L’Algérie, qui se considère comme un acteur majeur dans la région du Sahel, voit son influence s’effriter face à la montée en puissance du Maroc, qui propose une vision plus constructive et solidaire aux pays voisins. C’est ce que révèle un article du Journal du Dimanche (JDD), qui analyse les tensions entre Bamako et Alger, ainsi que les initiatives du Roi Mohammed VI pour renforcer la coopération économique et sécuritaire avec le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
Selon le journal français, les autorités militaires du Mali, qui ont pris le pouvoir en août 2020, ont décidé de rompre avec l’accord de paix signé en 2015 à Alger, entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du pays, principalement composés de rebelles touaregs. Cet accord, qui visait à mettre fin à la crise sécuritaire déclenchée en 2012, était largement soutenu par l’Algérie, qui se présentait comme un médiateur impartial et un garant de la stabilité régionale. Toutefois, le JDD rapporte que Bamako reproche à Alger d’avoir favorisé les revendications indépendantistes des touaregs, au détriment de l’unité et de la souveraineté du Mali. Le journal cite l’écrivain et universitaire français Alexandre Del Valle, qui affirme que l’Algérie a créé le problème financier et a souvent manipulé les séparatistes du nord du Mali, dans une logique de diviser pour régner.
L’Algérie, qui se trouve confrontée à une grave crise économique et sociale, liée à la chute des prix du pétrole et à la contestation populaire du Hirak, même si elle est un peu latente, peine à maintenir son leadership dans la région du Sahel, où elle est de plus en plus isolée. Le JDD souligne que la Mauritanie, qui partage une longue frontière avec l’Algérie, a refusé une offre de rapprochement formulée par Alger, préférant se tourner vers le Maroc. Le journal français rappelle que les relations entre Rabat et Nouakchott se sont nettement améliorées ces dernières années, notamment grâce à la visite historique du Roi Mohammed VI en Mauritanie en 2006, qui a permis de relancer la coopération bilatérale dans divers domaines.
Le Maroc, qui a réintégré l’Union africaine en 2017, affiche une ambition continentale et une volonté de renforcer ses liens avec les pays du Sahel, qui font face à de multiples défis, tels que la pauvreté, le terrorisme, le changement climatique… Le JDD indique que le Roi Mohammed VI a lancé, fin décembre 2023, une initiative inédite, visant à créer une zone de libre-échange entre le Maroc et les quatre pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), qui bénéficieraient ainsi d’un accès privilégié au port de Dakhla, situé au Sahara marocain. Le journal français précise que le Maroc s’engage également à fournir des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires aux pays partenaires, ainsi qu’à mettre en place un groupe de travail pour renforcer la coordination sécuritaire dans la région, face à la menace des groupes terroristes. Cette initiative, qui a reçu un accueil favorable de la part des pays concernés, constitue, selon le JDD, un revers cinglant pour l’Algérie, qui voit son influence se réduire dans la région.
L’article du JDD se conclut par une analyse de l’universitaire français Alexandre Del Valle, qui compare les stratégies du Maroc et de l’Algérie dans la région du Sahel. Selon lui, le Maroc a une approche basée sur des accords gagnant-gagnant, qui visent à favoriser le développement et la stabilité des pays voisins, tout en renforçant sa position diplomatique et économique. L’Algérie, quant à elle, se contente de soutenir les mouvements séparatistes et de s’opposer aux initiatives marocaines, sans apporter de solutions concrètes aux problèmes de la région. Del Valle estime que le Maroc a une vision plus moderne et plus pragmatique que l’Algérie, qui reste enfermée dans une logique de confrontation et de rivalité stérile.
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