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Le Nigeria accélère sa lutte contre la corruption dans l’armée

Comment combattre la corruption au sein de l’armée, et jusqu’où ? Un dilemme pour le chef de l’État Muhammadu Buhari, appelé à mieux faire.
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Les éloges ne manquent pas pour encenser les actions menées par le président nigérian, notamment dans l’armée, mais arrestations et procès sur fond de rivalités politiques ne suffiront pas à assainir un secteur gangréné de manière endémique, alertent des experts.

Détournement dans le cadre de la lutte contre Boko Haram

La lutte contre la corruption, fléau national, a été l’une des priorités du président Muhammadu Buhari, dès son accession au pouvoir l’an dernier. Depuis, « le scandale de l’armée » est incontestablement le plus grand mis au jour : 2,1 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) destinés à la lutte contre Boko Haram auraient été détournés à des fins politiques. L’ancien conseiller pour la sécurité nationale, Sambo Dasuki, est accusé d’avoir orchestré ce détournement de fonds colossal en attribuant des « contrats fantômes » à des firmes d’armement, alors que, dans le Nord, des soldats sous-équipés et démoralisés périssaient sous les balles de combattants mieux armés qu’eux. Le procès à venir aura tendance à se concentrer sur un seul point du dossier : déterminer si, oui ou non, cet argent a été utilisé pour financer la campagne de Goodluck Jonathan, candidat malheureux à sa propre succession à l’élection présidentielle de 2015. Mais personne ne s’est penché pour l’heure sur les sociétés auxquelles ont été attribués ces contrats bidon ni sur le manque de contrôle dans l’armée.

« Les problèmes majeurs dans le secteur de la défense n’ont pas été abordés jusqu’à présent », explique à l’AFP Éléonore Vidal de la Blache, en charge de la sécurité et de la défense en Afrique pour Amnesty International. La corruption au sein de l’armée a culminé en 2014, l’une des années les plus sanglantes de tout le conflit, selon Human Rights Watch, alors que Boko Haram prenait le contrôle d’un territoire aussi grand que la Belgique, massacrant plus de 2 500 personnes.

La grande muette

Nnamdi Obasi, chercheur au sein de International Crisis Group, rappelle que dans l’armée, connue pour être cette « grande muette », on invoque le secret défense pour empêcher toute enquête. « Cela, ajouté à un manque de leadership, de contrôle et à une administration défaillante, a entraîné le système dans un gouffre encore jamais vu », dit-il. Dans cet environnement véreux, les contrats passés avec des marchands d’armes à travers le monde ont prospéré. La Société d’équipements internationaux (SEI), qui a des bureaux à Paris et à Abuja, figure parmi les compagnies listées par le comité de lutte anticorruption mis en place par le président Buhari. Entre janvier 2014 et février 2015, M. Dasuki aurait attribué un contrat de plus de 930 millions de dollars à SEI, une société privée opaque, présentée comme « société leader mondial de la Défense », sur le site du ministère de la Défense français, sans qu’un seul équipement n’ait jamais été livré. « Si tout l’argent qui a été distribué à ces compagnies inefficaces avait été utilisé correctement, (…) des milliers de morts auraient pu être évitées », avait déclaré le président Buhari en janvier. Le directeur exécutif de SEI, Hima Aboubakar, qui se décrit lui-même comme « un conseiller important dans le domaine de la sécurité », confiait à l’AFP : « Nous nous battons contre le terrorisme, contre Boko Haram », peu préoccupé par les accusations portées contre lui. Aucune plainte n’a été déposée contre M. Aboubakar jusqu’à présent.

Procès bâclés

Les militants anticorruption craignent que le système judiciaire nigérian ne soit trop faible pour assurer un procès contre des entreprises privées. Des cas précédents ont d’ailleurs été bâclés, comme celui de Wolfgang Reinl, entrepreneur autrichien, associé à la société GTESC Limited basée à Abuja, incarcéré en décembre dernier par la Commission contre les crimes économiques et financiers (EFCC), sans ordonnance judiciaire. Figurant dans la liste des individus accusés de « fraude et d’irrégularités », il a finalement été relâché en février, avant de porter plainte contre l’EFCC pour atteinte à ses droits fondamentaux. La Cour a ordonné le paiement de 10 millions de nairas en dommages et intérêts (32 millions d’euros) et interdit toute autre investigation à son encontre.

« Des personnes sabotent volontairement les efforts du gouvernement », dénonce Debo Adeniran, président de Coalition Against Corrupt Leaders. En juin, l’armée nigériane a organisé un séminaire destiné à remanier le processus d’acquisition de l’équipement militaire, mais rien n’a été vraiment annoncé à cette occasion, relève Mme Vidal de la Blache, et aucune réforme ne semble aujourd’hui prête à être engagée.

 

Source: lepoint

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