Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moustapha Dicko, était l’invité du Forum des Directeurs de publication, le samedi dernier, au Centre Djoliba. Au cours de cet échange avec la presse, il a fait le diagnostic de l’enseignement supérieur au Mali, en exposant ses principales difficultés. Dans ces échanges, il a révélé aux hommes des médias que les bourses des étudiants et les heures supplémentaires des enseignants coûtent au Trésor public respectivement 17 milliards et 6 milliards de francs CFA.
D’entrée de jeu, il a reconnu que l’enseignement supérieur est un secteur vital pour le développement de notre pays. En ce sens que ce secteur fournit les ressources humaines qui font avancer un pays. Il a, par la suite, fait le diagnostic de notre enseignement supérieur en brossant les difficultés auxquelles il est confronté. En effet, notre enseignement supérieur souffre du manque de qualité de ses produits. Pour le ministre, cette situation est due au fait que l’Etat ne dispose pas de ressources suffisantes pour faire face à la demande croissante. Les difficultés du secteur de l’enseignement supérieur au Mali ont pour noms: «manque d’infrastructures, pléthore d’effectif dans les universités avec un corps d’enseignants squelettique, manque ou mauvaises distributions des ressources dans les universités». Voilà le tableau sombre des maux qui minent le secteur de l’enseignement supérieur au Mali. En effet, nos universités souffrent du manque d’infrastructures d’accueil pour les étudiants. Conséquences, les étudiants prennent cours dans les maisons louées. Idem pour les structures de nos universités qui se trouvent aussi logés dans les bâtiments baillés.
Pour le ministre, cette situation est due au fait que les effectifs de nos facultés ont connu un bon difficile à maîtriser. En effet, dans les années 1994, la seule université dont disposait le Mali comptait 7000 étudiants. «Aujourd’hui, les 5 universités réunies font plus de 110 000 étudiants», a déclaré le ministre Dicko. Cette situation n’est pas sans conséquence pour le budget national. Car, l’Etat se trouve obligé de faire face à ces dépenses. Cela, en plus de ses nombreuses interventions sociales dont le plus important sont les allocations de bourses que l’Etat accordent aux étudiants pour la bagatelle de 17 milliards de francs CFA. «En plus de ces frais de location de bâtiment, nous dépensons 17 milliards dans les bourses des étudiants. Nous faisons face également à un gap de 6 milliards de francs de CFA pour les heures supplémentaires des enseignants. Ces heures supplémentaires sont très difficiles à maîtriser, parce qu’elles peuvent augmenter ou diminuer au cours de l’année», a-t-il déclaré. Face à ce problème, le ministre envisage la création de pôles universitaires au niveau des régions. Ce n’est pas tout. Moustapha Dicko a annoncé que son département est dans la voie d’un partenariat avec des Français pour la création d’université numérique. Toute chose qui permettrait de maitriser les effectifs.
Concernant la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-Doctorat), le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a affirmé que cette réforme est bloquée par l’insuffisance des moyens pour y faire face. Pire : il a indiqué que son département est confronté à des problèmes de grève. Or, a-t-il martelé, ce système n’est pas compatible avec les arrêts de cours. Autre raison qui fait que le Mali traîne le pas dans la mise en œuvre de ce système, c’est l’insuffisance de personnel enseignant requis. En effet, Moustapha Dicko déplore le fait que 56% du corps professoral au Mali sont des assistants. Ce qui constitue un frein pour la bonne mise en œuvre de cette réforme qui est appliquée par l’ensemble des pays membres de l’UEMOA.
Comme on peut donc le constater, le chemin est encore très long pour notre système d’enseignement pour arriver à la qualité. Ce qui n’est pas forcement une bonne chose pour notre pays qui se doit d’être au rendez-vous de pays émergents. L’atteinte de cet objectif passe nécessairement par l’acquisition de ressources humaines qualifiées. Avec la situation qui vient d’être décrite, est-il exagéré d’affirmer que le Mali n’a pas les moyens pour s’offrir un enseignement de qualité?
Youssouf Diallo