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Le dilemme : démocratie et culture du coup d’État

Après des périodes d’agitation, les Maliens viennent ironiquement de se débarrasser de leur meilleur choix retenu par l’histoire en termes de suffrage (77 % au premier tour en 2013).

Comme beaucoup de Maliens, je suis d’un côté pris par la satisfaction que fin a été mise à l’une des pires gouvernances #claniques# de l’Afrique de l’Ouest qui, pire que le covid-19, confinait le Mali sur tous les plans.

De l’autre côté, ma conscience citoyenne et démocrate est contre tout régime politique en dehors des élections.

Le Mouvement populaire du 5 juin (M5-RFP) sous l’impulsion morale de l’iman Dicko a mené l’une des luttes les plus patriotiques et les plus nobles de l’histoire du Mali. Quelle que soit leur motivation, je me reconnaissais dans cette lutte, et dans toute autre qui est pour la sauvegarde de l’intérêt du peuple.

Ces manifestations ont enregistré des événements majeurs qui marqueront à jamais la mémoire collective et la carte historique du Mali. Il s’agit notamment de plusieurs manifestants tombés sous les balles réelles des SUPER forces de l’ordre en démonstration de force capable de tirer à balles réelles, mais incapable de s’assumer. Qui a tiré ? Et qui a donné l’ordre de tirer ? Questions qui restent sans réponse jusqu’ici.

Pour résumer ma position, malgré le fait que j’étais contre la gouvernance chaotique d’IBK, je suis et reste démocrate. Pour une fois dans l’histoire, le Malien doit apprendre à assumer et à supporter son choix démocratique comme tous les autres pays : le Sénégal par exemple, qui n’a jamais connu de coup d’État, cela ne veut pas dire que le peuple sénégalais n’a eu que de bons Présidents.

Le Malien doit apprendre à se construire lui-même en tant qu’individu, en tant que citoyen exemplaire et en tant que patriote avant de prétendre changer le pays. Il n’y a pas de mauvais président, il y a un mauvais peuple. La vraie crise que nous traversons, c’est selon moi, la crise du Malien en tant que citoyen qui n’hésite pas à vendre sa voix au prix du « thé » lors des élections pour élire des leaders qui viendront ensuite vendre le pays au prix du « sucre ». C’est le peuple qui doit changer d’abord en pensant à choisir de bons leaders et savoir mettre l’intérêt commun au-dessus de son gagne-pain personnel.

De toutes les manières, ce qui est fait est fait. Il faut avancer et assumer cette répétition de trop que nous venons glorieusement de savourer. Nous avons encore tangué, le temps nous met encore au défi, le reste du monde nous regarde pour les prochaines élections présidentielles, soit on arrête de tanguer soit on chavire. Et c’est à nous de faire le bon choix politique et non le bon choix financier.

Le Malien est connu comme un éternel insatisfait. Il te lance des fleurs au lever du soleil et avant le coucher du soleil, il te lance des pierres. Assumons désormais nos choix démocratiques pour qu’enfin soit racontée aux futures générations et au reste du monde l’histoire politique d’un Mali qui inspire le respect et qui respire l’unité.

Aïcha DIARRA

Écrivaine, Éditrice

Source: Journal le Pays-Mali

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