Confrontés à des offensives jihadistes de plus en plus sanglantes, Emmanuel Macron et les présidents de cinq pays sahéliens ont commencé à débattre hier des moyens de renforcer leur coopération militaire et de mobiliser de nouveaux alliés, à l’heure où les Etats-Unis entendent réduire leur présence.
Le président français et ses cinq alliés du G5 Sahel – Roch Marc Christian Kaboré (Burkina), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie), Mahamadou Issoufou (Niger) et Idriss Déby Itno (Tchad) – étaient réunis au château de Pau. Les dirigeants du G5 Sahel avaient été conviés abruptement à Pau début décembre par le président français, irrité par les critiques de leurs opinions publiques contre les 4.500 soldats français de la force Barkhane et des déclarations jugées ambiguës de certains de leurs ministres.
Relégitimiser la présence française
En lançant cette invitation, perçue comme une «convocation» par certains présidents sahéliens, Emmanuel Macron avait averti qu’il mettrait toutes les options sur la table, y compris celle d’un retrait. Mal engagée, la rencontre avait été reportée d’un mois en raison d’un sanglant attentat au Niger.
Ce délai et la multiplication des attaques de plus en plus violentes dans la zone ont semble-t-il atténué les tensions avec Paris, même si le sentiment antifrançais reste une réalité, en particulier au Mali. Vendredi, un millier de personnes ont encore manifesté à Bamako pour réclamer le départ des troupes françaises et étrangères.
Afin de «relégitimiser» sa présence, Paris veut avant tout obtenir à Pau une déclaration commune des cinq pays qui soulignera que la France agit à la demande de ses dirigeants, a souligné la présidence française.
«Il faut tout d’abord obtenir des responsables politiques une position nette sur ce qu’ils souhaitent ou pas», a tranché la ministre des Armées, Florence Parly, samedi.
Le sommet de Pau vise aussi à revoir la stratégie militaire contre les jihadistes dans cette zone aussi vaste que l’Europe et appeler à une participation accrue des alliés internationaux, surtout européens.
Le sommet devait ainsi être suivi d’un dîner de travail auquel devaient se joindre le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, et le président du Conseil européen, Charles Michel.