atteindre 30,6% en 2015, avant de franchir les 35% du PIB, en 2016 et 2017. Au 31 décembre 2018, il ressortait à 35,5% (un niveau d’endettement de plus de 3 350 milliards de FCFA). Les projections, qui prévoyaient un besoin de financement de plus de 1934 milliards de FCFA à emprunter, entre 2019 et 2021, seront certainement revues à la hausse avec les crises sanitaires et sociopolitiques qui sont venues bousculer les dépenses préétablies.
Les données sont contenues dans un document du Comité National de la Dette Publique (CNDP), un service de la Direction générale de la Dette Publique relevant du ministère de l’Economie et des Finances. Il analyse le portefeuille de la dette publique au 31 décembre 2018 et la stratégie d’endettement public de 2019 à 2021.
Même si elles seront certainement revues à cause de l’évolution de la situation du pays, elles sont indicatives du niveau d’endettement de notre pays de 2013, qui correspond à l’arrivée du président IBK au pouvoir, à nos jours.
Le document précise que, par le passé, le pays a essentiellement mobilisé des financements extérieurs. Cependant, à partir de juin 2003, il a entrepris la diversification de ses sources de financement, en recourant au marché de titres publics par l’émission de bons du Trésor (depuis 2003) et d’obligations du Trésor, à partir de 2008.
En fin 2013, le niveau de la dette du Mali représentait 27,1% du PIB, qui sera porté à 35,5%, au 31 décembre 2018, soit un encours total de 3350,199 milliards de FCFA. Celui-ci était constitué de 1903,878 milliards de FCFA de dette extérieure (soit 56,8%), donc de devises étrangères, et 1446,321 milliards de FCFA de dette intérieure (soit 43,2%), de monnaie locale (XOF).
Il comprenait 1519,274 milliards de FCFA de dette multilatérale, soit 79,8% et 384,604 milliards de FCFA de dette bilatérale, soit 20,2%.
La dette intérieure est composée principalement de titres publics à court et moyen termes, dont 68,1% d’obligations et 13,9% de bons du Trésor. Les autres instruments (18%) sont constitués de prêts de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), des allocations de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI et du prêt de la Côte d’Ivoire.
Les principaux créanciers du Mali, en fin 2018, étaient la Banque Mondiale (IDA, 46,3%), le FAD (19,8%), la Chine (12,5%), la BID (5,5%), l’Inde (3,2%), l’AFD (3%), le FIDA (2,1%), ainsi que la BADEA (1,9%).
L’analyse du portefeuille montre que la dette intérieure coûte environ six fois plus cher que la dette extérieure. Par ailleurs, le coût moyen de la dette est relativement faible (2,93%), dû à la dette extérieure qui est fortement concessionnelle (0,97%). Le profil de remboursement de cette catégorie est échelonné sur une période relativement longue, prouvant une fois de plus son caractère concessionnel.
En dépit des bonnes performances enregistrées par l’économie nationale au cours des cinq dernières années, avec notamment une croissance réelle moyenne du PIB de plus de 4%, le budget d’Etat est resté structurellement déficitaire. Cette situation résulte de la faiblesse des ressources propres (taux de pression fiscale faible) et une augmentation des besoins de financement.
En cohérence avec les perspectives macroéconomiques, le besoin de financement de l’Etat ressort, en 2019, à 734,4 milliards de FCFA, en 2020, à 622, 8 milliards de FCFA et, en 2021, à 578, 5 milliards de FCFA.
Selon donc les prévisions de 2019 à 2021, on note une diminution annuelle sensible des besoins de financement. Cette tendance se justifie par une hausse des recettes et une maîtrise des dépenses. Cependant, cette tendance à la baisse ne pourrait plus être d’actualité avec les nouvelles crises sanitaires et sociopolitiques qui sont venues se greffer à la situation sécuritaire précaire.
Toutefois, dans sa stratégie d’endettement pour les trois années ci-dessus citées, l’Etat continuera à faire recours aux financements hautement concessionnels de type IDA, FAD et FIDA. En ce qui concerne le financement intérieur, l’accent serait mis sur les bons du trésor et les obligations avec une maturité proche de l’existant.
Youssouf CAMARA
Source : l’Indépendant