Le régime militaire nigérien a accusé samedi le Bénin d’avoir “kidnappé” cinq de ses ressortissants en mission dans ce pays pour contrôler le chargement de pétrole et “entend prendre toutes les dispositions” pour obtenir leur libération.
Mercredi, une équipe de la société pétrolière chinoise Wapco-Niger (West African Pipeline Company) “en mission officielle de supervision des contrôles de chargement” de pétrole du Niger dans le port béninois de Sèmè Kpodji, a été “kidnappée par les autorités béninoises” et est “gardée en otages” depuis, indique un communiqué du régime militaire nigérien au pouvoir depuis un coup d’Etat le 26 juillet 2023.
“Le Niger entend prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otages, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux”, ajoute-t-il.
Niamey accuse le président béninois Patrice Talon de multiplier “les violations des accords (sur le transport du brut nigérien) que son pays a souscrits en usant de subterfuges”. Il le tient “pour seul responsable (…) de toute violation de l’intégrité physique et morale de ses citoyens” retenus au Bénin.
Les relations entre les deux voisins, tendues depuis le coup d’Etat à Niamey, tournent depuis quelques mois au bras de fer avec pour point d’achoppement l’ouverture de leur frontière commune et le chargement du pétrole nigérien dans les eaux béninoises au port de Sèmè Kpodji via l’oléoduc géant inauguré en novembre et géré par Wapco, filiale de la compagnie nationale chinoise du pétrole CNCP.
La tension est encore montée d’un cran avec l’annonce au Bénin de l’arrestation des cinq Nigériens au port de Sèmè-Kpodji qui s’étaient “introduits sur le site sans décliner leur identité”. “Au moins deux” d’entre eux sont “des agents nigériens” au service du régime de Niamey qui “se sont fait confectionner pour la circonstance de faux badges d’employés de Wapco-Niger”, selon la justice béninoise.
Le Niger affirme que ses ressortissants arrêtés sont Mme Aminou Hadizatou Ibra, directrice générale adjointe de Wapco-Niger, et de quatre cadres de la compagnie.
Niamey, qui après la levée des sanctions régionales imposées pendant plusieurs mois après le coup d’Etat avait rouvert sa frontière avec le Nigeria, refuse de rouvrir celle avec le Bénin.
Seul passe le brut produit au Niger et acheminé au Bénin par pipeline. Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays et pour l’entreprise chinoise qui l’exploite.
Le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, accuse le Bénin d’abriter “des bases françaises” dans sa partie nord afin “d’entraîner des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays”.
AFP