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Le Mali au crible de Soumi: ‘‘démocratie piratée’’ et ‘‘république menottée’’

Comme il en avait appelé de tous ses vœux, suite à sa défaite au second tour de la présidentielle, ce samedi 6 octobre 2018, devant son QG de campagne, Soumi champion a procédé au lancement du Front politique dénommé : « Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) ». Objectif : rassembler les forces vives des Partis et Mouvements politiques, des Syndicats et Organisations populaires et celles de la Diaspora, des Personnalités et Leaders d’opinion, ainsi que des Activistes pour sauvegarder la démocratie contre les dérives du régime en place.

Renonçant dans les propos et actes à revendiquer la victoire, mais non résigné, désormais le Chef de file des frontistes, est implacable dans son réquisitoire contre son adversaire dont il refuse la main tendue. Sa diatribe renforce toujours une forte dose de haine et d’aveuglement. La charge de ce samedi est tout simplement virale : contre IBK, contre son régime, contre la République et la démocratie… qui ne datent tout de même pas de juillet-août 2018.

La lecture…..
« Bientôt 2 mois que notre démocratie est piratée et manipulée par un régime dont la légitimité est plus que jamais contestée tant au pays qu’à l’extérieur.
Bientôt 2 mois que notre République est menottée et emprisonnée par un pouvoir dont les pratiques autocratiques relèvent du non-droit le plus terrifiant.
Bientôt 2 mois que notre Nation se couvre d’un ridicule institutionnel international que le président sorti de la machine à frauder entretient, avec une désinvolture coupable, par son absence de vision et sa propension à privilégier, avec outrance et dans le luxe, son destin personnel et familial.
Bientôt 2 mois que notre Patrie est sacrifiée et oppressée par des violations des droits de l’homme, par des assassinats ou des attaques meurtrières, des humiliations sociales et catégorielles, des montées de haine, des conflits intercommunautaires, des abus d’autorité, des lâchetés administratives et des compromissions mafieuses claniques.
Durant les 3 derniers mois, 58 attaques terroristes, 287 morts plus de 5000 déplacés.
Ce décompte macabre est un signe d’alarme fait par le Secrétaire Général des Nations Unies.
Au même moment, pour le gouvernement, il y’a des progrès sensibles.
Oui, de tels chiffres et on parle de « progrès ! »

Et le commentaire :
Entendons-nous sur les concepts et principes :

La Patrie
La patrie est la terre des ancêtres, le pays dont on est originaire et qui nous est cher, et dont on se sent étroitement et affectivement lié par l’histoire, la langue, la culture, les traditions, les habitudes de vie.

La Nation
Une nation est une communauté humaine ayant conscience d’être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu’entité politique, la nation est une communauté caractérisée par un territoire propre, organisée en État. Elle est la personne juridique constituée des personnes régies par une même Constitution qui est le socle de la République.

La République
La « res publica » (chose publique) est un système politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui ‘’appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice’’ (article 26 de la Constitution du 25 février). Les représentants du peuple reçoivent des mandats pour une période déterminée et sont responsables devant la nation. Aussi, par ses représentants, le peuple est la source de la loi. L’autorité de l’État, qui doit servir le ’’bien commun’’ s’exerce par la loi sur des individus libres et égaux.

La Démocratie
La démocratie (du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir, autorité) est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu’il y ait de distinctions dues à la naissance, la richesse, la compétence… (Principe d’égalité).
Comme on peut le constater, dans leur sens originel les termes ‘’république’’ et ‘’démocratie’’ sont assez proches. Aussi, est-il partagé que la République est par essence (en tout cas doit être) forcement démocratique et le pouvoir démocratique fondé sur la légitimité.

Notre avis
La Légitimité démocratique
La légitimité démocratique est issue d’une élection qui s’est déroulée de manière démocratique, c’est-à-dire respectant les critères d’une démocratie. Elle suppose une acceptation unanime du principe de majorité qui considère que l’avis de la majorité représente l’intérêt général.
Si on va du principe que le Mali est une République et bien qu’une nation qui fait toujours son apprentissage de la culture démocratique, que le Président actuel, Ibrahim Boubacar KEITA, a été élu et investi président sur la base des règles démocratiques que le peuple du Mali s’est librement donnée, on ne peut que déplorer l’incurie républicaine et démocratique du chef de file de l’Opposition dite républicaine et démocratique.
En effet, élément essentiel du pluralisme démocratique, l’Opposition exprime ses divergences et ses points de vue critiques par rapport à l’action du gouvernement et non à la République et à la Démocratie. Si, en démocratie, l’Opposition doit permettre aux citoyens d’être informés de manière contradictoire sur la politique conduite par le gouvernement et de leur proposer une alternative politique sur la base d’un programme qui doit être réalisable, peut-elle et devrait-elle se muer en Tocqueville de la République, en Procureur requit dans d’une instance inquisitoriale contre l’État, la République et la Démocratie ?
Régis Debray (journaliste, écrivain, philosophe français, engagé aux côtés de Che Guevara dans les années 1960, emprisonné et torturé à plusieurs reprises en Amérique du Sud) écrit dans son livre ‘’êtes-vous démocrate ou républicain ?’’ : ‘’Comme l’Homo sapiens est un mammifère plus, la république est la démocratie plus. Plus précieuse et plus précaire. Plus ingrate, plus gratifiante. La république, c’est la liberté, plus la raison. L’État de droit, plus la justice. La tolérance, plus la volonté.’’
N’étant ni démocrate ni républicain, Soumi ne peut ensemencer une quelconque tolérance dans sa quête du saint Graal, pardon dans sa conquête de Koulouba. Dans sa déclaration de ce samedi, tout y passe : provocation, conjectures, injures, insinuations gratuites, accusations intolérables.
Exercice des libertés démocratiques qui lui sont constitutionnellement garanties ou expression d’une vengeance individuelle ? En tout cas, la rengaine visible de l’opposant le rend ridicule lorsqu’il estime qu’en fait de légitimité, celle du régime «est plus que jamais contestée tant au pays qu’à l’extérieur » par … ses seuls partisans ! Sinon, il était loisible de dire que tel ou tel pays a contesté la légitimité du régime. Un régime dans lequel, il bénéficie et jouit, pas que de strapontins, mais de privilèges et prébendes croustillantes (500.000.000 FCFA par an) en tant que Chef de file ! Injuriant comme à son habitude son aîné d’adversaire IBK, Soumi parle de « Désinvolture coupable, par son absence de vision et sa propension à privilégier, avec outrance et dans le luxe, son destin personnel et familial » ? L’Opposant hargneux s’est-il demandé combien d’écoles ou de centres de santé le régime pouvait-il construire avec 500 millions FCFA qu’il lui octroie en vertu d’une loi de la République ? Qui n’est pas menottée, en tout cas, pour ce décaissement…
Pourtant, il y deux siècles déjà que le journaliste et écrivain français Alphonse KARR avait conseillé à « l’opposition systématique (de) bien se garder de demander quelque chose qu’elle pourrait obtenir, car alors, il lui faudrait être contente ; et être contente pour l’opposition, c’est cesser d’être ».
Aussi, faudrait-il comprendre, non sans pitié, un candidat malheureux qui prône la non-reconnaissance de l’élection du président (et donc des institutions), arborer galamment son écharpe de député, jouer sans état d’âme son office de chef de file de l’Opposition…pour tendre la main et bénéficier de sa part, pardon de sa cagnotte. La démocratie du « ta gnini » !
Opposant alimentaire ? En cas tout cas opposant grassement entretenu par le régime. Contre ce régime, Soumi a longtemps choisi le poignard. Il met ainsi sur le dos de ce régime tous les péchés d’Israël (« des violations des droits de l’homme, des assassinats ou des attaques meurtrières, humiliations sociales et catégorielles, montées de haine, conflits intercommunautaires, des abus d’autorité)… Mais, pourquoi s’en prendre aujourd’hui aux serviteurs de l’État en les accusant de « lâchetés administratives » et de « compromissions mafieuses claniques » ?
Parce qu’ils ont choisi d’être républicains et de refuser la forfaiture au profit de celui qui pense que sans lui, c’est « le chaos » ? Fignen to béré don !

Par Bertin DAKOUO

Info-matin

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