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Le Mali, véritable entrepôt d’otages du Sahel : Environ 80 personnes enlevées depuis 2003 et 24 milliards de FCFA payés comme rançon

Hier, jeudi 5 novembre 2020, le bimensuel la Lettre confidentielle du Mali et Caïlcédrat GROUP Think Tank indépendant et panafricain ont organisé à l’hôtel Sheraton de Bamako, deux grands panels de haut niveau. Le premier panel intitulé : « le sahel et ses otages » était débattu par l’ancien premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, l’ancien ambassadeur du Mali, Mohamed Mahmoud El Oumrany, les journalistes Isselmou SAHILI de la Mauritanie et Ibrahim DIALLO du Niger avec comme modérateur, le journaliste Serge Daniel du Mali. Le second panel intitulé : « faut-il payer des rançons aux ravisseurs ? » était développé par les journalistes Serge Daniel, Sékou Tangara du Mali, Isselmou SAHILI de la Mauritanie, Ibrahim DIALLO du Niger, avec comme modérateur, Alexis Kalembry, en présence du communicateur Burkinabé, Romuald NASSOURI et de nombreuses autres personnalités. Il ressort des débats qu’il y a prise d’otage dans le sahel parce qu’il n’y a pas suffisamment de présence étatique, mais aussi, les ravisseurs (jihadistes, terroristes) veulent se faire de l’argent et de la notoriété. Selon les panelistes, environ 80 personnes ont été enlevées et 24 milliards de FCFA ont été payés comme rançon entre 2003 et 2020 dans le Sahel.

Pourquoi on enlève les gens dans le Sahel ? Les débatteurs du panel I dont l’ancien premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, ont précisé que c’est parce qu’il n’y a pas suffisamment de présence étatique dans le Sahel. En outre, ils ont fait savoir que les ravisseurs (jihadistes, terroristes) veulent se faire de l’argent, de l’identité, de la reconnaissance et de la notoriété. Faut-il discuter pour avoir la libération d’otage ? Le journaliste Maurtanien, Isselmou SAHILI répond par l’affirmatif. « Il faut discuter avec les ravisseurs pour obtenir la libération de l’otage. Parce que l’expérience a montré que l’usage de la force a tourné souvent au drame. Il y a la méthode de négocier », a souligné le journaliste Mauritanien. L’ancien premier ministre du Mali, Soumeylou B Maïga, abonde dans le même sens. « Malheureusement on n’a pas d’autre choix. Quand il y a prise d’otage, la première chose est qu’il faut discuter, dialoguer », a-t-il dit. Mais, selon lui, cela n’empêche pas l’usage de la force pour obtenir la libération de ou des otages. Il a fait savoir que le Sahel est une passerelle pour les trafics. Ce qui lui fera dire que le model de gouvernance au Mali a atteint ses limites. Selon lui, l’Etat se délégitime tant que son utilité sociale n’est pas visible. A l’en croire, il faut des réponses multidimensionnelles à la crise que traverse le Sahel. « La réponse sécuritaire au Sahel doit être commune », a-t-il dit. Le journaliste Mauritanien croit fermement qu’il faut absolument payer des rançons pour obtenir la libération de l’otage. « Les ravisseurs ne vont pas libérer gratuitement l’otage. C’est tout à fait logique de payer des rançons pour la libération d’otage », a-t-il dit. Pour lui, ce qui est grave, c’est que les ravisseurs ne prennent pas seulement les occidentaux en otage, mais même les nationaux, les Africains maintenant. A ses dires, la vie la plus dure au monde est la vie d’otage. A l’en croire, l’otage vit dans la prison la plus grande à ciel ouvert, mobile dans laquelle il est exposé aux morsures de scorpion. Le journaliste Mauritanien a souhaité l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger signé en 2015, la mise en œuvre des recommandations du dialogue national inclusif pour une sortie de crise au Mali. « Il faut dialoguer et continuer à se battre sur le terrain », a-t-il dit. Par ailleurs, il a apprécié la création de la force du G5 Sahel. Le journaliste Nigérien, Ibrahim Diallo ne fait pas de cadeau aux pays du G5 Sahel. « Nos Etats ont failli. Il faut le développement des zones », a-t-il dit. Selon le diplomate, Mohamed Mahmoud El Oumrany, le Mali s’installe comme un marché d’otage et cet état de fait est inquiétant. Il a souhaité une solution nationale pour résorber les différentes crises au Mali. « Cela fait plusieurs années qu’on a la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), la force française Barkhane, mais on a toujours des morts. Il est temps que les Maliens voient eux-mêmes comment ils peuvent régler le problème », a-t-il dit.

Répondant aux questions des uns et des autres, Soumeylou B Maïga a fait savoir que l’eau, la santé, l’éducation sont des besoins essentiels de la population. Selon lui, la situation de crise au Mali ne pourra être gagnée sans l’implication des citoyens. Par ailleurs, il dira que les pays étrangers qui interviennent au Mali le font aussi par leur propre sécurité et par leur propre intérêt. Quant à l’ambassadeur El Oumrany, Kidal est une région du Mali. A cet effet, il a invité les uns et les autres à se faire confiance. « Le premier élément pour le développement est la communication. Pour rétablir la paix, il faut que le territoire soit désarmé », a-t-il conclu. « Les 5 pays du Sahel sont le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie. Et c’est environ 7 millions de km2. En 2015, il y avait 89 millions d’habitants. La zone est vaste. De 2003 à 2020, environ 80 personnes ont été enlevées dans le Sahel. Ces personnes ont été essentiellement libérées après un paiement de rançon », a souligné le modérateur-journaliste Serge Daniel.

Faut-il payer des rançons aux ravisseurs ?

Cette question a divisé les débatteurs du deuxième panel. Pour le journaliste Maurtanien, Isselmou SAHILI, il faut payer des rançons aux ravisseurs afin d’obtenir la libération de ou des otages si on n’a pas le choix. Par contre, son confrère du Niger, Ibrahim Diallo n’est pas d’accord avec le paiement de rançon. « Payer des rançons à ces gens, c’est de leur donner de l’appétit insatiable. La preuve, les rançons qui ont été versées et officiellement médiatisées, de 2003 à 2020, s’élèvent pratiquement à 24 milliards de FCFA. Si on continue à payer la rançon, ils vont continuer avec les enlèvements. Il faut couper cette source de financement du terrorisme », a déclaré Ibrahim Diallo. Quant à Sékou Tangara d’Africable Télévision, il y a l’idéal et le fait. L’idéal, dit-il, est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de prise d’otage tout en assurant la sécurité. Mais, ajoute-t-il, le fait, c’est qu’il faut payer des rançons pour éviter que les otages meurent entre les mains de leurs ravisseurs. Selon lui, il faut privilégier les dynamiques locales pour obtenir la libération des otages comme ce fut le cas récemment de Soumaïla Cissé, de la Française Sophie Pétronin et deux Italiens (Nicola CHIACCHIO et Pier Luigi MACCALLI). Répondant aux questions des participants, le journaliste Sékou Tangara a fait savoir qu’il faut ouvrir  un canal de négociation avec ceux qui ne renient pas le Mali. Selon le journaliste Serge Daniel, tout le monde négocie directement ou indirectement pour obtenir la libération de l’otage. Il ressort des débats de ce deuxième panel que le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, Président du Parti Union pour la République et la Démocratie (URD), Mme Sophie PETRONIN de nationalité française et de Nicola CHIACCHIO et Pier Luigi MACCALLI de nationalité italienne ont été libérés, le 8 octobre 2020, en échange de plus 200 jihadistes et le paiement présumé d’une rançon de 30 millions d’euros (plus de 19 milliards de FCFA). Et bien avant, il a fallu le paiement de 65 millions de FCFA pour avoir la preuve de vie des deux Italiens (Nicola CHIACCHIO et Pier Luigi MACCALLI).

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain- Mali

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