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Le flagrant déni démocratique

En vertu de l’article 22 de la Charte de la Transition : ‘’La durée de la Transition est fixée à dix-huit (18) mois à compter de la date d’investiture du Président de la Transition’’. La cérémonie de prestation de serment du Président de la Transition, Chef de l’État, le colonel à la retraite Bah N’DAW, est intervenue le 25 septembre 2020. C’est seulement le 9 Novembre 2020, par deux décrets, l’un Portant clé de répartition du Conseil national de la Transition, et l’autre, fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition, que le processus de mise en place du Conseil National de la Transition entame sa marche de l’écrevisse.

 

Par le Décret N° 2020-0143/PT-RM DU 09 NOVEMBRE 2020 Portant clé de répartition du Conseil National de la Transition, le Président de la Transition, Chef de l’État, décrète : article 1er : ‘’Le présent décret fixe la clé de répartition entre les composantes du Conseil National de la Transition comme suit : vingt-deux (22) représentants des Forces de Défense et de Sécurité ; huit (08) représentants du Mouvement du 5 juin (M5-RFP) ; onze (11) représentants des partis et regroupements politiques ; neuf (09) représentants des Organisations de la Société civile ; quatre (04) représentants des groupements de femmes…’’
Par le Décret N° 2020-0142/PT-RM DU 09 NOVEMBRE 2020 fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition, le Président de la Transition, Chef de l’État, décrète : article 4 :’’(…) le Vice-Président de la Transition reçoit la liste des candidatures dans un délai de quarante-huit heures à compter de la date de publication du présent décret’’.
Article 5 : le Vice-président, après examen des dossiers, arrête la liste des membres du Conseil National de la Transition’’.
Sur la forme, les avancées se font à vitesse d’escargot, en matière de mise en place du Conseil National de la Transition. Il aura fallu plus d’un mois pour que l’autorité compétente prenne les actes relatifs à la clé de répartition du Conseil national de la Transition et aux modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition. Encore que ces actes ne suffisent pas à mettre sur les rails le processus de mise en place du CNT ; d’autant plus que lesdits actes sont contestés. “Ce décret du CNT infantilise et méprise la classe politique. Je lance un appel au sursaut national” Housseyni Amion Guindo dit Poulo, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, au micro d’un confrère de la place. Le Secrétaire général de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) Yacouba KATILE, très en verve et en veine de détermination, depuis quelques jours, n’y va pas de main morte : « Nous revendiquons la présence des 13 secteurs de production au CNT ». En fait, il s’agit des 13 syndicats nationaux qui composent l’UNTM.
Pis, il y a une violation flagrante de l’article 1er de la Charte de la Transition : ‘’Outre les valeurs affirmées par la Constitution du 25 février 1992 en son préambule, la présente Charte consacre les valeurs et principes suivants pour conduire la Transition : (…) le dialogue et l’esprit de consensus (…)’’. Les récriminations sont la preuve irréfutable d’un manque criant de dialogue et d’esprit de consensus.
Toujours sur la forme, certains bledards constatent, avec grande amertume, que la ‘’boulimie du CNSP s’étale au grand jour : 22 militaires dans le CNT. Les militaires veulent laisser le front pour la Politique’’. Et que : ‘’quand le pays est en guerre l’armée a mieux à faire que de convoiter les postes politiques’’.
Pour certains observateurs, c’est ‘’un décret coercitif avec un délai intenable de 48 heures qui expire aujourd’hui’’. Comment près de 200 partis et regroupements politiques peuvent-ils désigner 11 représentants en à peine 48 heures et dans le strict respect des dispositions arrêtées ?
Enfin, le décret stipule que la liste des candidatures doit parvenir au Vice-Président, Assimi GOITA, chargé de la réceptionner, dans un délai de quarante-huit heures à compter de la date de publication du présent décret, c’est-à-dire, le 9 Novembre 2020.
Sur le fond, c’est le colonel Assimi GOITA qui reçoit la liste des candidatures, il les examine et c’est ce même Assimi Goita qui arrête la liste des membres du CNT. Diantre ! Mais où est Bah N’DAW dans tout ça ? Pour beaucoup de bledards, ce Président de la Transition, Chef de l’État, n’est qu’un figurant.
Aussi, ça crève les yeux que le choix du colonel Assimi GOITA pour une telle mission est une violation grave de l’article 7 de la Charte de la Transition qui stipule : ‘’Le Président de la Transition est secondé par un Vice-président. Il est désigné suivant les mêmes conditions que ce dernier. Le Vice-président est chargé des questions de défense et de sécurité’’. Parce que pour la mise en place du CNT, il n’est question ni de défense ni de sécurité. Le Conseil National de la Transition est un organe éminemment politique. Il n’y a pas besoin de faire un dessin pour l’expliquer.
Déni suprême de démocratie, la liste des membres du CNT qui aura les prérogatives d’un organe législatif ne peut pas être arrêtée par un membre de l’Exécutif dont il aura à contrôler les actions.
In fine, le piège ici, comme il y ‘en a eu aux entournures de toutes les décisions majeures, depuis le 18 Août 2020, c’est une nouvelle fois si les dés ne sont-ils pas pipés. Et pour cause, chat échaudé craint l’eau froide. Parce que si l’article 4 de la Charte de la Transition dispose : ‘’ Il (NDLR : le Président de la Transition) est choisi par un collège de désignation mis en place par le Comité national pour le Salut du Peuple’’ ; il n’est par contre pas dit que c’est le CNSP qui désignait le Président de la Transition. Or, selon les témoignages de membres dudit Collège, ils n’y ont vu que feu, puisqu’en fait de désignation, ils ont été informés de la nomination d’un Président. Cette fois, ce n’est pas le CNSP, mais c’est explicitement et exclusivement le Président du CNSP (qui n’est pas encore dissout) qui ‘’(…) après examen des dossiers, arrête la liste des membres du Conseil National de la Transition’’. Bien sûr qu’il faut accorder le bénéfice du doute…

Source : INFO-MATIN

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