Après un interminable suspens exténuant de plus d’un mois, le Président de la Transition vient de prendre deux décrets, l’un portant clé de répartition du Conseil National de la Transition, l’autre, fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition. Si par les violations flagrantes et répétées des dispositions de la Charte de la Transition, ils apparaissent comme un flagrant déni démocratique, sinon une divagation ; au ministère de l’Administration, l’on déclenche une contre-offensive contre les syndicats grévistes avec l’ambition de faire d’une pierre deux coups : recaser des militaires qui doivent jouir des retombées du putsch et saboter la grève. Cela, en exerçant un abject chantage tautologique sur les grévistes. C’est la substance de votre BÊTISIER de ce jour.
Un chantage tautologique sur les grévistes
Le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation adresse une lettre circulaire datée du 10 novembre 2020 à tous les Gouverneurs de Région et du District de Bamako ; à Monsieur le Directeur des Finances et du Matériel ; à Monsieur le Directeur des Ressources Humaines. Objet : Émission des précomptes sur les salaires suite à la grève de 15 jours déclenchée par les comités exécutifs nationaux des syndicats (SYNCAS, SYLTMAT, SYNTRACT et CS-ADR).
‘’En exécution de ma lettre n° 001696/MATD-SG du 27 octobre 2020 et de la lettre n° 2020-000683/MATD-SG du 09 novembre 2020 dont copies jointes en annexes, relatives à la gestion de la grève de 15 jours déclenchée par les comités exécutifs nationaux des syndicats (SYNCAS, SYLTMAT, SYNTRACT et CS-ADR), j’ai l’honneur de vous demander de prendre les dispositions nécessaires et diligentes en vue de procéder à des précomptes sur les salaires du mois de décembre 2020 du personnel gréviste comme prévu par la Loi n° 87-47/AN(RM du 10 août 1987 et le Décret n° 90-562/P-RM du 22 décembre 1990 relatifs à l’exercice du droit de grève.
À cet effet, je vous invite, chacun en ce qui le concerne, à prendre les mesures appropriées en rapport avec les services financiers concernés pour l’effectivité des opérations de retenue’’.
La grigouterie reprend tous ses droits, tout comme le droit qui doit être appliqué dans toute sa rigueur, du point de vue du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation plus royaliste que le roi de l’Hôtel des finances. C’est clair : la lettre circulaire est une tautologie ou du moins du chantage tautologique sur les syndicats grévistes.
Du moment où la loi sur la grève le spécifie clairement (Loi n° 87-47/AN-RM du 10 août 1987 (article 17 : ‘’Par suite d’une cessation concertée du travail, l’absence de service fait donne lieu à une retenue du traitement ou du salaire et de ses compléments autres que les suppléments pour charges de famille. Les retenues sont opérées en fonction des durées d’absence constatées. Toutefois, quel que soit le mode de rémunération, la cessation du travail pendant une durée inférieure à une journée de travail donne lieu à une retenue égale à la rémunération afférente à cette journée’’) et le Décret n° 90-562/P-RM du 22 décembre 1990 relatifs à l’exercice du droit de grève) pourquoi le ministre se sent obligé de rappeler une disposition que tout le monde est censé connaître, notamment les syndicats qui ne sont pas des benêts. À moins qu’on ne veuille perturber une parturiente avec un petit zizi…
La publication intempestive de ces rappels de retenue de salaire est un ridicule chantage qui n’a jamais réussi à détruire une grève en République du Mali. Pour preuve, malgré les coupes abusives et illégales les enseignants ont tenu non !
Alors, que les ministres arrêtent de se ridiculiser avec ces lettres bidon de rappel qui n’impressionnent aucun syndicat.
Source : INFO-MATIN