Nous avons appris la triste nouvelle du décès de Gaoussou Samaké le lundi en début de nuit. L’amertume fut grande. Parce que nous avons connu Gaoussou Samaké, cet ex sociétaire du Stade malien de Bamako et des Aigles du Mali dans les années 1980.
Pour parler de l’histoire de l’enfant de N’tomikorobougou, nous retenons de grands matches, au cours desquels il a laissé des tâches indélébiles. La finale de la vingt-deuxième édition de la Coupe du Mali qui a opposé le Stade malien à l’As Biton de Ségou. Les Blancs se sont imposés par 4 à 2, avec un but splendide de Gaoussou Samaké. Il y a aussi cette coupe Cabral que notre pays a abritée en 1989 et qui a consacré le premier trophée des Aigles. C’était face à la Guinée Conakry en finale. Qui ne se rappelle pas de ce but anthologique de l’ancien milieu de terrain du Stade malien de Bamako ? D’une frappe fracassante, il a exécuté le portier Guinéen Fodé Laye Camara. Enfin, lors des éliminatoires de la CAN Alger 1990, où les Aigles ont concédé un match nul de 2 buts partout face aux Eléphants de Côte d’Ivoire, avec encore un but de Gaoussou Samaké au terme d’une chevauchée.
Pur produit de l’équipe Flèche Noire de N’tomikorobougou, il a intégré le Stade malien par l’entremise de son ami inséparable, le doyen Djibril Traoré de l’Ortm à la fin des années 1970. Après avoir intégré l’équipe sénior au début des années 1980, il a fait un passage éclair au Stade. Ses qualités techniques ont fait qu’il n’a pas duré au Mali. A la fin de la saison 1981-1982, il s’exila en France pour évoluer dans un petit club, Saint Seurin, qu’il fera propulser en deuxième division.
Tous ceux qui ont connu Gaoussou Samaké, savent que certes il n’avait pas les qualités exceptionnelles de la génération post indépendance, mais il était un joueur technique. Il pouvait marquer à tout moment et quelle que soit sa position. Très vivace, il avait la confiance en soi et il en cultivait à ses partenaires dans la joie ou dans les difficultés. Bref, il avait le don de galvaniser ses partenaires. En l’observant de près on devinait également qu’il avait tendance à être en avance sur sa génération. Mais l’enfant de N’tomikorobougou n’affichait jamais ce complexe de supériorité vis-à-vis de ses coéquipiers.
Idrissa Traoré dit Poker, qui est son grand frère de quartier, retient de lui un jeune très sérieux. Son compagnon au Stade malien, Yacouba Traoré dit Yaba, très ému par le décès de son ainé, nous a fait savoir que Gaoussou était un type calme et qui faisait rigoler le groupe à chaque fois qu’il se décidait de parler.
Nous l’avons vu pour la dernière fois évoluer avec les Aigles en 1991 à Bamako, contre le Cameroun. Un match qui s’est terminé en queue de poisson avec le déchainement du public, meurtri par la défaite de son équipe, 2 buts à 0. Ce jour-là, l’infatigable Gaoussou Samaké qui avait même apporté de la France le maillot de son équipe, tentait de calmer le public. Mains aux hanches, l’enfant de N’tomikorobougou faisait des va-et-vient entre le banc de touche malien et les joueurs camerounais paniqués par les menaces du public.
Dors en paix maestro, le football malien se souviendra de toi !
O. Roger Sissoko
Par Aujourd’hui-Mali