Ibrahim Boubacar Keïta, ancien premier ministre et deux fois candidat malheureux à la présidentielle, espère saisir enfin sa chance.
Candidat malheureux aux présidentielles de 2002 et 2007, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a démarré sa carrière comme conseiller du Fonds européen de développement (FED).
Lorsque la dictature du général Moussa Traoré chute en 1991, il s’engage en politique aux côtés d’Alpha Oumar Konaré, élu président du pays en 1993. Il devient premier ministre l’année suivante, au moment où une crise sociale paralyse le pays.
Un « homme à poigne »
L’homme qui se déclare « de gauche » réprime alors durement les grévistes et ferme les écoles, ce qui lui vaut une image d’homme à poigne. Pendant la campagne, il a mis en avant sa réputation d’autorité pour gagner les voix de ses concitoyens traumatisés par les défaites de l’armée contre les djihadistes et excédés par l’indécision des autorités de transition.
« Ibrahim Boubacar Keïta est la figure autoritaire, paternaliste, soutenue par les wahhabites et une frange de l’armée, observe Gilles Holder, anthropologue au CNRS, installé à Bamako. À travers son discours nationaliste, il prône la restauration de l’autorité de l’État, la fermeté et la vertu patriotique. »
La création du Rassemblement pour la Mali
Alors qu’en 2000, occupant le poste de premier ministre, il pense être le successeur naturel du président Alpha Oumar Konaré, il fait face à une contestation au sein de son parti. Après avoir quitté la tête du gouvernement, il décide de créer son propre parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Mais il échoue face à Amadou Toumani Touré, le dernier président, renversé en 2012.
En route pour la paix et la sécurité
Aujourd’hui, il se veut l’homme providentiel pour sortir le pays de la crise. Arborant le boubou traditionnel, il sillonne le pays en appelant à la réconciliation. Moins virulent contre les putschistes que son adversaire, il martèle : « Pour l’honneur du Mali, je ramènerai la paix et la sécurité. Je renouerai le dialogue entre tous les fils de notre Nation ».
C’est le premier des 27 candidats à s’être rendu à Kidal, ville du nord-est et berceau des Touaregs, qui avaient participé au coup d’État et dont les relations avec les populations noires restent très tendues. À 68 ans, il entend bien saisir enfin sa chance.
SIMON LEPLÂTRE et OLIVIER TALLÈS
Source: La Croix