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Le ministre algérien Ramtane LAMAMRA au Mali: les vraies raisons d’une visite

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Étranger de la République algérienne démocratique et populaire a effectué une visite de trois jours dans notre pays à compter du jeudi 1er septembre 2022. Si, officiellement, Ramtane LAMAMRA, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était venu pour prendre part à la 18e session du Comité Bilatéral Mali-Algérie et à la 6e session de Haut Niveau du Comité de suivi de l’Accord, force est de constater que certains dossiers chauds étaient au menu des échanges entre les deux parties. Il s’agissait notamment de la crise diplomatique entre le Mali et l’ex-puissance coloniale et les points de blocage qui persistent dans le processus de mise en œuvre de l’Accord, à l’image de l’intégration des ex-combattants dans les Forces armées maliennes (FAMa).

 

Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane LAMAMRA, a séjourné du 1er au 3 septembre 2022 dans notre capitale.  Au cours de son séjour à Bamako M. LAMAMRA, ministre algérien des Affaires étrangères a pris part à plusieurs rencontres, notamment la 18è session du Comité bilatéral et la 6è session de Haut Niveau du Comité de suivi de l’Accord d’Alger signé en 2015 entre le Gouvernement malien et une partie des groupes armés du Nord.

Mais de l’avis de certains observateurs, le timing de cette visite ne laissait point de place au doute quant au fait qu’elle allait servir d’occasion pour le diplomate algérien, qui connaît bien le dossier malien, pour avoir été pendant longtemps au cœur du processus de paix au Mali, d’aborder certaines questions sensibles.

Ce qui est factuel, c’est qu’elle est intervenue après un certain nombre d’événements majeurs qui sont arrivés ces derniers temps.

Tout d’abord, cette visite arrive au lendemain de celle du président français, Emmanuel MACRON, en Algérie, le 26 août 2022, et celle du président Macky SALL au Mali quelques semaines plus tôt, le 15 août 2022.

Au regard de ces événements dans leur timing, des observateurs sont fondés à croire que l’Algérie a été commise par la France, après le Sénégal, d’intercéder auprès de Bamako pour une gestion consensuelle dans ce dossier où le Mali accuse l’ex-puissance coloniale de soutenir les groupes armés terroristes sur son territoire.

« L’Algérie est déterminée à réconcilier les positions maliennes et françaises», a d’ailleurs fait savoir jeudi soir, Ramtane LAMAMRA, à son arrivée à Bamako.

« L’Algérie étant Chef de file de la médiation internationale de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, souhaite mobiliser l’ensemble des partenaires internationaux y compris la France aux côtés du Mali » a-t-il conclu.

Deuxièmement, la visite de la semaine dernière est intervenue au moment où les ex-rebelles du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) ont tenu un congrès, le week-end précédent cette visite, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de ‘’blocage’’ du processus de mise en œuvre de l’Accord.

Si dans la grande majorité de l’opinion publique malienne, ce document est inapplicable, il n’en demeure pas moins que l’Algérie, à l’image des autres membres de la communauté internationale, est fortement engagée pour la mise en œuvre dudit Accord.

Entre le Gouvernement du Mali qui appelle à une mise en œuvre intelligente de l’Accord et la partie rebelle qui menace de remettre en cause la volonté du gouvernement du Mali, l’Algérie doit marcher sur des œufs difficiles à nouer.

Ce rôle de l’Algérie est d’ailleurs salué par le Conseil de sécurité des Nations unies lors du dernier renouvellement du mandat de la MINUSMA.

Toujours par rapport à l’Accord, l’autre dossier, et non le moindre, est l’épineuse question de l’intégration des ex-combattants des mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.

Si le gouvernement et les parties rebelles se sont entendus sur l’intégration de 26 000 ex-combattants lors la dernière réunion décisionnelle entre les parties maliennes, force est de constater que certains griefs opposent ces parties.

Le premier grief est l’intégration des anciens déserteurs dont certains sont à leur deuxième coup après 2006 et tout dernièrement en 2012.

Le cas de ces combattants constitue aujourd’hui un point d’achoppement entre les parties, ces dernières étant également divisées sur les grades à accorder aux éléments des ex-combattants.

Selon certaines indiscrétions, des grades auraient été distribués en fonction de la tête du client et de son statut social, en dehors de toutes valeurs et tous principes d’une armée régulière.

Le Mali va-t-il accepter de les prendre avec des grades qui ne reflètent pas leurs compétences militaires réelles ? L’équation reste posée.

De même, il y a aussi l’épineuse question du redéploiement des éléments intégrés. Car, selon l’Accord, les nouveaux intégrés sont théoriquement appelés à être affectés dans les unités qui opèrent au nord.

Avec certaines mauvaises expériences vécues par le passé et dans un contexte de refondation d’une armée professionnelle, nos autorités vont-elles accepter ces mesures de complaisance contraires aux règles et aux fondements d’une armée nationale et républicaine dans tout pays digne de ce nom ?

En plus de son action « sapeur-pompier » dans ce dossier, à plusieurs reprises, pour éviter la rupture totale de dialogue entre les deux parties, le Mali a besoin de voir l’Algérie jouer une « diplomatie prospective » sur ces deux points de friction : les grades et les affectations.

La stabilisation du Sahel n’est pas à négliger non plus, d’autant plus que l’insécurité dans la zone est une excroissance du conflit qui a opposé l’État algérien aux groupes islamistes du pays, les premiers dirigeants de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) étant des combattants algériens qui se sont installés et métastasés dans le nord de notre pays, avant de gangrener toute la région du Sahel et bien au-delà avec les régions côtières de plus en plus menacées par des groupes terroristes.

La dynamisation annoncée du Comité d’État-major conjoint des quatre États (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), au cours de cette visite, est sans doute un pas dans cette direction prospective.    

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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