L’animosité entre les deux superpuissances africaines – le Nigeria et l’Afrique du Sud – s’est intensifiée ces dernières semaines, avec un groupe d’étudiants nigérians influents exigeant que toutes les entreprises sud-africaines quittent l’Afrique de l’Ouest.
L’Association nationale des étudiants nigérians (Nans) – qui représente les étudiants sur les campus à travers le pays – a planté des piqués devant les locaux des branches du géant sud-africain des télécommunications MTN, et celles de la chaîne de supermarchés Shoprite, bloquant l’accès du personnel et des clients.
Ces protestations ont été déclenchées par la mort d’une Nigériane qui aurait été étranglée dans sa chambre d’hôtel lors d’une visite dans la ville sud-africaine de Johannesburg.
Elizabeth Ndubuisi-Chukwu est la dernière Nigériane à mourir en Afrique du Sud dans des circonstances apparemment violentes.
Une autopsie a révélé qu’elle était morte de « causes non naturelles comparables à une strangulation », mais les responsables affirment que les images de vidéosurveillance montrent que personne n’est entré dans sa chambre.
La police enquête toujours.
Les médias nigérians semblent rapporter au moins un incident de ce genre chaque mois, et de nombreux organes d’information utilisent le même titre révélateur : « Un autre Nigérian tué en Afrique du Sud »
Alors que les articles des médias locaux suggèrent que 800 000 Nigérians vivent en Afrique du Sud, les rapports officiels sud-africains indiquent que ce nombre est d’environ 30 000. Il n’est pas clair si les données officielles incluent les sans-papiers.
Un tribunal a ordonné que 489 d’entre eux soient expulsés dans les 30 jours, parce qu’ils n’étaient pas légalement en Afrique du Sud.
Au cours d’un débat parlementaire, les législateurs nigérians ont suggéré que le ministère des Affaires étrangères émette désormais des alertes aux Nigérians qui prévoient de se rendre en Afrique du Sud.
Selon les données officielles de l’ONU, environ quatre millions d’immigrants vivent en Afrique du Sud, bien que certains contestent l’exactitude de ce chiffre.
L’Afrique du Sud a une histoire d’attaques xénophobes perpétrées par des Noirs qui accusent les citoyens d’autres pays africains, ainsi que des pays asiatiques, de venir voler leur emploi.
La vague d’attaques xénophobes qui a balayé l’Afrique du Sud en 2008 a fait au moins 62 morts.
Les incidents qui ont suivi, en particulier en 2015, ont déplacé des milliers de migrants africains et entraîné le pillage à grande échelle de leurs magasins et autres commerces.
Nous entendons dire que les Sud-Africains détestent les Nigérians parce qu’ils croient que nous sommes des criminels, que nous sommes trop bruyants et que nos hommes volent leurs femmes.
Les Nigérians, par contre, croient que les Sud-Africains sont tout simplement jaloux de nous.
Bien que les intentions du groupe étudiant soient nobles, il n’a probablement pas tenu compte des milliers de Nigérians employés par MTN, Shoprite, MultiChoice, et les nombreuses autres entreprises sud-africaines qui sont des noms connus au Nigeria.
Forcer ces entreprises à partir, ou paralyser leurs activités, ne ferait qu’aggraver les statistiques déjà sombres du chômage au Nigeria et la perte des précieux services qu’elles fournissent laisserait un vide.
Avec BBC