Voilà presque cinq ans maintenant que la galère sévit dans le monde du tourisme au Mali. Le tout n’est pas dû à la crise mais au manque d’initiatives du gouvernement. La masse de jeunes guides touristiques se reconvertit à n’importe quoi : aide maçon, technicien de surface, vendeur dans les bars… Pas de sot métier mais on peut faire mieux dans la profession dont on a la maîtrise et la passion. Aucune initiative n’est venue du gouvernement pour aider ce secteur qui touche surtout les régions de Mopti et Tombouctou. Ces guides se sentent abandonnés à leur sort sous prétexte de la crise.
Les chaînes de valeur dans le tourisme peuvent être analysées en vue d’exploiter les maillons exploitables malgré la crise. L’exportation des produits touristiques est un maillon assez important. L’artisanat et le tourisme sont intimement liés, la culture puise sa vivacité dans ces deux premiers éléments. L’éclatement de ce ministère (Artisanat et Tourisme) provoque des antagonismes inutiles qui défavorisent la promotion des différents secteurs. L’ossature d’un gouvernement doit se baser sur des visions et des objectifs, ensuite on apporte la matière et les ressources pour la mise en œuvre et non l’inverse. A quand donc un ministère cohérent capable d’innover dans ces secteurs de développement, un des fondements de l’économie locale ?
C’est là que les collectivités locales doivent prendre toute leur responsabilité en organisant des forums régionaux pour développer des initiatives nouvelles comme le tourisme national. Les Maliens connaissent mal le Mali, voilà pourquoi ils ont souvent le sentiment de repli identitaire. Il faut donc développer le tourisme scolaire, le tourisme d’affaire, le tourisme administratif en organisant des grandes rencontres dans ces zones touristiques (pourquoi pas le conseil des ministres ?). Il faut également prendre en compte le tourisme culturel en organisant des festivals de plus en plus rapprochés aux populations et en lien avec des opérateurs économiques de téléphonie, des sociétés minières,…
Les collectivités locales doivent jouir du transfert de compétences pour se donner la main dans ce secteur qui peut faire mieux que d’autres domaines mal organisés comme le secteur des mines qui détruit plus qu’il ne construit. Allez voir les gros trous creusés par les mines, les 200 milliards par an au budget national ne peuvent jamais rendre ces terres cultivables même après plus de 50 ans.
Quittons l’économie extravertie et allons vers la création de richesse au niveau local en prenant des initiatives. On ne demande pas à un élu, un ministre, un directeur… de cultiver la terre mais tout simplement de réunir les gens pour leur demander les stratégies à développer pour sortir d’une crise. Pour le moment, l’approche participative démocratique reste la seule voie d’une gouvernance partagée et de développements durables voulus par les peuples. Il ne faut jamais imposer des idées de développement mais proposer des outils d’analyse pour libérer le génie local qui est le socle de la résilience des populations locales.
Mais les guides eux-mêmes peuvent prendre des initiatives pour s’organiser et faire des propositions. Non inutiles, ils se croient moins instruits pour ce travail alors qu’ils maîtrisent mieux l’histoire de leur zone que les professeurs d’histoire du supérieur et du primaire en passant par le secondaire. Ils sont tous multilingues, mieux que les profs d’anglais en tout cas le fluently.
Pourtant, le secteur touristique regorge le plus grand nombre d’auto emplois au Mali et cela n’est pas dû à une politique nationale mais à une sorte de résilience développée par les populations locales. Au lieu de parler de façon théorique et dans les discours de l’employabilité, il faut certainement se baser sur des expériences réussies comme dans le secteur touristique.
L’Afrique doit réfléchir ou périr !
SDF
Source: Canard de la Venise